Photos prises sur le front de l’Yser par le combattant Achille Sénépart durant la guerre 14-18

 

Le centième anniversaire du début de la Grande Guerre nous a paru le moment opportun pour sortir de l’ombre cette collection de photos, toutes inédites, prises par un combattant belge, Achille Sénépart, au front durant cette guerre.

Ces photos pour la plupart de dimensions 6cm/4cm sont réunies en trois petits carnets toilés. J’ai acheté la collection lors d’une vente aux enchères, elle comprenait également l’appareil qui a servi à prendre les photos ainsi que sa gaine de cuir. Il s’agit d’un « vest pocket » de marque Kodak. Cet appareil, d’encombrement limité (12cm/6cm/2.5cm) était largement utilisé par les soldats du front. Voir photo 1.

J’ai offert l’ensemble au musée Flanders Fields à Ieper afin qu’il devienne un témoignage accessible au plus grand nombre.

La collection qui comprend environ 230 photos a été montrée à  des bénévoles, qui se tiennent à la disposition du public le mercredi au musée Flanders Fields. Ils ont trouvé ces photos très intéressantes pour deux raisons essentielles : d’une part, elles contiennent une bonne partie de clichés de l’avant du front, ce qui n’est pas courant et d’autre part elles montrent des soldats des transmissions à l’œuvre ce qui est aussi peu courant.

Une autre qualité de ce lot de photos est qu’elles ont été prises par une seule personne qui n’était pas un officiel. Nous aurions aimé avoir des commentaires d’Achille Sénépart, mais selon sa famille il n’a laissé aucune trace écrite sur cette époque de sa vie.

IL est difficile et délicat de décrire l’ambiance qui prévalait au front belge en 14 18 et il y a peu de publications à ce sujet. Un livre récent apporte des témoignages sur l’ambiance régnant au sein des combattants (lisez ceux qui se trouvaient en première ligne) français.[1] Il est préfacé par un texte qui commence ainsi  « La guerre de 14-18 ne s’est pas déroulée comme le racontent les livres d’histoire. Non seulement les poilus n’ont pas « consenti » à leur sacrifice, mais ils ont résisté avec acharnement à l’armée française et aux gradés qui les envoyaient à la boucherie »

Nous ne voulons pas extrapoler cette phrase à l’armée belge, d’autant plus que le chef suprême de nos armées, le Roi Albert, n’avait pas de galons à gagner en envoyant ses soldats se faire tuer, ce qu’il a toujours refusé de faire, dans des attaques aussi vaines qu’inutiles comme ce fut le cas dans les armées française et anglaise[2].

Sur le front belge, le fossé entre les hommes de la troupe et les gradés était sans doute important aussi, il était accentué au niveau des soldats flamands par le fait que les officiers étaient majoritairement francophones et incompris par eux.

C’est une des raisons pour lesquelles le sentiment nationaliste flamand s’est cristallisé au front.

La combativité des soldats belges était certainement renforcée parce que la quasi-totalité du territoire était envahie par l’ennemi et les soldats ne recevaient pas l’appui d’une famille qu’on pouvait revoir à l’occasion des permissions. Ils étaient dès lors fortement motivés à reconquérir le pays pour revoir les leurs.

Nous avons sélectionné 43 photos parmi les plus représentatives ou en meilleur état, car le temps a joué son œuvre et certaines sont jaunies et difficiles à récupérer.

Nous avons volontairement exclu les photos de maisons et bourgs détruits, de paysages apocalyptiques et du front inondé, car il existe sur le sujet une iconographie énorme et bien connue.

Paradoxalement, il émane des photos une sorte de sérénité qui est probablement due aux liens forts qui semblent, sur les photos, unir les combattants. Que le lecteur peu informé sur la Grande Guerre n’en déduise pas que nos combattants étaient en vacances au front ! Le danger était permanent, des statistiques françaises ont montré qu’un combattant qui avait fait toute la guerre avait 10% de chances de s’en sortir indemne. Sur le front belge, où l’on ne connut pas les assauts à la Nivelle, on mourait suite aux tirs d’artillerie et aux maladies, car l’humidité permanente faisait de ce secteur le plus malsain du front occidental.

L’ extrait[3] suivant en dira plus qu’un long discours : cela se passait sur le front allemand du côté de Langemark en Belgique…

« Nous voyons des gens, à qui le crâne a été enlevé, continuer à vivre ; nous voyons courir des soldats dont les deux pieds ont été fauchés ; sur leurs moignons éclatés, ils se traînent en trébuchant jusqu’au prochain trou d’obus ; un soldat de première classe rampe sur ses mains pendant deux kilomètres en traînant derrière lui ses genoux brisés ; un autre se rend au poste de secours, tandis que ses entrailles coulent par-dessus ses mains qui les retiennent ; nous voyons des gens sans bouche, sans mâchoire inférieure, sans figure »

Qui était Achille Sénépart ?

Achille Désiré Joseph Sénépart est né le 14 août 1891 à Anvaing fils d’Alexandre Joseph également originaire d’Anvaing et de Sylvie Balcaen originaire d’Escanaffles.

Le grand-père Sénépart était maréchal ferrant et cette occupation s’était transformée en commerce de quincaillerie et de chaussures. Cette maison était très connue dans la région et le commerce a été tenu par Achille Sénépart après son retour de guerre. Il avait épousé en 1920 Madeleine Beckers de Tournai dont il eut deux enfants : Jean né en 1921 et Jocelyne née en 1925.

Il est décédé à Anvaing le 23 janvier 1971.

Il faisait partie de la classe de milice 1911.

IL est rappelé en tant que sergent le premier août 1914 au premier régiment de grenadiers. Il fera toute la guerre dans ce même régiment pour finalement être envoyé en congé illimité le 16 septembre 1919.

Ses distinctions honorifiques, qui nous sont connues, sont les suivantes : Chevalier de l’Ordre de Léopold II avec glaives, Croix de la guerre 14 18 avec palmes, Croix de l’Yser, Médaille commémorative de la campagne 14 18, Médaille de la victoire, Décoration militaire, Croix du feu, il était titulaire de 8 chevrons. Nous supposons qu’il était également titulaire de la médaille commémorative du règne d’Albert I créée en 1962, mais nous n’en possédons pas la preuve.

Durant la guerre dans le régiment des grenadiers, il était affecté aux transmissions. Les soldats affectés aux transmissions avaient entre autres la périlleuse mission d’installer et de rétablir les lignes téléphoniques du front fréquemment coupées par les bombardements.

Classement des photos : environ la moitié des photos sont assorties d’un petit commentaire du photographe, mais pratiquement aucune n’est datée. Etant dans l’impossibilité d’établir un classement chronologique nous avons préféré les réunir par thème. Les commentaires d’Achille Sénépart sont repris textuellement sous la photo et en absence de ceux-ci nous avons noté « Non commentée ».

Qualité des photos : nous avons évité au maximum les retouches et les recadrages afin de restituer les documents comme ils avaient été voulus par le photographe. Certaines photos après plus de 90 ans manquaient cependant de contraste et nous avons simplement essayé de les rendre plus distinctes.

Le front belge était divisé en plusieurs secteurs, chaque secteur en deux ou trois sous-secteurs : nord et sud plus éventuellement un sous-secteur central. Achille Sénépart utilisait l’abréviation S S pour sous-secteur.

Commentaires des photos

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 1 Vest pocket et carnets

1 Les trois carnets, le vest pocket Kodak et sa gaine de cuir. L’appareil est dans un état remarquable et témoigne du soin avec lequel il a été traité par son propriétaire.        

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2 Non commentée

 2 Achille Sénépart photographié durant la guerre        

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3 Non commentée

3 Encadrant la Reine Elisabeth fluette et enjouée, le Roi Albert à gauche et le lieutenant général Jacques à droite, ce dernier sera anobli plus tard et deviendra baron Jacques de Dixmude.       

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 4 Fusil pointéSS Sud passerelle sur l'Yser.jpg

5 S S Sud Passerelle sur l’Yser

4 et 5 Après la guerre en campagne qui dura du 2 août à fin octobre, la mission de l’armée fut d’assurer la garde sacrée de ce petit coin de territoire national resté libre derrière l’Yser.

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6 Non commentée

6 Dans cette région de Flandre, la nappe phréatique se trouve à environ 50 cm de profondeur et il fallait surélever la tranchée, qui ne pouvait être assez profonde sans risque d’être inondée, avec des sacs de terre.

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7 En première ligne

7 La première ligne sur le front belge était séparée d’une plaine inondée de 1 à 3 km de large avant d’arriver à la première ligne ennemie. A environ 500m de la première ligne se trouvait la deuxième ligne, et bien souvent il se trouvait encore une troisième ligne derrière.

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8 S S Central Chemin de colonne nord

8 Pour arriver dans la zone du front, il fallait quitter l’arrière par des chemins de colonne.

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9 Boyau aboutissant en première ligne

9 Les lignes étaient reliées entre elles par des voies tracées en zigzag appelées boyaux.

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10 Dans la tranchée

10 L’auteur ne donne pas de commentaire relatif à la tranchée, mais il s’agit sans doute ici d’une tranchée de 2ème ou 3ème ligne où la vigilance était aussi de mise.

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11 Construction d’un abri en seconde ligne

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12 Non commentée

11 et 12 Des abris étaient construits tout le long du front, ici avec des vaderlanderkens qui sont ces petits sacs remplis de terre – traduction littérale : sacs remplis de terre de la mère patrie – mais le béton a aussi été largement utilisé. L’abri de la photo 12 a probablement été construit dans la zone des dunes près de la côte.

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13 Non commentée

13 Des voies ferrées larges de 60 cm appelées decauville, du nom de l’ingénieur qui les a inventées, sillonnaient le front. Ici la berline tractée sur laquelle on peut lire armée belge decauville, est chargée d’effets personnels (sacs à dos) et de matériel de campement. A la fin de la guerre, le réseau routier construit s’étendait, sur 400km auxquels il faut ajouter plusieurs centaines de km de decauville et 21900 km de fils téléphoniques.

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 14 Pylône d’observation

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15 Ballon-captif

14 et 15 Dans ce plat pays aucun promontoire naturel ne permettait d’observer l’ennemi que la plupart des soldats n’ont jamais vu durant les 4 ans de la guerre de tranchées. L’observation des tranchées ennemies permettait de guider l’artillerie qui se trouvait à l’arrière des lignes. Les postes d’observation pouvaient se trouver dans des arbres ou des tours d’églises pour autant qu’il en reste encore non détruits, ou sur des tours construites à cet usage. Des ballons captifs furent également utilisés.

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16 Lance-fusée

16 Dans les tranchées, on utilisait des lance-fusées qui éclairaient les environs immédiats la nuit pour repérer des actions ennemies. Des lance-grenades ou lance-bombes étaient aussi utilisés. Au début, ce matériel était artisanal et fabriqué par les combattants eux-mêmes, c’est le cas pour le lance-fusées de la photo 16. Assis, à droite on reconnaît, Achille Sénépart

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17 Canon de 120 de long

17 L’artillerie, sur foi des renseignements fournis par les observateurs (photos 14 15), tirait sur les lignes ennemies à partir de l’arrière. Il arrivait aussi que les tirs n’étant pas bien réglés les obus atteignent leurs propres lignes. Ici un canon de 120.

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18 Non commentée

18 La pluie d’obus remuait sans cesse le sol et ramenait souvent en surface des corps en décomposition de combattants morts quelques jours, mois ou années plus tôt. La mort était omniprésente.

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19 Non commentée

19 Les cadavres attiraient des rats qui pullulaient sur le front. Le soldat représenté sur la photo 19 caresse un chien ratier qui était sans doute la mascotte du peloton, mais surtout chasseur de rats. Ce même chien est présent sur plusieurs photos d’Achille Sénépart. (voir aussi photos 23 et 45)

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20 Villa Marietta

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21 Portrait de madame Tack

20 21 La villa Marietta est un endroit mythique du front belge. Au moment de la guerre elle était habitée par Madame Tack veuve d’un officier. Elle refusa très longtemps de quitter le front et était appelée la mère des soldats. Au mépris du danger, elle se promenait sur le front juchée sur le dos de son âne en compagnie de son petit chien. Le peintre tournaisien Allard l’Olivier l’a immortalisée dans cette posture.(photo 21) La villa n’a pratiquement pas changé, l’Yser coule à 50 m de sa façade.

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22 S S Central En révision

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23 Poste de TSF

22 et 23 Ces deux photos sont représentatives du travail de transmission auquel Achille Sénépart était affecté. En 22 l’un tient une bobine de fil téléphonique en main tandis que l’autre téléphone. En 23, un poste de Téléphonie Sans Fil, la potence supporte probablement l’antenne.

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24 Non commentée

24 Cette photo qui n’était pas commentée a pu être comprise grâce à la photo 23, qui elle, était commentée. Le Roi Albert féru de nouvelles techniques observe un poste de TSF.

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25 Non commentée

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26 Cuisine de la quatrième compagnie

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27 Non commentée

25 à 27 Scènes de la vie quotidienne : la cuisine et la lessive.

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29 Non commentée

28 et 29 La baignade n’avait pas qu’un aspect récréatif, elle permettait aussi de se débarrasser des poux, les totos, pour employer le langage du front. L’hygiène approximative en première ligne favorisait en effet la présence de ces parasites.

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29 En barquette sur l’Yser

30 et 31 les deux photos sont prises au même endroit. Le commentaire ne dit pas si le rameur est en service ou se divertit. Ces photos ne peuvent cependant avoir été prises sur la portion de l’Yser le long du front, car un rameur ou un pêcheur n’y serait pas resté vivant 2 minutes. Il s’agit sans doute de la partie de l’Yser au sud du front aux environs de Lo.

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32 Les Poilus s’amusent

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33 Non commentée

32 et 33 Moments de détente.

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34 Non commentée

34 Cette photo est certainement la plus esthétique et la plus émouvante du lot. Les combattants, se souvenant pour un temps de l’époque où ils étaient petits garçons, ont fait un bonhomme de neige-soldat qui a les traits d’un clown triste. Il est intéressant de savoir qu’entre eux les combattants (Français) du front s’appelaient les bonshommes, terme qu’ils préféraient à celui de poilu. On notera que le combattant belge était nommé Jas (du néerlandais jas: veste) ou piotte.

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35 Souvenir du lundi de Pâques 1916

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36 Dans notre guitoune

35 et 36 Moments de repos. La photo 36 montre un combattant tenant une flûte traversière.

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37 Non commentée

37 Ce camp était sans doute utilisé quand les combattants n’étaient pas en première ligne.

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38 Non commentée

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39 Non commentée

38 et 39 Les moments passés à l’arrière étaient ponctués de cérémonies officielles de remises de décorations par exemple.

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40 Kaaskerke oude barreel octobre 1915

40 Il arrivait que le combattant s’éloigne du front pour une permission ou une période de repos, mais pas en voiture comme la photo 40 pourrait le laisser croire. Les absences de la première ligne sont illustrées dans les photos suivantes.

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41 Non commentée

41 Achille Sénépart deuxième à partir de la droite en compagnie de civils. Nous savons par sa famille qu’il avait établi des contacts avec des hôteliers de Roesbrugge. Il avait aussi une marraine de guerre, originaire d’Anvaing en service à Paris et un portrait, habillé en militaire et pris dans la capitale française, prouve qu’il s’y est déplacé

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42 Cette photo a probablement été prise à La Panne, nous savons en effet que les grenadiers sont allés plusieurs fois dans ce secteur en repos ou pour veiller la côte.

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43 Janvier 1917 Mailly, cuisine du camp

43 Du 23 12 1915 au 10 2 1916 les grenadiers sont allés en formation au camp de Mailly en France, cette photo est un souvenir de ce passage.

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44 Hoogstade, un enterrement

44 Et souvent, beaucoup trop souvent, le combattant partait pour le grand voyage…

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45 Non commentée

45 Cette dernière photo représente, sans doute, la section d’Achille Sénépart, donc les acteurs que nous avons retrouvés tout au long de ces photos. On notera sur les genoux du militaire assis centralement le chien mascotte – chasseur de rats.

BIBLIOGRAPHIE (en plus des remarques de bas de page)

Luc DE VOS, De eerste wereldoorlog, Davidsfonds Leuven 1997

Bruno BENVINDO, Des hommes en guerre, Les soldats belges entre ténacité et désillusion 1914 18, Archives générales du royaume 2005 – Commentaire sur le site web du CRID Centre International et de Débat sur la guerre de 14 18

Jacques MEYER, Les soldats de la Grande Guerre, Hachette 1966

Ces photos avaient été offertes par la bru d’Achille Sénépart à l’école Saint Piat de Tournai pour être vendues lors d’une brocante organisée au profit de l’école. Je tiens à remercier madame Jean Sénépart pour l’aide apportée à la rédaction de cet article. Je tiens également à remercier les responsables et les bénévoles du centre de documentation du musée Flanders Fields à Ieper pour leur précieuse collaboration et leur amabilité.

 


[1] François ROUX, La Grande Guerre inconnue – Les poilus contre l’armée française Editions de Paris 2006

[2] Offensive Nivelle 1917 200000 victimes françaises et 300000 allemandes ; Offensive Haig à Passchendaele en 1917 : 250000 victimes britanniques et 260000 allemandes !

[3] Erich Maria REMARQUE, A l’ouest rien de nouveau , 1928