N Photos et documents

TROIS PHOTOS DE FROYENNES VERS 1850 – 1860

Le village de Froyennes a attiré tant de photographes qu’il peut paraître superflu de publier à nouveau des photos de l’étang, de la cressonnière et de l’église. Nous pensons cependant que celles que nous présentons sont parmi les plus anciennes, sinon les plus anciennes pour deux d’entre elles.

Ces photos sont conservées aux archives du doyenné de Tournai sous la référence : Paroisse de Froyennes N° 90 Iconographie. Il s’agit d’un ensemble de photos sans grand intérêt à l’exception de trois d’entre elles. Cette iconographie est l’œuvre de l’abbé Derache ancien curé de la paroisse, nommé à Froyennes en 1944.

2014-08-19 17_24_16-FROYENNES EGLISE ET ETANG 1850 - Visionneuse de photos Windows.png

La première représente l’église actuelle, construite en 1840, prise des berges de l’étang (grand vivier), dos à la rue du Moulin-à-l’eau (aujourd’hui rue du Moulin). Elle mesure 220 mm / 150 mm comme la deuxième. Les deux photos sont montées avec un passe-partout de facture ancienne. Le verso de la photo porte une mention écrite à l’encre noire : Église de Froyennes, photographie faite vers 1850-1860 par le comte Raoul de Favières.

Qui était Raoul de Favières ? Auguste Marescaille de Courcelles propriétaire du château de Beauregard au XIXe siècle eut trois filles, l’aînée, Henriette née en 1812 épousa Léon le Bègue de Germiny. Le château appartient toujours à leurs descendants. La cadette, Agathe, née en 1817, épousa Raoul de Favières (1811-1895). Le lien entre ce dernier et Froyennes étant établi on comprend pourquoi il s’est intéressé au village.

 2014-08-19 17_22_08-FROYENNES ETANG 1850 - Paint.png

Cette deuxième photo, ci-dessus porte au verso et de la même écriture la mention : Froyennes : étang du moulin, photographie faite par le comte Raoul de Favières vers 1850 – 1860. Elle a été prise dos à l’ancien cimetière, devenu le parc de l’église. Sur la droite, on aperçoit la fin du mur d’enceinte de l’ancienne cure de Froyennes
(devenue propriété privée) et de la maisonnette (actuellement « La Clergerie ») perpendiculaire à la Carrière du Moulin (aujourd’hui rue abbé Nestor Frère) et propriété de la Fabrique d’église Saint-Eloi de Froyennes.

La vue de l’étang est animée par la présence d’un promeneur agrandi dans la photo ci-dessous. Chapeau à large bord, sarrau, foulard, canne, c’est certainement la plus ancienne représentation photographique d’un promeneur à Froyennes !

FROYENNES ETANG DETAIL1850.jpg

 Nous avons juxtaposé ces deux photos et des cartes postales du début du XXe siècle. Les seuls éléments comparables sont les arbres. Les saules représentés sur les deux photos de Raoul de Favières ont disparu sur les cartes postales et ont été remplacés par d’autres espèces déjà bien développées. Ceci indique que la datation est très plausible.

La troisième photo ci-dessous est de dimensions plus petites 115 mm / 87 mm, le verso porte une mention manuscrite récente, sans doute de l’écriture de l’abbé Derache : Archives Froyennes 1850 ainsi que le cachet à l’encre rouge de l’abbé.

Notre sentiment est que l’abbé a supposé que cette photo était de la même veine que les deux autres et l’a datée de la même époque. La comparaison des arbres situés à gauche avec ceux d’une carte postale du début du XXe siècle laisse cependant supposer que la photo n’est antérieure que d’une dizaine d’années à la carte postale. On pourrait donc penser qu’elle a été prise à la fin du XIXe siècle.

 FROYENNES EGLISE 1850.jpg

La photo représente l’église Saint-Eloi, prise de la Carrière du Moulin (aujourd’hui rue  abbé Nestor Frère), dos à l’entrée du parc du château de Beauregard et à hauteur de l’endroit où l’eau de la cressonnière (appelée aussi petit vivier) tombe dans le petit ruisseau (cascatelle) qui conduit à l’étang (grand vivier) après être passé sous le « pont du curé ».

Pour conclure nous croyons que les deux premières photos sont probablement les plus anciennes qu’on connaisse actuellement de Froyennes.

Nous remercions René Dumoulin, mémoire vivante de Froyennes, pour sa contribution.

Des renseignements ont été puisés dans les ouvrages d’histoire locale de F. Dorpe et A. Vandennieuwenborg.

Photos de classe d’Orcq – école des garçons

Par rang les élèves sont cités de gauche à droite

1904

PINEL vers 1904.jpg

La plus ancienne photo de classe de l’école des garçons d’Orcq qui nous soit parvenue date d’environ 1904. L’instituteur est Odon Pinel (1872-1954) qui occupa la fonction de 1898 à 1931, ces dates n’étant pas absolument certaines. Nous n’avons malheureusement aucun nom d’élève.

1919

GARCONS 14 18.jpg

 En 1919, comme dans beaucoup d’autres villages, l’instituteur Odon Pinel a rassemblé ses élèves pour une photo d’hommage aux Etats-Unis. Le tableau dit « Par vous on a vaincu le barbare germain, on a su conjurer la misère et la faim 1914-1918 » Le seul élève que nous ayons pu reconnaître sur la photo est Jules Luc (1909-1997) – rang du haut dernier à droite – dont les parents agriculteurs habitaient la ferme à la place (actuellement ASBL Ensemble).

1939

 Taquet 1939.jpg

 L’instituteur a changé depuis huit ans environ. Louis Taquet, qui figure vraisemblablement sur la photo de 1919 puisqu’il est né à Orcq en 1911, est instituteur. Dès l’année suivante il sera remplacé par des intérimaires suite à son emprisonnement en Allemagne durant la guerre.

Premier rang :  Albert Foret, Arthur Comblez, Camille Berte, Maurice Berte, Jacques Valez, Adrien Decock, Léon Berte, X, X

Deuxième rang : Louis Taquet, Julien Valez, X, José Hovine, Gaston Lebrun, Edouard Comblez, Henri Nys, Glorieux

Troisième rang : Victor Decock, Amand Lefebvre, Roger Hovine, Jean Casse, Raymond Destrebecq, Jean Houzé, Edouard Carette, Emile Hovine

1951

GARCONS 1951 OK.jpg

Premier rang Freddy Lefebvre, Carl Delroisse, Gérard Detrain, Michel Hernould, Emile Noppe

Deuxième rang Jean Liétart, Patrick Renaud, Edouard Noulet, Marius Fervail, Alexandre Harrie

Troisième rang, Willy Houzé, Francis Baudry, Jean Jacques Moyart, René Ségard, Michel Pontignies

Quatrième rang, Réginald Moreau, René Lemaire , Jacques Liétart, Francis Recq, Bernard Ségard

 1953

 GARCONS 1953 BIS OK.jpg

 Premier rang : Claude Duquenne, Jean Ségard, Gérard Detrain, Georges Fervail, Michel Decock 

Deuxième rang : Carl Delroisse , Freddy Lefebvre,  Michel Clément,  Jean Claude Delrue, Bernard Comblez 

Troisième rang : Michel Hernould, Francis Baudry, Francis Recq, Jean Jacques Moyart, Jules Lagache, René Ségard

Intermédiaires entre troisième et quatrième rangs : Bernard Ségard ,  Willy Houzé

Dernier rang : René Lemaire, Alexandre Harie, Edouard Noulet, Daniel Antrop, Réginald Moreau, Emile Noppe

 1954

 GARCONS 1954 OK.jpg

 Assis : Jean Claude Liétart, Guy Duquenne, Willy Varlet, Jean Pierre Maladry, Daniel Pollet

A genoux : Alexis Dubuisson, Gérad Detrain, André Coque, Freddy Lefebvre, Franz Dedeyne, Carl Delroisse

Debout première rangée : Abel Hernould, René Ségard, Emile Noppe, Joseph Dedeyne, Francis Recq, Francis Baudry, Willy Steuve

Debout rangée du fond : Claude Duquenne, Georges Fervail, Michel Decock, Michel Clément, Jean Claude Delrue, Christian Delbar, Bernard Comblez, Jean Ségard, Louis Taquet

1955

 Num 5 Classe Taquet 1955 OK.jpg

 Assis :  Willy Varlet, Raymond Maladry, Michel Luc, Guy Duquenne, Daniel Lourdeau, André François, Roger Dedeyne, Norbert Vercamer, Jean Degallaix, Bernard Lefebvre et Jean Louis Baudry

Accroupis: Daniel Pollet, Carl Delroisse, Alexis Dubuisson, André Coque, Jean Pierre Maladry, Gérard Detrain, Jean Claude Liétart, Daniel Bourdeaud’hui, Marc Lefebvre, Abel Hernould et Jacky Foret

Debout de g à d : Jacques Parent, Franz Dedeyne, Michel Clément, Jean Ségard, Jean Claude Delrue, Odiel Dedeyne, Freddy Lefebvre, Michel Decock, Georges Fervail, Christian Delbar, Louis Taquet et Freddy Pot

1957

 Garçons 1957 09 OK.jpg

Assis : Bargibant, Jean Marie Trifin, André Capenol, Alain Harrie, Norbert Vercamer, Jean Capenol, Daniel Decock, Jean Yves Bourdeaud’hui

Premier rang debout, Jean Claude Liétart, Jean Ségard, Georges Fervail, Alexis Dubuisson, Jean Pierre Maladry, Gérard Detrain

Deuxième rang debout, Louis Taquet, Jacquy Vanbout, Roger Dedeyne, Raymond Maladry, André François, Guy Duquenne, Daniel Lourdeau

Dernier rang, Bernard Lefebvre, Michel Luc, Daniel Bourdeaud’hui, Jacquy Foret, Marc Lefebvre, Francis Lefebvre, Ronald Hovine

 1958

 GARCONS 1958 1959 OK.jpg

Assis : Jean Marie Bargibant, Guy Dubart, Stéphane Lourdeau, Jean Capenol, Marcel Delmée, André Capenol, Christian Ouellet, Herman Kesteloot

Premier rang debout : Bernard Lefebvre, André Staelens, Francis Lefebvre, Daniel Bourdeaud’hui, Jacky Foret, Jean Pierre Maladry, Raymond Maladry

Deuxième rang debout : Louis Taquet, Jean Marie Trifin, Roland Lefebvre, Jean Marie Vandoorne, Jean Yves Bourdeaud’hui, Jean Marie Bargibant, Joël Nys, André Luc

Dernier rang debout : Daniel Decock, Ronald Hovine, André François, Jacky Vanbout, Daniel Allard, Roger Dedeyne, Norbert Vercamer

1962

 GARCONS 1962 BIS.jpg

 Accroupis : Joel Nys, Philippe Bruggeman, Guy Dubart, Patrick Lourdeau, Marcel Delmée, Jean-Marie Vandoorne,  Herman Kesteloot

Premier rang (derrière Philippe Bruggeman) : Charles Bargibant, Eric  Kesteloot, Norbert Vercamer, x, Didier Kesteloot, Jean Marie Bargibant

Deuxième rang : Louis Taquet, Yves Devolder, Jean-Yves Bourdeaud’hui, André Luc, Jacky Vanbout, Daniel Decock, Daniel Allard, Jean Steuve, Roland Steuve

Pour retrouver les noms des garnements d’Orcq j’ai eu recours à des mémoires parfois incertaines, je demande donc de l’indulgence si l’une ou l’autre erreur s’était glissée dans le texte au sujet des noms, prénoms ou années. Je recevrai avec plaisir les corrections ou ajouts bernard.demaire@skynet.be

Le calme avant la tempête

Le recueil de cartes postales des villages de l’entité de Tournai « Le calme avant la tempête » publié en juin 2014 est maintenant épuisé. Nous avons dès lors décidé de mettre ces cartes à la disposition des lecteurs de « Marottes de retraités ».

Extrait du « Courrier de l’Escaut » lors de la présentation publique du livre le 7 juin 2014.

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ARTICLE 2.jpg

BARRY ANCIENNE BASCULE réduit.jpg

BARRY – Ancienne bascule – Édit. Delory-Leroy – Oblitération 27 5 1909

Coordonnées GPS Nord : 50 35 31 Est : 3 32  13

BARRY BOIS - LE BRAS réduit.jpg

BARRY – Bois de Barry, le Bras – Oblitération 1909

BARRY CHAUSSEE DE BRUXELLES réduit.jpg

BARRY – Route de Bruxelles

BECLERS CHATEAU DE PETRIEUX réduit.jpg

BÉCLERS – Château de Pétrieux – Édit. H. Rasseneur Frasnes

Oblitération 22 3 1904

                                          Coordonnées GPS Nord : 50 37 59 Est : 3 33  18

BECLERS LA PLACE réduit.jpg

BÉCLERS – La place – Édit. Edmond Lory – Oblitération 24 2 1914

                                            Coordonnées GPS Nord : 50 37 16 Est : 3 30  17

BECLERS LE CHATEAU réduit.jpg

BÉCLERS – Le château – Photo A. Carlier, Tournai – Oblitération 13 3 1908

Coordonnées GPS Nord : 50 37 13 Est : 3 30  38

7 BLANDAIN EGLISE réduit.jpg

BLANDAIN – Photo-carte, l’église – Oblitération 28 6 1907

Coordonnées GPS Nord : 50 37 30 Est : 3 18  10

BLANDAIN GARE BIS réduit.jpg

BLANDAIN – Rue de la gare à l’église – Êdit. J. Millet Delroeux Blandain – Oblitération 1911

Coordonnées GPS Nord : 50 37 21 Est : 3 18  00

BLANDAIN HONNEVAIN réduit.jpg

BLANDAIN – Hameau d’Honnevain – Édit. Désiré Béghin Phono-Photo Tournai

Coordonnées GPS Nord : 50 37 42 Est : 3 19  11

BLANDAIN LUCQ MOUTURY réduit.jpg

BLANDAIN – Établissements D. Lucq-Moutury

Coordonnées GPS Nord : 50 37 44 Est : 3 19  12

BLANDAIN MILLET DUJARDIN réduit.jpg

BLANDAIN – Établissements Millet-Dujardin – Édit. F. Deweer, Celles

Oblitération 3 7 1907

Coordonnées GPS Nord : 50 37 13 Est : 3 17  50

CHERCQ CHATEAU ENTREE DU PARC réduit.jpg

CHERCQ – Château de Chercq – Édit. Vve Eeckhout Decarpentrie

Oblitération 11 5 1912

Coordonnées GPS Nord : 50 35 19 Est : 3 25  00

CHERCQ L ESCAUT réduit.jpg

CHERCQ – L’Escaut – Édit. Vve Eeckhout Decarpentrie – Oblitération 29 8 1913

Coordonnées GPS Nord : 50 35 22 Est : 3 25  24

CHERCQ LE PONT réduit.jpg

CHERCQ – Le Pont – Édit. Vve Eeckhout Decarpentrie – Oblitération 21 11 1913

Coordonnées GPS Nord : 50 35 19 Est : 3 25  36

ERE BARGES MOULIN A EAU réduit.jpg

ERE – Moulin de Barges  – Phono-Photo, Tournai – Oblitération 18 7 1911

Coordonnées GPS Nord : 50 35 09 Est : 3 22  51

ERE PANORAMA réduit.jpg

ERE – Panorama – Photo L. D. – Oblitération 5 1 1914

Coordonnées GPS Nord : 50 34 53 Est : 3 22  26

ERE EGLISE réduit.jpg

ERE – Église – Oblitération 23 10 1913

Coordonnées GPS Nord : 50 34 56 Est : 3 22  00

ERE PASSIONISTES réduit.jpg

ERE – Couvent des Passionistes – Édit. Sylva Moreau Tournai

Coordonnées GPS Nord : 50 34 44 Est : 3 22  13

ESPLECHIN FERME DE LA MAISON BLANCHE réduit.jpg

ESPLECHIN – Ferme de la Maison blanche – Accary Photo Baisieux

Oblitération 3 1910

Coordonnées GPS Nord : 50 35 10 Est : 3 16  41

ESPLECHIN FERME DU CHATEAU réduit.jpg

ESPLECHIN – Ferme du château – Oblitération 26 8 1909

Coordonnées GPS Nord : 50 34 30 Est : 3 18  56

ESPLECHIN LA PLACE réduit.jpg

ESPLECHIN – La place – Accary Photo Baisieux – Oblitération 29 9 1908

Coordonnées GPS Nord : 50 34 23 Est : 3 18  16

FROIDMONT CHATEAU réduit.jpg

FROIDMONT – Le château – V.P.F. déposé – Oblitération 8 8 1912

Coordonnées GPS Nord : 50 34 22 Est : 3 19  49

FROIDMONT HOSPICE ST CHARLES réduit.jpg

FROIDMONT – Hospice St Charles – V.P.F. déposé

Coordonnées GPS Nord : 50 34 42 Est : 3 19  40

FROIDMONT SUCRERIE réduit.jpg

FROIDMONT – La sucrerie – V.P.F. déposé – Oblitération 28 6 1912

Coordonnées GPS Nord : 50 34 29 Est : 3 20  20

26 FROYENNES CHASSE SENATEUR réduit.jpg

FROYENNES – Le Sénateur, chaussée de Lannoy – W.H. Bruxelles –

Oblitération 10 1909

Coordonnées GPS Nord : 50 37 08 Est : 3 21  40

FROYENNES CHATEAU MOTTES réduit.jpg

FROYENNES – Château Six-Scrive – Édit. V.G., Bruxelles 2 – Oblitération 7 2 1906

Coordonnées GPS Nord : 50 37 11 Est : 3 21  51

FROYENNES ETANG réduit.jpg

FROYENNES – L’étang – Édit. Nels, Bruxelles, Oblitération 19 2 1906

Coordonnées GPS Nord : 50 37 17 Est : 3 21  19

FROYENNES GRAND PLACE réduit.jpg

FROYENNES – La place – Impr. O. Chevalier, Pecq

Coordonnées GPS Nord : 50 37 16 Est : 3 21  16

GAURAIN RAMECROIX  ARRET TRAM réduit.jpg

GAURAIN-RAMECROIX – Arrêt du tram « Au Coiffeur » –

Phot. H. Rasseneur, Frasnes, édit. Léa Delaunoy

Coordonnées GPS Nord : 50 35 46 Est : 3 28  11

GAURAIN RAMECROIX CARIERES ET FOURS DAPSENS réduit.jpg

GAURAIN-RAMECROIX – Carrières et fours Dapsens –

Phot. H. Rasseneur, Frasnes, édit. Léa Delaunoy – Oblitération 19 8 1908

Coordonnées GPS Nord : 50 35 45 Est : 3 28  42

GAURAIN RAMECROIX LE PONT DES ROCS réduit.jpg

GAURAIN-RAMECROIX – Le Pont des Rocs –

Phot. H. Rasseneur, Frasnes, édit. Léa Delaunoy – Oblitération 14 8 1907

Coordonnées GPS Nord : 50 35 48 Est : 3 28  40

HAVINNES RUE DE L EGLISE réduit.jpg

HAVINNES – Rue de l’Église – édit. Edmond Lory

Coordonnées GPS Nord : 50 36 56 Est : 3 27  49

HAVINNES TUILERIES réduit.jpg

HAVINNES – les tuileries – édit. Edmond Lory

Coordonnées GPS Nord : 50 37 04 Est : 3 29  38

HAVINNES RUE DE LA GARE réduit.jpg

HAVINNES – rue de la Gare – édit. Edmond Lory – oblitération 1 4 1914

Coordonnées GPS Nord : 50 37 03 Est : 3 29  29

HERTAIN DOUANE réduit.jpg

HERTAIN – bureau de douane

Coordonnées GPS Nord : 50 36 29 Est : 3 16  28

HERTAIN ESTAMINET MATHON réduit.jpg

HERTAIN – estaminet, épicerie, tabacs Mathon-Piat – oblitération 21 1 1909

Coordonnées GPS Nord : 50 36 29 Est : 3 16  28

HERTAIN FRONTIERE BELGE GARDE réduit.jpg

HERTAIN – frontière franco-belge

Coordonnées GPS Nord : 50 36 29 Est : 3 16  28

HERTAIN VISITE DE DOUANE BELGE réduit.jpg

 HERTAIN – visite de douane belge

Coordonnées GPS Nord : 50 36 29 Est : 3 16  28

KAIN ECOLE APOSTOLIQUE ST VINCENT DE PAUL réduit.jpg

KAIN – école Saint-Vincent de Paul

Coordonnées GPS Nord : 50 37 36 Est : 3 23  52

KAIN EGLISE DE LA TOMBE réduit.jpg

KAIN – chapelle de la Tombe

Coordonnées GPS Nord : 50 37 42 Est : 3 23  26

KAIN MONT ST AUBERT ALOUETTE réduit.jpg

KAIN – arrêt du tram à l’Alouette – Lechantre et Van Geeberden 21, Grand Place Tournai

oblitération 24 4 1905

Coordonnées GPS Nord : 50 38 25 Est : 3 23  58

 LAMAIN JAMBE DE BOIS réduit.jpg

LAMAIN – ferme de le Jambe de bois – oblitération 17 9 1909

Coordonnées GPS Nord : 50 35 59 Est : 3 16  33

LAMAIN RUE réduit.jpg

LAMAIN – rue principale – oblitération 2 7 1909

Coordonnées GPS Nord : 50 35 53 Est : 3 17  33

LAMAIN PLACE réduit.jpg

LAMAIN – la Place – Accary photo Baisieux – oblitération 23 7 1908

Coordonnées GPS Nord : 50 35 53 Est : 3 17  33

MARQUAIN BATTEUSE réduit.jpg

MARQUAIN – photo carte, batteuse Bresous frères à Marquain

MARQUAIN CLUNY réduit.jpg

MARQUAIN – couvent des religieuses de Cluny

Coordonnées GPS Nord : 50 36 40 Est : 3 19  40

MARQUAIN PANORAMA réduit.jpg

MARQUAIN – panorama – oblitération 17 2 1913

Coordonnées GPS Nord : 50 36 40 Est : 3 19  40

MAULDE EGLISE réduit.jpg

MAULDE – l’église – édit. G. Warny

Coordonnées GPS Nord : 50 37 00 Est : 3 32  54

MAULDE GRAND MASURE réduit.jpg

MAULDE – hameau de Grand Masure – Ém. Delcampe

Coordonnées GPS Nord : 50 37 38 Est : 3 33  04

MAULDE POMPIERS réduit.jpg

MAULDE – équipe de pompiers – édition F. Deweer, Celles

Coordonnées GPS Nord : 50 36 59 Est : 3 32  52

MELLES ECOLE ET GRAND ROUTE réduit.jpg

MELLES – école et grand route – édit. L. Obsombre – oblitération 28 11 1908

Coordonnées GPS Nord : 50 38 43 Est : 3 28  47

MELLES EGLISE réduit.jpg

MELLES – l’église – Deneubourg frères à Melles

Coordonnées GPS Nord : 50 38 49 Est : 3 28  51

MELLES ROUTE DE VELAINES réduit.jpg

MELLES – route de Velaines – Deneubourg frères à Melles

Coordonnées GPS Nord : 50 38 47 Est : 3 28  58

MONT SAINT AUBERT LES CASERNES réduit.jpg

MONT-SAINT-AUBERT – les Casernes, édit. Fontaine-Mouton, restaurant de la Blanche à Mont-Saint-Aubert

oblitération 14 6 1913

Coordonnées GPS Nord : 50 38 56 Est : 3 24  16

MONT ST AUBERT AU CARME réduit.jpg

MONT-SAINT-AUBERT – café Au Carme, édit. N. Laflotte – oblitération 23 4 1919

Coordonnées GPS Nord : 50 38 29 Est : 3 23  59

MONT ST AUBERT EGLISE réduit.jpg

MONT-SAINT-AUBERT – vue sur l’église

Coordonnées GPS Nord : 50 39 21 Est : 3 23  56

MOURCOURT ESTAMINET CHAPELLE réduit.jpg

MOURCOURT – estaminet de la Chapelle – édit. M. Fourmeaux, Mourcourt

Coordonnées GPS Nord : 50 39 23 Est : 3 26  05

MOURCOURT EVECHE réduit.jpg

MOURCOURT – Évêché – édit. M. Fourmeaux, Mourcourt

Coordonnées GPS Nord : 50 38 31 Est : 3 25  09

MOURCOURT TRAM réduit.jpg

MOURCOURT – le tram à l’Union – éd. F. Deweer, Celles – oblitération 18 8 1910

Coordonnées GPS Nord : 50 39 14 Est : 3 26  58

ORCQ LAITIER GLORIEUX.jpg

ORCQ – Joseph Glorieux laitier d’Orcq – photo-carte

ORCQ MARLIERE réduit.jpg

ORCQ – propriété de la Marlière

Coordonnées GPS Nord : 50 36 16 Est : 3 21  13

QUARTES FERME LEFEBVRE réduit.jpg

QUARTES – ferme de Ch. Lefebvre – édit. L. Obsombre, Velaines – oblitération 18 9 1907

Coordonnées GPS Nord : 50 39 06 Est : 3 30  44

QUARTES RUE DE L ECOLE réduit.jpg

QUARTES – rue de l’ Ecole – édit. L. Obsombre – oblitération 28 6 1920

Coordonnées GPS Nord : 50 39 00 Est : 3 30  45

QUARTES TRAM réduit.jpg

QUARTES – arrêt du tram – édit. L. Obsombre

Coordonnées GPS Nord : 50 38 58 Est : 3 30  47

RAMEGNIES-CHIN CHATEAU réduit.jpg

RAMEGNIES-CHIN – château – Phono-Photo Tournai

Coordonnées GPS Nord : 50 38 60 Est : 3 20  35

RAMEGNIES-CHIN CHAUSSEE DE COURTRAI réduit.jpg

RAMEGNIES-CHIN – chaussée de Tournai

Coordonnées GPS Nord : 50 37 55 Est : 3 21  26

RAMEGNIES-CHIN PLACE COMMUNALE réduit.jpg

RAMEGNIES-CHIN – place communale – édit. N. Laflotte Bruxelles – oblitération 17 5 1910

Coordonnées GPS Nord : 50 39 04 Est : 3 20  08

RUMILLIES BAS REJET réduit.jpg

RUMILLIES – Bas-Rejet

Coordonnées GPS Nord : 50 37 14 Est : 3 26  36

RUMILLIES ECOLE DES SOEURS réduit.jpg

RUMILLIES – école des soeurs de Saint-Vincent de Paul – obiltération 1919

Coordonnées GPS Nord : 50 37 16 Est : 3 26  13

RUMILLIES CHAUSSEE DE RENAIX réduit.jpg

RUMILLIES – chaussée de Renaix

Coordonnées GPS Nord : 50 37 10 Est : 3 24  49

TEMPLEUVE CHALET DE LA GARE réduit.jpg

TEMPLEUVE – chalet de la Gare – oblitération 8 9 1908

Coordonnées GPS Nord : 50 38 57 Est : 3 19  21

TEMPLEUVE MOULINS réduit.jpg

TEMPLEUVE – les moulins – oblitération 6 8 1902 – édit. Vve Van Houteghem

Coordonnées GPS Nord : 50 38 33 Est : 3 16  20

TEMPLEUVE TRAM réduit.jpg

TEMPLEUVE – arrivée du tram – édit Vve Van Houteghem-Rose – oblitéraion 11 4 1908

Coordonnées GPS Nord : 50 38 41 Est : 3 16  57

THIMOUGIES CHATEAU réduit.jpg

THIMOUGIES – le château – édit. Edmond Lory

Coordonnées GPS Nord : 50 38 15 Est : 3 31  23

THIMOUGIES EGLISE réduit.jpg

THIMOUGIES – église Saint-Hilaire – édit. Edmond Lory

Coordonnées GPS Nord : 50 38 07 Est : 3 30  40

THIMOUGIES MOULIN GMP réduit.jpg

THIMOUGIES – le moulin – photo-carte

Coordonnées GPS Nord : 50 37 58 Est : 3 30 55

VAULX CHEMIN DES ABLIAUX réduit.jpg

VAULX – chemin des Abliaux – édit. J. Fontaine

Coordonnées GPS Nord : 50 35 28 Est : 3 25  48

VAULX FOURS DU PRINCE réduit.jpg

VAULX – fours du Prince

Coordonnées GPS Nord : 50 35 19 Est : 3 25  43

VAULX PLACE DE LA CHAPELLE réduit.jpg

VAULX – place de la Chapelle – édit J. Fontaine

Coordonnées GPS Nord : 50 35 26 Est : 3 25  46

VEZON EGLISE réduit.jpg

VEZON – église et chemin du Tilleul – oblitération 7 12 1914

Coordonnées GPS Nord : 50 34 07 Est : 3 30  04

VEZON MUCHE réduit.jpg

VEZON – Muche et plaine de Fontenoy – oblitération 8 3 1913

Coordonnées GPS Nord : 50 34 24 Est : 3 29  39

VEZON PRESBYTERE PLACE réduit.jpg

VEZON – presbytère et place

Coordonnées GPS Nord : 50 34 07 Est : 3 30  01

WARCHIN ECOLE HORTICULTURE réduit.jpg

WARCHIN – école d’Horticulture – oblitération 2 1 1911

Coordonnées GPS Nord : 50 36 44 Est : 3 25  13

WARCHIN SOURIS MARAICHERS réduit.jpg

WARCHIN – famille Souris, maîchers – photo-carte – oblitération 12 4 1912

Coordonnées GPS Nord : 50 36 30 Est : 3 25  12

WARCHIN VACHES réduit.jpg

WARCHIN – vaches à la pâture

Coordonnées GPS Nord : 50 36 49 Est : 3 25  03

WILLEMEAU réduit.jpg

WILLEMEAU – chaussée de Douai – Accary photo Baisieux

Coordonnées GPS Nord : 50 34 16 Est : 3 20  08

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WILLEMEAU FROIDMONT – grand route, gare

Coordonnées GPS Nord : 50 34 13 Est : 3 20  04

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TOURNAI, faubourg de Lille – chaussée de Lille – Nels Bruxelles – oblitération 28 8 1908

Coordonnées GPS Nord : 50 36 22 Est : 3 22  42

Z TOURNAI FAUBOURG DE LILLE MOULIN LAGACHE réduit.jpg

TOURNAI, faubourg de Lille – moulin Lagache – A. Gelin Charleville – oblitération 22 2 1907

Coordonnées GPS Nord : 50 36 40 Est : 3 22  01

Z TOURNAI FAUBOURG DE LILLE RUE DE LA CULTURE réduit.jpg

TOURNAI, faubourg de Lille – rue de la Culture – édit. Bonvarlet-Lefebvre, Tournai

Coordonnées GPS Nord : 50 36 14 Est : 3 22  16

Z TOURNAI FAUBOURG DE VALENCIENNES réduit.jpg

TOURNAI, faubourg de Valenciennes – chaussée d’Antoing – oblitération 27 4 1903

Coordonnées GPS Nord : 50 35 51 Est : 3 24  12

Z TOURNAI FAUBOURG DE VALENCIENNES ALLAIN 2 réduit.jpg

TOURNAI, faubourg de Valenciennes – vue d’Allain – édit. Jules Messiaen – oblitération 8 4 1904

Coordonnées GPS Nord : 50 35 56 Est : 3 24  12

Z TOURNAI FAUBOURG MORELLE CHAUSSEE DE RENAIX 1 réduit.jpg

TOURNAI, faubourg Morelle – chaussée de Renaix – Phono-Photo Tournai – oblitération 31 7 1909

Coordonnées GPS Nord : 50 36 44 Est : 3 24  10

Z TOURNAI FAUBOURG MORELLE CHAUSSEE DE RENAIX 2 réduit.jpg

TOURNAI, faubourg Morelle – chaussée de Renaix – photo F. Deweer Celles – oblitération 29 7 1911

Coordonnées GPS Nord : 50 36 50 Est : 3 24  24

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TOURNAI, faubourg Morelle – pensionnat de la Sagesse – oblitération 9 10 1927

Coordonnées GPS Nord : 50 37 01 Est : 3 24  38

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TOURNAI, faubourg Saint-Martin – chaussée de Willemeau – édit. Allard-Landrieu

Coordonnées GPS Nord : 50 35 44 Est : 3 22  43

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TOURNAI, faubourg Saint-Martin – briqueteries Oscar Dapsens – Phono-Photo Tournai

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TOURNAI, faubourg Saint-Martin – moulin Dorchy, chaussée de Douai – collection Bertels

Coordonnées GPS Nord : 50 35 51 Est : 3 22  15

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TOURNAI, faubourg du Château – moulin des Radis

Coordonnées GPS Nord : 50 37 18 Est : 3 23  41

 

 

 

Photos prises sur le front de l’Yser par le combattant Achille Sénépart durant la guerre 14-18

 

Le centième anniversaire du début de la Grande Guerre nous a paru le moment opportun pour sortir de l’ombre cette collection de photos, toutes inédites, prises par un combattant belge, Achille Sénépart, au front durant cette guerre.

Ces photos pour la plupart de dimensions 6cm/4cm sont réunies en trois petits carnets toilés. J’ai acheté la collection lors d’une vente aux enchères, elle comprenait également l’appareil qui a servi à prendre les photos ainsi que sa gaine de cuir. Il s’agit d’un « vest pocket » de marque Kodak. Cet appareil, d’encombrement limité (12cm/6cm/2.5cm) était largement utilisé par les soldats du front. Voir photo 1.

J’ai offert l’ensemble au musée Flanders Fields à Ieper afin qu’il devienne un témoignage accessible au plus grand nombre.

La collection qui comprend environ 230 photos a été montrée à  des bénévoles, qui se tiennent à la disposition du public le mercredi au musée Flanders Fields. Ils ont trouvé ces photos très intéressantes pour deux raisons essentielles : d’une part, elles contiennent une bonne partie de clichés de l’avant du front, ce qui n’est pas courant et d’autre part elles montrent des soldats des transmissions à l’œuvre ce qui est aussi peu courant.

Une autre qualité de ce lot de photos est qu’elles ont été prises par une seule personne qui n’était pas un officiel. Nous aurions aimé avoir des commentaires d’Achille Sénépart, mais selon sa famille il n’a laissé aucune trace écrite sur cette époque de sa vie.

IL est difficile et délicat de décrire l’ambiance qui prévalait au front belge en 14 18 et il y a peu de publications à ce sujet. Un livre récent apporte des témoignages sur l’ambiance régnant au sein des combattants (lisez ceux qui se trouvaient en première ligne) français.[1] Il est préfacé par un texte qui commence ainsi  « La guerre de 14-18 ne s’est pas déroulée comme le racontent les livres d’histoire. Non seulement les poilus n’ont pas « consenti » à leur sacrifice, mais ils ont résisté avec acharnement à l’armée française et aux gradés qui les envoyaient à la boucherie »

Nous ne voulons pas extrapoler cette phrase à l’armée belge, d’autant plus que le chef suprême de nos armées, le Roi Albert, n’avait pas de galons à gagner en envoyant ses soldats se faire tuer, ce qu’il a toujours refusé de faire, dans des attaques aussi vaines qu’inutiles comme ce fut le cas dans les armées française et anglaise[2].

Sur le front belge, le fossé entre les hommes de la troupe et les gradés était sans doute important aussi, il était accentué au niveau des soldats flamands par le fait que les officiers étaient majoritairement francophones et incompris par eux.

C’est une des raisons pour lesquelles le sentiment nationaliste flamand s’est cristallisé au front.

La combativité des soldats belges était certainement renforcée parce que la quasi-totalité du territoire était envahie par l’ennemi et les soldats ne recevaient pas l’appui d’une famille qu’on pouvait revoir à l’occasion des permissions. Ils étaient dès lors fortement motivés à reconquérir le pays pour revoir les leurs.

Nous avons sélectionné 43 photos parmi les plus représentatives ou en meilleur état, car le temps a joué son œuvre et certaines sont jaunies et difficiles à récupérer.

Nous avons volontairement exclu les photos de maisons et bourgs détruits, de paysages apocalyptiques et du front inondé, car il existe sur le sujet une iconographie énorme et bien connue.

Paradoxalement, il émane des photos une sorte de sérénité qui est probablement due aux liens forts qui semblent, sur les photos, unir les combattants. Que le lecteur peu informé sur la Grande Guerre n’en déduise pas que nos combattants étaient en vacances au front ! Le danger était permanent, des statistiques françaises ont montré qu’un combattant qui avait fait toute la guerre avait 10% de chances de s’en sortir indemne. Sur le front belge, où l’on ne connut pas les assauts à la Nivelle, on mourait suite aux tirs d’artillerie et aux maladies, car l’humidité permanente faisait de ce secteur le plus malsain du front occidental.

L’ extrait[3] suivant en dira plus qu’un long discours : cela se passait sur le front allemand du côté de Langemark en Belgique…

« Nous voyons des gens, à qui le crâne a été enlevé, continuer à vivre ; nous voyons courir des soldats dont les deux pieds ont été fauchés ; sur leurs moignons éclatés, ils se traînent en trébuchant jusqu’au prochain trou d’obus ; un soldat de première classe rampe sur ses mains pendant deux kilomètres en traînant derrière lui ses genoux brisés ; un autre se rend au poste de secours, tandis que ses entrailles coulent par-dessus ses mains qui les retiennent ; nous voyons des gens sans bouche, sans mâchoire inférieure, sans figure »

Qui était Achille Sénépart ?

Achille Désiré Joseph Sénépart est né le 14 août 1891 à Anvaing fils d’Alexandre Joseph également originaire d’Anvaing et de Sylvie Balcaen originaire d’Escanaffles.

Le grand-père Sénépart était maréchal ferrant et cette occupation s’était transformée en commerce de quincaillerie et de chaussures. Cette maison était très connue dans la région et le commerce a été tenu par Achille Sénépart après son retour de guerre. Il avait épousé en 1920 Madeleine Beckers de Tournai dont il eut deux enfants : Jean né en 1921 et Jocelyne née en 1925.

Il est décédé à Anvaing le 23 janvier 1971.

Il faisait partie de la classe de milice 1911.

IL est rappelé en tant que sergent le premier août 1914 au premier régiment de grenadiers. Il fera toute la guerre dans ce même régiment pour finalement être envoyé en congé illimité le 16 septembre 1919.

Ses distinctions honorifiques, qui nous sont connues, sont les suivantes : Chevalier de l’Ordre de Léopold II avec glaives, Croix de la guerre 14 18 avec palmes, Croix de l’Yser, Médaille commémorative de la campagne 14 18, Médaille de la victoire, Décoration militaire, Croix du feu, il était titulaire de 8 chevrons. Nous supposons qu’il était également titulaire de la médaille commémorative du règne d’Albert I créée en 1962, mais nous n’en possédons pas la preuve.

Durant la guerre dans le régiment des grenadiers, il était affecté aux transmissions. Les soldats affectés aux transmissions avaient entre autres la périlleuse mission d’installer et de rétablir les lignes téléphoniques du front fréquemment coupées par les bombardements.

Classement des photos : environ la moitié des photos sont assorties d’un petit commentaire du photographe, mais pratiquement aucune n’est datée. Etant dans l’impossibilité d’établir un classement chronologique nous avons préféré les réunir par thème. Les commentaires d’Achille Sénépart sont repris textuellement sous la photo et en absence de ceux-ci nous avons noté « Non commentée ».

Qualité des photos : nous avons évité au maximum les retouches et les recadrages afin de restituer les documents comme ils avaient été voulus par le photographe. Certaines photos après plus de 90 ans manquaient cependant de contraste et nous avons simplement essayé de les rendre plus distinctes.

Le front belge était divisé en plusieurs secteurs, chaque secteur en deux ou trois sous-secteurs : nord et sud plus éventuellement un sous-secteur central. Achille Sénépart utilisait l’abréviation S S pour sous-secteur.

Commentaires des photos

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 1 Vest pocket et carnets

1 Les trois carnets, le vest pocket Kodak et sa gaine de cuir. L’appareil est dans un état remarquable et témoigne du soin avec lequel il a été traité par son propriétaire.        

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2 Non commentée

 2 Achille Sénépart photographié durant la guerre        

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3 Non commentée

3 Encadrant la Reine Elisabeth fluette et enjouée, le Roi Albert à gauche et le lieutenant général Jacques à droite, ce dernier sera anobli plus tard et deviendra baron Jacques de Dixmude.       

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 4 Fusil pointéSS Sud passerelle sur l'Yser.jpg

5 S S Sud Passerelle sur l’Yser

4 et 5 Après la guerre en campagne qui dura du 2 août à fin octobre, la mission de l’armée fut d’assurer la garde sacrée de ce petit coin de territoire national resté libre derrière l’Yser.

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6 Non commentée

6 Dans cette région de Flandre, la nappe phréatique se trouve à environ 50 cm de profondeur et il fallait surélever la tranchée, qui ne pouvait être assez profonde sans risque d’être inondée, avec des sacs de terre.

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7 En première ligne

7 La première ligne sur le front belge était séparée d’une plaine inondée de 1 à 3 km de large avant d’arriver à la première ligne ennemie. A environ 500m de la première ligne se trouvait la deuxième ligne, et bien souvent il se trouvait encore une troisième ligne derrière.

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8 S S Central Chemin de colonne nord

8 Pour arriver dans la zone du front, il fallait quitter l’arrière par des chemins de colonne.

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9 Boyau aboutissant en première ligne

9 Les lignes étaient reliées entre elles par des voies tracées en zigzag appelées boyaux.

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10 Dans la tranchée

10 L’auteur ne donne pas de commentaire relatif à la tranchée, mais il s’agit sans doute ici d’une tranchée de 2ème ou 3ème ligne où la vigilance était aussi de mise.

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11 Construction d’un abri en seconde ligne

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12 Non commentée

11 et 12 Des abris étaient construits tout le long du front, ici avec des vaderlanderkens qui sont ces petits sacs remplis de terre – traduction littérale : sacs remplis de terre de la mère patrie – mais le béton a aussi été largement utilisé. L’abri de la photo 12 a probablement été construit dans la zone des dunes près de la côte.

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13 Non commentée

13 Des voies ferrées larges de 60 cm appelées decauville, du nom de l’ingénieur qui les a inventées, sillonnaient le front. Ici la berline tractée sur laquelle on peut lire armée belge decauville, est chargée d’effets personnels (sacs à dos) et de matériel de campement. A la fin de la guerre, le réseau routier construit s’étendait, sur 400km auxquels il faut ajouter plusieurs centaines de km de decauville et 21900 km de fils téléphoniques.

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 14 Pylône d’observation

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15 Ballon-captif

14 et 15 Dans ce plat pays aucun promontoire naturel ne permettait d’observer l’ennemi que la plupart des soldats n’ont jamais vu durant les 4 ans de la guerre de tranchées. L’observation des tranchées ennemies permettait de guider l’artillerie qui se trouvait à l’arrière des lignes. Les postes d’observation pouvaient se trouver dans des arbres ou des tours d’églises pour autant qu’il en reste encore non détruits, ou sur des tours construites à cet usage. Des ballons captifs furent également utilisés.

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16 Lance-fusée

16 Dans les tranchées, on utilisait des lance-fusées qui éclairaient les environs immédiats la nuit pour repérer des actions ennemies. Des lance-grenades ou lance-bombes étaient aussi utilisés. Au début, ce matériel était artisanal et fabriqué par les combattants eux-mêmes, c’est le cas pour le lance-fusées de la photo 16. Assis, à droite on reconnaît, Achille Sénépart

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17 Canon de 120 de long

17 L’artillerie, sur foi des renseignements fournis par les observateurs (photos 14 15), tirait sur les lignes ennemies à partir de l’arrière. Il arrivait aussi que les tirs n’étant pas bien réglés les obus atteignent leurs propres lignes. Ici un canon de 120.

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18 Non commentée

18 La pluie d’obus remuait sans cesse le sol et ramenait souvent en surface des corps en décomposition de combattants morts quelques jours, mois ou années plus tôt. La mort était omniprésente.

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19 Non commentée

19 Les cadavres attiraient des rats qui pullulaient sur le front. Le soldat représenté sur la photo 19 caresse un chien ratier qui était sans doute la mascotte du peloton, mais surtout chasseur de rats. Ce même chien est présent sur plusieurs photos d’Achille Sénépart. (voir aussi photos 23 et 45)

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20 Villa Marietta

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21 Portrait de madame Tack

20 21 La villa Marietta est un endroit mythique du front belge. Au moment de la guerre elle était habitée par Madame Tack veuve d’un officier. Elle refusa très longtemps de quitter le front et était appelée la mère des soldats. Au mépris du danger, elle se promenait sur le front juchée sur le dos de son âne en compagnie de son petit chien. Le peintre tournaisien Allard l’Olivier l’a immortalisée dans cette posture.(photo 21) La villa n’a pratiquement pas changé, l’Yser coule à 50 m de sa façade.

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22 S S Central En révision

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23 Poste de TSF

22 et 23 Ces deux photos sont représentatives du travail de transmission auquel Achille Sénépart était affecté. En 22 l’un tient une bobine de fil téléphonique en main tandis que l’autre téléphone. En 23, un poste de Téléphonie Sans Fil, la potence supporte probablement l’antenne.

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24 Non commentée

24 Cette photo qui n’était pas commentée a pu être comprise grâce à la photo 23, qui elle, était commentée. Le Roi Albert féru de nouvelles techniques observe un poste de TSF.

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25 Non commentée

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26 Cuisine de la quatrième compagnie

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27 Non commentée

25 à 27 Scènes de la vie quotidienne : la cuisine et la lessive.

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28 Non commentée

Les baigneurs 1.jpg

29 Non commentée

28 et 29 La baignade n’avait pas qu’un aspect récréatif, elle permettait aussi de se débarrasser des poux, les totos, pour employer le langage du front. L’hygiène approximative en première ligne favorisait en effet la présence de ces parasites.

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30 Non commentée

En barquette sur l'Yser.jpg

29 En barquette sur l’Yser

30 et 31 les deux photos sont prises au même endroit. Le commentaire ne dit pas si le rameur est en service ou se divertit. Ces photos ne peuvent cependant avoir été prises sur la portion de l’Yser le long du front, car un rameur ou un pêcheur n’y serait pas resté vivant 2 minutes. Il s’agit sans doute de la partie de l’Yser au sud du front aux environs de Lo.

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32 Les Poilus s’amusent

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33 Non commentée

32 et 33 Moments de détente.

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34 Non commentée

34 Cette photo est certainement la plus esthétique et la plus émouvante du lot. Les combattants, se souvenant pour un temps de l’époque où ils étaient petits garçons, ont fait un bonhomme de neige-soldat qui a les traits d’un clown triste. Il est intéressant de savoir qu’entre eux les combattants (Français) du front s’appelaient les bonshommes, terme qu’ils préféraient à celui de poilu. On notera que le combattant belge était nommé Jas (du néerlandais jas: veste) ou piotte.

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35 Souvenir du lundi de Pâques 1916

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36 Dans notre guitoune

35 et 36 Moments de repos. La photo 36 montre un combattant tenant une flûte traversière.

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37 Non commentée

37 Ce camp était sans doute utilisé quand les combattants n’étaient pas en première ligne.

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38 Non commentée

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39 Non commentée

38 et 39 Les moments passés à l’arrière étaient ponctués de cérémonies officielles de remises de décorations par exemple.

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40 Kaaskerke oude barreel octobre 1915

40 Il arrivait que le combattant s’éloigne du front pour une permission ou une période de repos, mais pas en voiture comme la photo 40 pourrait le laisser croire. Les absences de la première ligne sont illustrées dans les photos suivantes.

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41 Non commentée

41 Achille Sénépart deuxième à partir de la droite en compagnie de civils. Nous savons par sa famille qu’il avait établi des contacts avec des hôteliers de Roesbrugge. Il avait aussi une marraine de guerre, originaire d’Anvaing en service à Paris et un portrait, habillé en militaire et pris dans la capitale française, prouve qu’il s’y est déplacé

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42 Non commentée

42 Cette photo a probablement été prise à La Panne, nous savons en effet que les grenadiers sont allés plusieurs fois dans ce secteur en repos ou pour veiller la côte.

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43 Janvier 1917 Mailly, cuisine du camp

43 Du 23 12 1915 au 10 2 1916 les grenadiers sont allés en formation au camp de Mailly en France, cette photo est un souvenir de ce passage.

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44 Hoogstade, un enterrement

44 Et souvent, beaucoup trop souvent, le combattant partait pour le grand voyage…

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45 Non commentée

45 Cette dernière photo représente, sans doute, la section d’Achille Sénépart, donc les acteurs que nous avons retrouvés tout au long de ces photos. On notera sur les genoux du militaire assis centralement le chien mascotte – chasseur de rats.

BIBLIOGRAPHIE (en plus des remarques de bas de page)

Luc DE VOS, De eerste wereldoorlog, Davidsfonds Leuven 1997

Bruno BENVINDO, Des hommes en guerre, Les soldats belges entre ténacité et désillusion 1914 18, Archives générales du royaume 2005 – Commentaire sur le site web du CRID Centre International et de Débat sur la guerre de 14 18

Jacques MEYER, Les soldats de la Grande Guerre, Hachette 1966

Ces photos avaient été offertes par la bru d’Achille Sénépart à l’école Saint Piat de Tournai pour être vendues lors d’une brocante organisée au profit de l’école. Je tiens à remercier madame Jean Sénépart pour l’aide apportée à la rédaction de cet article. Je tiens également à remercier les responsables et les bénévoles du centre de documentation du musée Flanders Fields à Ieper pour leur précieuse collaboration et leur amabilité.

 


[1] François ROUX, La Grande Guerre inconnue – Les poilus contre l’armée française Editions de Paris 2006

[2] Offensive Nivelle 1917 200000 victimes françaises et 300000 allemandes ; Offensive Haig à Passchendaele en 1917 : 250000 victimes britanniques et 260000 allemandes !

[3] Erich Maria REMARQUE, A l’ouest rien de nouveau , 1928

Les propriétaires de la Marlière aux XIX e et XX e siècles (deuxième partie)

Travaux réalisés par Victor Crombez à la Marlière 

Il semble que Victor Crombez ait commencé des travaux avant même d’avoir signé l’acte d’achat sous seing privé de 1845 dont il est question plus haut. En effet, le 2 septembre 1843[1] on note que la démolition de la campagne de Mr Crombez Durot occupera des travailleurs durant une bonne partie de l’hiver 1843 1844 ce qui diminuera le montant de l’aide à accorder aux indigents par le bureau de bienfaisance du village (beaucoup de journaliers se trouvaient au chômage forcé en hiver et donc sans ressources).

L’architecte choisi pour la construction du nouveau château sur l’emplacement de l’ancien qui est abattu  est Antoine Justin Bruyenne[2] (Tournai 1811-1896), il eut pour maîtres deux architectes éminents : Florentin Decraene et Bruno Renard. Son œuvre est immense et dans le Tournaisis on lui doit les églises de Allain, Willemeau, Obigies, Pères rédemptoristes à Tournai, Hérinnes, Templeuve, Notre Dame auxiliatrice à Tournai ainsi que les châteaux de Bourgogne à Estaimbourg, Ere, Six à Froyennes, H. Duquesnes à Vaulx, de la Quennelée à Antoing…. Victor Crombez a certainement collaboré très activement à la réalisation des plans, car Bozière dit « On nous a assuré que les plans de l’édifice émanent du propriétaire »[3]

Laissons-lui encore la parole pour décrire la nouvelle construction : 

 « C’est une assez jolie fantaisie ayant la forme d’un quadrilatère, dont les angles sont garnis de quatre tourelles recouvertes de toits pointus terminés par des bannières dorées. Des degrés, recouverts d’une marquise en fonte et en glaces d’un élégant dessin, donnent accès dans l’intérieur :

Cette marquise, chauffée l’hiver par un calorifère installé dans les souterrains du château, recèle des plantes rares et des oiseaux exotiques qui y voltigent en liberté. Les salons sont d’une magnificence de très bon goût ; des tapisseries de haute lisse fabriquées à Tournai et des glaces d’un tain parfait contenues dans des bordures d’or, en revêtent les parois et donnent un aspect tout princier à ce séjour délicieux » 

Les différentes phases des travaux du château peuvent se retrouver en consultant les plans du cadastre. Ces plans résultent en fait de tournées effectuées par les fonctionnaires qui à cette occasion relèvent les nouvelles constructions et transformations. 

Tournée de 1848

FIGURE 13.jpg

  FIGURE 14.jpg

 

Les figures ci-dessus donnent l’état du château avant les travaux effectués par Victor Crombez à partir de 1843.(à gauche) Il est constitué de deux bâtiments, un en U et l’autre constitue sans doute les annexes et écuries. Lors du relevé de 1848 (à droite), une nouvelle bâtisse a été construite avec quatre tours d’angle et un perron. L’employé du cadastre n’a pas dessiné de pont au dessus des douves et on se demande comment on accédait au château !  

Tournée de 1865

 FIGURE 15.jpg

 A cette occasion (figure ci-contre) on remarque une construction qui enjambe les douves, il s’agit du jardin d’hiver qui fut inauguré le 26 janvier 1853 et dont Bozière[4] a donné une description détaillée que nous reproduisons ci-dessous :

« L’inauguration de cette merveille, sans précédent, se fit le 26 janvier 1853, par un bal de nuit où figura l’élite de la société tournaisienne et des étrangers de distinction venus de Paris, de Lille et d’autres localités.La richesse des tentures rayées de jaune et rouge, élégamment disposées en plis gracieux sur les murs en glaces ; l’éclat des lustres projetant leur lumière sur des charmants massifs de végétaux des tropiques, parmi lesquels on distinguait plus spécialement des Chamarops, des Astrapea, des Musa, des Strelitzia groupés avec des Azalées et des Camelia fleuris ; à ces feuillages, à ces longues palmes s’accrochaient des Passiflores grimpantes, de Hippomées en guirlande, et du milieu de ces buissons ravissants s’élançaient des gerbes d’une eau limpide, que l’air séparait en globules, se teignant par la réflexion des feux des bougies, en couleurs variées, qui les faisaient ressembler à des cascades de perles et de pierres précieuses…et la beauté, et la fraîcheur, et la délicatesse des parures féminines se détachant sur la verdure des végétaux ; tout devait concourir à faire de cette fête un enchantement,  une féerie sans égale. Les jardins nouvellement plantés ne sont pas encore bien remarquables, mais ce qui l’est véritablement ce sont les serres vastes et bien fournies de tout ce que l’horticulture offre de plus précieux et de plus récent à nos riches amateurs. Ces serres sont entretenues avec un soin qui dénote, de la part du maître, un goût très prononcé pour l’élégant délassement que donne la culture des fleurs. Dans aucune propriété des environs de Tournai cette culture n’a atteint la perfection qui distingue les établissements du château de la Marlière. Là tout est beau, tout est élégant, tout est grand ; aussi les soins ne manquent pas plus que les sacrifices qu’il faut faire pour rassembler et entretenir ces trésors du règne végétal, pour lesquels les cinq parties du monde sont mises à contribution.Tout l’ensemble du « castel féodal », si capricieux de forme, qu’on ne peut assigner d’époque pour ce qui regarde l’imitation, est d’un aspect agréable vu de la grande chaussée de Lille. Il est encadré dans des bouquets d’arbres trop jeunes encore pour faire valoir l’édifice. Dans le lointain se dessinent les vastes pentes du Mont-Saint-Aubert. »

FIGURE 16.jpg

 La figure ci-dessus[5] qui représente le château sans doute au début du XXè siècle, montre très bien la façade arrière du château avec le jardin d’hiver enjambant les douves. 

Tournée de 1878

FIGURE 17.jpg

 

Victor Crombez excellait dans l’art de la création des jardins et il établissait même des plans pour d’autres par exemple celui des jardins de la propriété de sa sœur Henriette De Clercq Crombez à Oignies en France. S’inspirant sans doute du style des jardins anglais forts en vogue à l’époque il a adouci les perspectives en arrondissant les angles des douves et en jetant deux ponts supplémentaires au dessus. De même, il a construit deux tours d’allure médiévale qui gardent un des nouveaux ponts (photo ci -dessous). Une de ces tours subsiste encore de nos jours. A l’étage de cette tour un petit monument funéraire est inséré dans le manteau de la cheminée. L’épitaphe partiellement illisible permet de dire qu’il s’agit du monument funéraire des époux Ernoul Vandenbroucq et Agnès Derbaudringhien. Il représente le Christ en croix supporté par Dieu le Père, les trépassés et leurs saints patrons. Par son testament daté du  3 septembre 1438[6] Ernoul Vandenbroucq souhaitait faire ériger après son décès un « tabiel » pour lui et sa seconde épouse Agnès Derbaudringhien au cloître des Frères Augustins[7]. Comment et pourquoi ce « tabiel » fortement endommagé, sans doute par les iconoclastes, s’est retrouvé à cet endroit reste une énigme.

La tour ronde qu’on voit en bas à gauche sur le plan (plan ci-dessus)  est une imitation de ruine ancienne dont Victor Crombez était très friand. Actuellement on peut encore voir à droite du château toute une muraille de type médiéval qui a été construite à la même époque.

FIGURE 18.jpg

 Tournée de 1883

FIGURE 19.jpgCe dernier état montre la construction d’une tour supplémentaire juste à côté du château, à gauche, et donne aussi le détail du plan  de cette tour.

 

 

 

 

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Une petite gravure[8] (Figure ci-dessus) non signée de 6cm sur 5 environ, postérieure à la construction de cette tour a été réalisée par l’artiste douaisien Alfred Robaut. L’intérêt de cet artiste pour la Marlière peut s’expliquer de la façon suivante : Armand d’Herbomez le fils de sa sœur, archiviste de la ville de Tournai et important historien local dont la réputation dépassait les frontières du Tournaisis a habité à la Marlière ainsi qu’il en ressort de deux listes de 1888 et 1893 de soucripteurs à la bibliothèque de l’école des chartes dont il était un ancien élève. On y lit: « Herbomez (Armand d’) au château d’Orcq par Tournay (Belgique). Au bas d’une des deux épreuves de la gravure que nous avons pu voir il était indiqué à la main : « A la demande de d’Herbomez Robaut (Alfred Robaut) » On peut dès lors supposer que les parents d’Armand d’Herbomez on commandé cette gravure à leur frère et beau frère Alfred Robaut. La famille d’Herbomez habitait sans doute un des immeubles situés dans la propriété

château de la Marlière - Orcq 1907.jpg

 La photo ci-dessus représente le château en 1907[9] à l’occasion d’une fête organisée pour les villageois après le mariage de Raymond Crombez Rémond de Montmort. La tour décrite dans la tournée de 1883 se trouve à gauche entourée de lierre.

Enfin, il nous a paru intéressant de noter que l’étang présent au nord de la propriété le long du Rieu et récemment remis sous eau n’a pas une origine naturelle et a en fait été creusé sur les ordres de Victor Crombez vers 1870. Un plan de la tournée des agents du cadastre en 1870 le prouve.

Eléments de la biographie de Victor Crombez :

FIGURE 22.jpg

Victor Crombez n’a pas eu une vie publique importante, il fut membre du conseil communal de Tournai du 23 décembre 1843 au 6 septembre 1845[10] date de sa démission. Lors des élections communales d’Orcq du 22 août 1848 Victor Crombez est élu et il deviendra conseiller communal le 24 novembre 1848[11]. Suite au résultat de ces élections, il est nommé bourgmestre par Léopold I, mais il refusera d’assumer cette tâche sans que nous en connaissions la raison. Ses activités économiques l’ont mené à gérer ses biens de façon plutôt adroite si l’on sait que lors de son décès en 1898 il a laissé un héritage de 8 millions de francs or, fortune considérable. Un peu avant 1870 il construit un hôtel particulier au 129 Boulevard Haussmann qu’il occupera durant ses séjours à Paris. A ces occasions il se rendait quotidiennement à la Bourse pour suivre ses valeurs. Il possédait des charbonnages à Dourges et en copropriété avec son cousin De Clercq à Carvin et Oignies. Il était passionné de jardins et de plantes et aussi de philosophie. Comme sa sœur Henriette et ses frères Benjamin et Louis il s’est beaucoup préoccupé du sort de moins nantis, il suffit pour preuve de lire son éloge funèbre paru dans le « Courrier de l’Escaut » suite à son décès le 11 mai 1898 à la Marlière :

 « Il savait intervenir d’une façon efficace au profit des malheureux et des travailleurs : les travailleurs de la terre, les ouvriers agricoles -ces déshérités de la terre comme il les appelait- étaient surtout l’objet de ses préoccupations et de ses générosités : il s’ingénia à leur venir en aide. C’est à leur intention qu’il participa au mouvement protectionniste en créant la Ligue agricole dont il fut le président, qu’il établit dans de nombreuses communes des sociétés de secours mutuels (note : dont la société mutuelle « Les ouvriers réunis » à Orcq), qu’il fonda des asiles pour l’enfance et qu’il consacra à différentes œuvres des sommes considérables. »

Victor Crombez eut deux enfants :

Une fille Marie Antoinette  qui épousa à Orcq le 22 juin 1863 Augustin René Clérel de Tocqueville, il était le neveu de l’historien et homme d’état français Alexandre de Tocqueville. Elle mourut sans postérité à Menton le 8 février 1872 des suites d’une maladie pulmonaire contractée sur le front franco-allemand alors qu’elle soignait des victimes de la guerre. Pour honorer sa mémoire une statue de marbre la représentant (photo ci dessous)a été placée dans le parc de la Marlière et a été déplacée ensuite au château de Montmort.

 Comtesse de Tocqueville née Crombez.jpg

 Un fils, Victor Auguste, qui suit

Auguste Crombez

 Victor Auguste était appelé Auguste pour le distinguer de son père, il devint le propriétaire de la Marlière après le décès de son père. Le 21 mai 1874 il épouse à Paris Geneviève Rémond de Montmort, fille du dernier Marquis de Montmort. La famille des Rémond de Montmort s’éteignant par les mâles, l’adjonction du nom de l’épouse à celui des Crombez a été autorisée par Arrêté Royal du 2 mai 1910.

De ce mariage est issue la branche actuelle des Crombez Rémond de Montmort. Auguste Crombez a été également conseiller communal à Orcq où il est décédé le 3 10 1911.

Auguste et Geneviève Crombez- Suzanne - Orcq 1907.jpg

La photo ci-dessus le représente à gauche avec son épouse et leur fille cadette Suzanne. Dans le partage des biens, c’est la fille aînée d’Auguste Crombez qui hérita de la Marlière : Marie Madeleine qui avait épousé Ferdinand François Costa de Saint Genix de Beauregard.

Trois ans plus tard la guerre 14 18 éclatait et la Marlière était réquisitionnée par l’armée allemande. La suite est décrite dans les mémoires non publiés d’Henri, un des fils des derniers propriétaires :

« Nous fûmes totalement coupés de la Belgique jusqu’en fin 1918 et ce fut alors pour retrouver un château entièrement détruit, un parc saccagé par les bombardements, creusé de tranchées et d’abris en ciment… un grand avion allemand plongeait encore dans l’étang ! Tout à fait à la fin de la guerre, en octobre 1918, l’ennemi avait fait un instant front sur l’Escaut.

Pensant que le château serait occupé par un état-major comme il l’avait été jusque-là, des bombes à retardement très puissantes avaient été posées dans les caves, et après leur explosion il ne resta pratiquement que les murs extérieurs, eux-mêmes lézardés comme par un tremblement de terre.

Tout le mobilier avait disparu au cours des années de l’occupation allemande: ce qui fut sauvé le fut par les religieuses du village qui, très dévouées à la famille, se glissaient dans la maison entre deux groupes d’occupants pour ramener ce qu’elles pouvaient. Pratiquement, le seul bon objet subsistant est le reliquaire Louis XV dont j’ai déjà parlé. Il surnagea aussi, par quel hasard, quelques épaves: la commode Louis XVI de la chambre de ma grand-mère, percée d’éclats d’obus, des gravures de genre amusantes Napoléon III et le tapis du vestibule retrouvé dans les décombres, roulé là où les domestiques l’avaient rangé en 1914… Devant ce désastre, mes parents qui avaient construit « Le Pavillon » en 1908 et hérité de Beauregard en 1916, ne voulurent pas, avec raison, se charger d’une troisième propriété, que de surcroît il aurait fallu reconstruire et d’autant que les temps avaient changé, que les difficultés de service commençaient et que l’impôt sur le revenu faisait ses débuts. On mit donc Orcq en vente, mais uniquement le château et le parc avec le droit aux dommages de guerre: un riche brasseur, M. Horlait, l’acheta en1920. »

9.4. Gaston Horlait

Il devient donc le propriétaire de la Marlière en 1920. Il est né le 18 juin 1875 à Ligne. Engagé comme volontaire lors de la guerre 14 18 il est versé dans le corps des transports de la 5ème division armée en qualité d’officier auxiliaire. Le premier mai 1916 il devient chef de la section cinématographique de l’armée. Il est cité à l’ordre du jour de l’armée « Pour le courage et le dévouement dont il a fait preuve lors de sa longue présence au front ». [12]Il était un homme d’affaires bien connu à Tournai où il était administrateur délégué des brasseries du Lion et président du club de football l’Union de Tournai dont le stade portait son nom. (voir photo ci dessous): les porte-drapeaux des sections de supporters de l’Union de Tournai à la Marlière)

Marliere union tournai.jpg

Mais il était également administrateur de plusieurs autres entreprises actives dans des secteurs différents tels la finance, le charbon, la pierre, la chimie, l’industrie alimentaire…

Il était franc-maçon et fut initié en 1902 à la loge tournaisienne du Grand Orient[13]. Cette appartenance a fait qu’il a choisi un frère de loge, Paul Bonduelle, pour établir les plans de la grande demeure qui allait remplacer les ruines du château des Crombez. Ce Tournaisien de naissance (Tournai 1877 – Bruxelles 1955) fut responsable du plan communal d’aménagement de Tournai après la guerre 40-45 et architecte en chef de l’exposition Universelle et Internationale de Bruxelles en 1958. Son décès en 1955 ne lui permit cependant pas de mener à terme ce dernier projet. Le « château Horlait », car, c’est comme cela qu’on le désigne à Orcq, est en fait une très imposante et majestueuse demeure construite en pierres. On peut y reconnaître des éléments de la symbolique maçonnique comme les deux colonnes de la façade est surmontées de chapiteaux présentant chacun deux têtes d’aigles et deux têtes de faucons, ces dernières étant des représentations du dieu égyptien Horus.

Durant la guerre 40-45 Gaston Horlait contribue activement à résister à l’ennemi. Voici un témoignage de sa petite fille Mireille T’Sas :

« Au début de la guerre 40/45 mon grand-père gérait une tannerie à Tournai. Afin de ne pas envoyer les cuirs pour fabriquer les chaussures des Allemands, il a déménagé, une nuit, toutes les machines de la tannerie à la Marlière et les a emmurées dans une grange jusqu’à la fin de la guerre. A ce moment, il a fait revenir les machines à Tournai et a fabriqué des cuirs pour les chaussures de l’armée américaine !!  Il a aussi employé des ouvriers pour creuser une piscine dans la propriété et la reboucher ensuite, quand il n’y avait pas de risques d’être découverts. Ce cycle alternatif a duré longtemps. Les Allemands n’y ont rien vu et ainsi les ouvriers n’ont pas été envoyés en Allemagne dans des camps de travail.»

La famille Horlait a du quitter deux fois la propriété pour faire place à des officiers allemands.[14] Selon un document établi à la prison de Saint Gilles le 27 mai 1943, Gaston Horlait y était à ce moment pensionnaire à cause de son appartenance à la franc-maçonnerie.[15]

Il est décédé le 20 avril 1948 au Zoute (Knokke).

 Jean Horlait[16] :

Après le décès de son père Gaston, il est devenu le propriétaire de la Marlière.

Né à Orcq le 2 avril 1911. Docteur en Droit de l’Université de Bruxelles et Officier de Réserve de l’Armée belge, il entra très tôt dans la vie professionnelle aux côtés de son père.

Il assura  la gestion de diverses entreprises appartenant à des secteurs industriels représentatifs de la vie économique du Tournaisis dans laquelle il s’impliqua activement notamment au travers de sa Chambre de Commerce. Pendant plus de 25 ans, il fut Membre du Comité d’Administration de la Société Générale de Banque à Tournai et Juge au Tribunal de Commerce de Tournai. Il exerça également divers mandats d’administrateur de sociétés opérant en Belgique, principalement dans le Hainaut et en région bruxelloise.

Toute sa vie durant, il vécut dans le domaine de La Marlière. Il épousa Antoinette Losseau.

Il est décédé à la Marlière le 22 mai 1993. Antoinette Losseau est décédée le 24 mars 1997.

Thierry Letartre

Les enfants de Jean Horlait, Philippe, Catherine et Patrick cédèrent la Marlière à Thierry et Servane Letartre, industriels français, en 1998. Ces derniers ont entièrement restauré le château construit par Gaston Horlait sans pratiquement en altérer l’aspect extérieur.

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Sans la contribution des personnes dont les noms suivent cet article n’aurait pu être mené à bien et je tiens à les remercier : par ordre alphabétique

Pol Baudru, Mireille Beernaerts T’Sas, Thérèse Blaton, Xavier Crombez Rémond de Montmort, Daniel Delécaut, Patrice Delobelle, Bernard Desmaele, Patrick Horlait, Danielle Larivière, Servane et Thierry Letartre, Florian Mariage, Gilbert Monvoisin, Daniel Motte, Jacques Pycke, Francis Taquet, Alain Tripnaux, Régine Vergnes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                    

 


[1] ARCHIVES COMMUNALES DE TOURNAI, Rapports du conseil échevinal d’Orcq en 1843, Dépôt d’archives de Templeuve.

[2] G. LEFEBVRE, Biographies tournaisiennes des XIXe et XXe siècles, Archéologie industrielle de Tournai, 1990, p 31.

[3] F. J. BOZIÈRE, Souvenirs et légendes de l’ancien Tournaisis, dans, La Feuille de Tournai, 1853-1857.

[4] F. J. BOZIÈRE, Souvenirs et légendes de l’ancien Tournaisis, dans, La Feuille de Tournai, 1853-1857.

[5] Photo offerte par F. Taquet originaire d’Orcq à l’ASBL LIGNE 4.

[6] A. DE LA GRANGE, Choix de testaments tournaisiens antérieurs au XVIe siècle, dans, Annales de la société historique et archéologique de Tournai. Nouvelle série tome 2, 1897,  p.  227 testament 799.

[7] Au coin des rues Frinoise et des Augustins à Tournai.

[8] Collection Famille Horlait en remerciant Patrick Horlait.

[9] Photo transmise aimablement par Xaxier Crombez Rémond de Montmort, descendant de Victor Crombez, ainsi que celles des figures 21 et 22.

[10] H. VANDENBROECK, La magistrature tournaisienne (1179-1871),  dans, Mémoires de la Société historique et littéraire de Tournait,  Tome 10,Malo et Levasseur, Tournai, 1871.

[11] ARCHIVES COMMUNALES DE TOURNAI, Rapports du conseil communal d’Orcq en 1843 1845, Dépôt d’archives de Templeuve.

[12] B. DEMAIRE, La guerre 14-18 dans les villages de Lamain,  Marquain et Orcq, dans, Ligne 4,  N° 2, novembre 2008 p. 36.

[13] J. PRAGMAN (pseudonyme), Visages de la franc-maçonnerie à Tournai, Collection Hiram, Bruxelles 2006

[14] Information orale de Thérèse Blaton,  petite fille de Gaston Horlait.

[15] Une copie de ce document m’a été transmise par Thérèse Blaton

[16] P. HORLAIT, Correspondance privée, 2011

 

 

Orcq et la Marlière lors des sièges de Tournai de 1581 à 1745

1. Orcq et la Marlière lors du siège de 1581

Après le siège de 1513 Tournai ne restera anglaise que 5 ans et en 1518 Henri VIII vend la ville pour 400000 écus à François Ier. En 1521 la ville sera assiégée et conquise par les armées de Charles Quint ; les remparts sont foudroyés à partir de l’artillerie impériale placée devant le bois d’Orcq[1]. En 1549 Charles Quint et son fils Philippe II font leur entrée solennelle à Tournai en venant de Lille. Mais nous ne trouvons à l’occasion de ces deux événements aucune indication permettant de dire que Orcq et la Marlière aient été occupés par des personnages illustres.

Tournai est donc devenue espagnole et beaucoup de ses habitants se tournent vers la religion réformée. L’année 1566 a été intense en incidents dramatiques. A Orcq, à la Marmite, Ambroise Wille organise de grands prêches auxquels participent des foules considérables. A Tournai le 24 août de la même année on assiste au « grand saccagement »[2] lors duquel on brûlera les archives de la cathédrale. Entre-temps Tournai est gouvernée par le Prince d’Epinoy favorable aux hérétiques et en 1581 l’armée espagnole sous le commandement d’Alexandre Farnèse, Prince de Parme, met le siège devant Tournai. La ville sera dirigée, en l’absence du Prince d’Epinoy par sa valeureuse épouse Christine de Lalaing.

Le Prince de Parme investit Tournai le 4 octobre et prit son quartier et logea à Orcq au « château d’Urtebize »[3] et selon un autre auteur au « château d’Hurtebize au val d’Orcq » également le 4 octobre[4].

Il semble bien qu’Hurtebize et Marlière se confondent, en effet un plan du camp espagnol en 1581 (voir plan ci-dessous) montre que le Prince de Parme logeait à la Marlière et au XVIIe siècle Nicolas François Desmartin, seigneur de la Marlière à partir de 1678, était aussi seigneur d’Hurtebize. Mais Nicolas François Desmartin était déjà seigneur d’Hurtebize avant de devenir seigneur de la Marlière. Il est donc probable qu’on ait appelé le château de la Marlière château d’Hurtebize après que Nicolas Desmartin l’ait acquis et que postérieurement des historiens tels que Flamme, mais aussi Chotin aient employé cette dénomination à l’occasion d’événements antérieurs à 1678.

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« Description du siège de la ville de Tournay » (plan partiel) par Pierre Lepoivre 1582 Bibliothèque royale Albert Ier à Bruxelles

Le plan ci dessus montre l’église d’Orcq dont l’axe principal est perpendiculaire à la rue de l’Eglise. L’église actuelle construite en 1782 est parallèle à cette rue et nous avions déjà à la lumière de plans anciens comme de Ferraris et autres, pu établir que la nouvelle église avait été reconstruite perpendiculairement à l’ancienne[5]

Par rapport à l’église, le camp de Farnèse et ses tentes se trouvent bien au cœur de l’ancienne seigneurie.

Le lecteur qui essaierait de comprendre la carte sera étonné de constater que deux ruisseaux convergent vers le point C. Le rieu d’Orcq actuel correspond à la branche BC, quant à la branche AC elle existait encore au XIXe siècle, mais a été entièrement canalisée.

La carte présente aussi la chaussée de Lille avec un parcours beaucoup plus sinueux qu’actuellement sans qu’on sache si c’était vraiment le cas ou la résultante d’une importante approximation.

Ce plan est à notre connaissance la plus ancienne représentation du village d’Orcq.

2. Le siège de 1667

On rappellera que la prise de Tournai en juin 1667 par Louis XIV est un épisode de la guerre de dévolution (1667-1668)

La dévolution est une ancienne coutume brabançonne d’après laquelle les enfants d’un premier mariage sont les seuls à hériter de leurs parents. Selon cette coutume Louis XIV a émis des prétentions sur plusieurs provinces de la monarchie espagnole après le décès du roi d’Espagne Philippe IV. Marie Thérèse d’Autriche épouse de Louis XIV était la fille aînée que Charles IV avait eue d’un premier mariage. Selon son contrat de mariage, Marie Thérèse n’avait en principe aucun droit à cette succession, mais la dot prévue en contrepartie n’avait jamais été versée à Louis XIV.

Dans le cadre de cette guerre, le 2 juin 1667, Louis XIV avait pris Charleroi et le 16, Ath. « Sa Majesté campa à la Capelle près de Ligne le 20 juin »[6]. Par la Capelle il faut en fait entendre les villages actuels de Chapelle-à-Oies et Chapelle-à-Wattines[7].

Le 21 juin Louis XIV se rendit vers les 7 heures du matin devant Tournai et le soir il traversa l’Escaut sur un pont formé de bateaux assemblés et fit disposer toute son armée pour le bivouac où il passa la nuit avec Monsieur. Le 22 la tranchée est ouverte et le roi passe la nuit au bivouac ainsi que le 23.

Dalicourt ne donne pas d’information plus précise. Par contre, Desmons se basant sur un manuscrit du comte de Vuoerden[8] que je n’ai pu retrouver dit que le 21 Louis XIV se posta à Orcq. Par contre, une autre source dit que le roi prit son quartier la même date, mais à Froyennes.[9]

Enfin, la seule histoire d’Orcq écrite à ce jour, à notre connaissance, précise que le soir du 21 juin Louis XIV a logé à la Marlière sans donner les sources de cette information[10].

3. Le siège de 1709

Dans le cadre de la guerre de succession d’Espagne, les alliés commandés par le prince Eugène de Savoie et le duc de Marlborough, enlèvent Tournai qui était aux mains des Français, le 28 juin 1709, et sa citadelle le 3 septembre. Sans en avoir la preuve absolue, on peut raisonnablement penser que le comte saxon Auguste Christoph von Wackerbarth (1662-1734), lieutenant général de l’armée alliée, a logé à la Marlière à cette occasion. Il fut chargé du commandement de l’aile droite des forces du comte de Schulembourg et la tranchée d’attaque se trouvait près du château.[11]

4. Le siège de 1745

Le siège de Tournai et la prise de la citadelle ainsi que la bataille de Fontenoy sont des épisodes de la guerre de succession d’Autriche, dont le but essentiel était d’affaiblir cette trop puissante nation.

Le 25 avril 1745, l’armée française, à la faveur d’un épais brouillard arrive aux portes de Tournai. La ville se rend le 20 mai et la garnison se retranche dans la citadelle pour se rendre un mois plus tard le 20 juin. Le 11 mai a lieu la bataille de Fontenoy qui voit la victoire des Français sur les alliés autrichiens, hollandais et anglais.

A l’occasion de ces opérations, Orcq et son château seront encore une fois mis à contribution.

Le 27 avril l’artillerie française arrive et place son parc à Orcq et le 28, c’est le corps d’ingénieurs qui arrive aussi à Orcq[12]. Il y a deux ans nous avions trouvé l’acte d’inhumation à Orcq d’Henri du Brocard commandant en chef de l’artillerie de l’armée du roi tué à Fontenoy, sans comprendre pourquoi on l’avait inhumé si loin du champ de bataille. A la lumière des informations précédentes on peut supposer que du Brocard avait ses quartiers à Orcq et qu’après son décès on l’ait ramené de Fontenoy vers Orcq pour y être inhumé.

Henri Baraillon du Brocard né vers 1672 a participé à de nombreux sièges et batailles. Il a été créé maréchal de camp le 20 février 1743. Il a dirigé les attaques du siège de Tournai et l’artillerie à Fontenoy le 11 mai 1745 où il a été tué d’un boulet à 8 heures du matin.[13]

Le 12 mai il fut inhumé dans l’église d’Orcq et Alexandre Toussaint curé d’Orcq écrit en latin dans son registre des décès : « Le 12e jour de mai 1745 fut inhumé dans l’église paroissiale d’Orcq noble Henri du Brocard, commandant des camps et armées du roi de France, lieutenant général d’artillerie tenant la contrée et premier de l’armée du roi en Flandre. »

En mai et juin 1745 deux ingénieurs du roi furent inhumés dans l’église d’Orcq : Frédéric Godefroy de Vélard de Paudy le 15 mai et Antoine de Regemorte  le 24 mai ainsi qu’un officier d’artillerie: Nicolas Gabriel de Saint Méloir de Pannet le 3 juin.[14] Le premier et le troisième sont décédés sur le coup, le deuxième deux semaines après avoir été blessé.[15]

Le comte Charles d’Aumale (1688-1750)  qui dirigeait les ingénieurs du roi à Tournai résidait peut-être à la Marlière. Il a donné au Maréchal de Saxe un mémoire pour régler la conduite à tenir dans la circonvallation de Tournai ainsi que l’estimation du nombre de travailleurs, soit 1800, nécessaires à l’ouverture de la tranchée à Orcq la nuit du 30 avril au 1er mai.[16]

Ce premier mai le comte d’Aumale fut créé Maréchal de camp devant Tournai.[17]

La présence d’Aumale au siège est donc avérée et la tranchée ayant été ouverte à deux endroits, l’un à la cense des Mottes à Froyennes et l’autre au centre d’Orcq, traversant la propriété actuelle de la Marlière, on peut raisonnablement supposer qu’il logeait à Orcq.

Par contre on peut dire avec certitude que le duc Charles de Fitz-James, commandant des travaux au siège de Tournai a logé à la Marlière. Les mémoires de Godefroy, un témoin des faits, précise : « J’ai été à Orcq, chez milord Saint-James, qui est logé au château d’Orcq » et aussi « Le régiment de Saint-Jal a été obligé de se retirer un peu, parce qu’il était trop vu du canon de la place ; un boulet de canon a donné dans le toit du château d’Orcq, dont un domestique de milord a été blessé »[18]

L’attaque de la ville s’est faite par la porte des Sept Fontaines soit à l’endroit où la chaussée de Courtrai arrive à Tournai. Le théâtre des opérations était situé entre les chaussées de Lille et de Courtrai et à l’est du rieu d’Orcq appelé dans son cours inférieur, rieu de Maire. Orcq et son château où les artilleurs et les ingénieurs du roi étaient cantonnés était donc le point névralgique de commandement des opérations du siège de 1745.

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Plan des attaques de la ville et citadelle de Tournay (détail). 1745 Collection privée

Le plan ci dessus donne le détail du tracé de la tranchée à Orcq.[19]

De a à b, le tracé de la chaussée de Lille

De c à d, le tracé du rieu d’Orcq

En 1, l’église encore perpendiculaire à la rue du même nom à cette époque

En 2, le château de la Marlière, en 1745 Louis François Druez était seigneur de la Marlière.

En 3, le dépôt comme indiqué sur le plan. C’est là que la tranchée a été ouverte, cette tranchée servait aux assiégeants à approcher la ville à couvert, elle mesurait 15 pieds de large. Un tel ouvrage mené en mai anéantissait évidemment tout le travail des agriculteurs. Ce dépôt, qui contenait ce qui était nécessaire au siège, devait se trouver approximativement à l’endroit où se joignent les fonds des propriétés de MM Lhoir (ancienne ferme O. Bothuyne) et Soudant (ancienne ferme Ghislain) – parcelle A306 du plan Popp[20].

En 4, la Barrière (croisement du chemin Vert et de la chaussée de Lille)

En 5, la tranchée proprement dite qui était plus ou moins parallèle à la chaussée de Lille et recevait près de l’allée des Patriotes une branche venant directement de la chaussée, sans doute pour en faciliter l’accès. Elle faisait ensuite un coude pour traverser le chemin Vert et continuer vers Tournai.

Ouverture de la tranchée : le siège d’une ville était en fait une guerre de tranchées. Tout autour de la ville, un espace dénudé, le glacis, permettait aux assiégés d’observer les assiégeants et de leur envoyer des boulets. Il fallait donc approcher la ville en creusant des tranchées qui tout en approchant des ennemis devaient rester le plus parallèles possible au mur d’enceinte afin d’éviter que les boulets ne puissent y faire trop de dégâts. Le début du siège était marqué par l’ouverture de la tranchée, moment qui revêtait une certaine solennité.

 Je tiens à remercier vivement Alain Tripnaux, président du Tricorne, l’association de sauvegarde du patrimoine lié à la bataille de Fontenoy, pour ses conseils éclairés.

 


[1]A.G. CHOTIN, Histoire de Tournai et du Tournésis, imprimerie Massart et Janssens, Tournai, 1840., tome 2, p. 107.

[2] A.G. CHOTIN, op. cit. tome, 2 p. 168.

[3] J.B. FLAMME, Histoire de la ville de Tournai, Imprimerie Massart et Janssens, Tournai, 1849, p. 133.

[4] A.G. CHOTIN, op. cit., tome 2 p. 197.

[5] B. DEMAIRE, Orcq à la fin du XVIIIe siècle sur la carte de cabinet des Pays-Bas dite carte de Ferraris, dans Revue Ligne 4, N° 3 MAI 2009,  p. 17. 

[6] P. DALICOURT, La campagne royale ou le triomphe des armes de sa Majesté és années 1667 et 1668,  A Paris chez la veuve Gervais Alliot et son fils Gilles Alliot 1668, 2ème partie p. 29.

[7] F. DESMONS, La conquête en 1667, H. et L. Casterman libraires éditeurs, Tournai, 1907, p. 93.

[8] Desmons écrit Woerden, mais le comte lui-même écrit son nom Vuoerden, d’autres auteurs écrivent aussi Voerden

[9] VANDEUVRES, Relation de la guerre de Flandres en l’année 1667, Chez Charles Osmont, Paris 1672, p. 49.

[10] O. COLLYNS, Monographie d’Orcq, Publication à compte d’auteur, vers 1954, p. 146.

[11] A. TRIPNAUX, Corespondance privée, A. Tripnaux est un historien local qui maîtrise très bien l’histoire militaire de Tournai sous l’ancien régime.

[12] J. COLIN,  Les mémoires du Maréchal de Saxe T III Journal du siège de Tournay du 20 avril au 20 mai 1745, Librairie militaire R. Chapelot, Paris, 1901 1906.

[13] On retiendra aussi qu’il fut l’inventeur de la gargousse : c’est la charge de poudre du canon pour tirer un coup contenue dans son enveloppe.

[14] Tournai, A.É.T., Registres paroissiaux d’Orcq, décès 1745

[15] J. COLIN,  Les mémoires du Maréchal de Saxe T III, Journal du siège de Tournay du 20 avril au 20 mai 1745 et Journal du siège de la citadelle de Tournay du 20 mai au 20 juin 1745, Librairie militaire R. Chapelot, Paris, 1901 1906.

[16] L.CORMONTAINGNE, L’attaque des places, Editions Anselin, Paris, 1835, p. 276.

[17] COURCELLES, Dictionnaire historique et biographique des généraux français, Chez l’auteur, Paris 1820,  p. 229.

[18] J. COLIN, op. cit., p. 173.

[19] ANONYME, Plan des attaques de la ville et citadelle de Tournai, Vendu  chez Panckoucke à Lille et Robert à Paris, 1745

[20] P.C. POPP, Atlas cadastral de Belgique, plan parcellaire d’Orcq, Vers 1860.

Ferme 21: rue de l’Eglise Sainte-Agathe, 23

 

21 

POPP N° parcelle

A 193 a 

POPP Propriétaire

GHISLAIN Marie Jh Veuve CARTON 

Propr. ou Occupant actuel

BAUDENS CROAIN 

Adresse

Rue de l’Eglise Ste Agathe 23 

Dernier exploitant connu

 Probablement Jules Guillaume LUC

Le 29 thermidor de l’an VIII (5 août 1800) Pierre Joseph Carton époux de Marie Louise Broquesoy achète cette petite ferme aux époux Louis Auguste Joseph Bonnaire et Adélaïde Félicité Joseph Rousseau  de Lille . Le couple Carton s’était marié à Orcq en 1791 et a eu deux enfants nés à Orcq Pierre Joseph en 1792 et Rosalie en 1796, j’ignore la destinée de cette dernière.

Pierre Joseph fils épouse Marie Joseph Ghislain à Orcq en 1820. Ils eurent 11 enfants, dont 1 seul garçon décédé le jour de sa naissance, deux filles moururent en bas âge.

Le 3 décembre 1848, Pierre Joseph Carton décède, son épouse et ses 8 filles survivantes héritent de la ferme.

En 1874, une des filles, Léonie Louise achète la part de sa mère et de ses sœurs survivantes.

Un an plus tard, en 1875, Léonie Louise épouse Guillaume Désiré Joseph Luc originaire de Froyennes. Ils auront trois enfants.

Guillaume décède le 11 1 1899 et Léonie Louise le 19 7 1905.

Le 16 octobre 1906, les enfants partagent les biens des parents.

Le lot constitué de la ferme et des terres attenantes ira à Jules Guillaume.

Jules Guillaume Luc avait épousé Clémence Ghislain le 23 octobre 1906 à Orcq, elle était la fille du bourgmestre d’Orcq Jules Léopold Ghislain. Le couple aura 6 enfants, trois naîtront dans la ferme et l’aîné y périra accidentellement après avoir renversé sur lui une bassine d’eau bouillante, en juillet 1909. 

LUC JULES.jpg

Jules Guillaume Luc

Num 6 Clémence Ghislain.jpg

Clémence Ghislain

Num 3 Famille Luc vers 1919.jpg

Photo des enfants des époux Luc Ghislain vers 1919. A l’arrière: Ghislaine Glorieux qui épousera en 1936 Léon Comblez fils d’un cousin de Jules Guillamne Luc, Jules, Julien né à Lamain le 26 octobre 1918 car la famille avait dû évacuer quelques jours auparavant, le front de la guerre 14 18 s’étant fixé quelques jour à Orcq, Emilie (voir ferme 14); à l’avant: Jeanne et Léonie dernière survivante en 2014 de la famille et qui fut institutrice gardienne à Orcq de 1953 à environ 1970. Jules et Emilie sont nés dans la ferme.

Le 29 11 1911 Jules Guillaume achète la ferme située sur la place (ferme appartenant actuellement à l’ASBL Vivre ensemble).

Nous supposons qu’il aura vendu la ferme rue de l’église pour acheter plus important.

On retrouve ensuite la famille Fernand Brunelle Azéma Malisart qui y exerça le métier de marchand de lait. Ils auront trois enfant dont Fernand fils qui y exerça aussi le métier de laitier.

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Fernand Brunelle père

Après le décès de Fernand Brunelle fils, célibataire, en 1978, la propriété a été acquise en 1979 par les époux Baudens Croain qui l’ont très bien aménagée et agrémentée d’un jardin magnifique parfois ouvert aux amateurs.

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Plan de la ferme (parcelle supérieure) à l’occasion d’un bornage en 1876

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Pigeonnier: état en 2009

 Actes notariés anciens chez Michel Luc

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                  

 

                                

 

   

 


 

            

 

             

 

 

 

 

      

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les propriétaires de la Marlière à Orcq aux XIXe et XX e siècles

1. Piat Lefebvre Boucher et Louis François Xavier De Clercq

Piat François Joseph Lefebvre (Tournai 1752-1837) négociant et banquier était un descendant des célèbres orfèvres tournaisiens. Il avait épousé à Tournai en 1787 Marie Robertine Joseph Boucher (Tournai 1762 – Paris 1833). On accole généralement le nom de Boucher à celui de Lefebvre pour désigner Piat François Joseph Lefebvre et le distinguer d’autres membres de la famille portant le même prénom. Par décret du préfet du département de Jemappes en 1800 il est nommé membre du conseil de la ville de Tournai.

Louis François Xavier De Clercq est né à Moen en 1774 et décédé à Paris en 1838. Il était le fils de Jean, dernier bailli de Moen (Flandre Occidentale).

Nous nous sommes largement inspiré pour cette période d’une étude relative à la famille De Clercq  publiée par le cercle d’histoire d’Oignies (Pas-De-Calais), Onyacum, sous la direction de Danielle Larivière[1] qui s’est elle-même basée sur un travail de Régine Vergnes[2] aux archives nationales à Paris qui a passé le fonds Rohan Bouillon au crible. Ce fonds est constitué des archives de la famille LFX De Clercq Crombez relatives essentiellement à la liquidation de la faillite du prince de Rohan Guéméné, et déposées par leurs descendants aux archives nationales françaises.

En 1782 Henri Louis Marie prince de Rohan Guéméné et son épouse Victoire Armande de Rohan Soubise qui menaient grand train à Paris font une banqueroute colossale de 33 millions de livres. Leur petite fille Berthe de Rohan Guéméné fille de Charles Alain Gabriel qui avait épousé son oncle paternel (!) Louis Victor Mériadec, chargea L.F.X. De Clercq de la liquidation de la succession. Le père de LFX De Clercq, Jean, était attaché au service de la maison de Rohan. Les fonctions remplies par son père expliquent sans doute ce choix[3].

Dès le début du XIXe siècle Lefebvre et son épouse et De Clercq s’associent et créent une société civile détenue à raison de 50% par les époux Lefebvre et 50% par De Clercq. Piat Lefebvre Boucher seul et l’association Lefebvre De Clercq feront des investissements immobiliers énormes et acquerront entre autres des biens provenant de la succession Rohan Soubise. On a dit d’eux qu’ils étaient de grands acheteurs de biens nationaux (saisis aux aristocrates et communautés religieuses)[4] On pourra juger de l’importance de leurs activités par quelques exemples :

Lors du décès de Marie Robertine Boucher épouse de Piat Lefebvre, l’association dut être légalement dissoute, l’un des associés étant décédé. L’acte de partage des biens immobiliers, à l’exclusion donc des biens mobiliers et de nombreuses affaires non encore liquidées, fut passé à Gentilly devant le notaire Me d’Anne le 16 janvier 1834. Le total des terres et forêts est d’environ 8000 hectares, dont deux domaines situés en Normandie, la forêt de Préaux acquise en 1822 d’une étendue de 1992 hectares et la forêt de Beaumont-le-Roger de 3455 hectares.

De plus certaines acquisitions ont été faites par De Clercq ou Lefebvre en dehors de l’association :

Piat Lefebvre Boucher acquerra pour moitié en 1804 le comté de Walhain appartenant à Armande Victoire de Rohan Soubise, l’autre moitié étant acquise par son oncle portant le même prénom que lui et ses cousins propriétaires de la manufacture de tapis de Tournai. Le prix payé était de deux millions de livres. Les biens étaient situés dans 41 villages belges différents[5]. Quatre ans plus tard, Piat Lefebvre Boucher devenait le propriétaire de l’ensemble en rachetant la part de ses oncle et cousins.

L’achat de la Marlière pour 15000 francs en 1803 par De Clercq et Lefebvre associés paraît dès lors bien modeste. L’acte a été enregistré à Tournai le 22 frimaire de l’an 12 soit le 14 décembre 1803[6] :

Jean Christian de Woestenraedt, ancien chanoine à la cathédrale de Tournai demeurant rue du Cygne à Tournai vend à MM Piat François Joseph Lefebvre Boucher et Louis François Xavier De Clercq, tant pour eux que pour leurs héritiers « la terre ci-devant fief et seigneurie de la Marlière » En plus du fief initial, quelques autres terres, que nous n’avons pas pu localiser, pour un total d’environ 2 hectares faisaient aussi partie de la transaction

L’acte dit aussi que le château et le jardin sont occupés par De Clercq. C’est le début du siècle et l’aube d’une ère nouvelle, le fief et la seigneurie ont vécu. Jusqu’en 1920 la Marlière va rester la propriété de Lefebvre et De Clercq et leurs descendants. Ce sera aussi une ère d’extension et de faste.

Après l’acquisition, d’importants travaux d’embellissement seront entrepris, mais dès 1820 les activités financières des associés les amènent à résider à Paris et le château est inoccupé.[7]

Il faudrait mener une investigation plus profonde pour comprendre comment De Clercq a pu se constituer une fortune estimée à près de 20 millions de francs en 1838, année de son décès. Astuce et intelligence hors normes étaient sans doute les principales de ses qualités. Cependant, la façon dont ce descendant d’une famille de petits baillis flamands a pu bâtir une fortune aussi colossale à partir de la liquidation  des biens de ces grands aristocrates français, sans doute quelque peu naïfs, a quelque chose, qui près de deux siècles plus tard, inspire la sympathie, voire l’admiration.

2. Henriette De Clercq Crombez

Henriette Lefebvre baptisée le 31 janvier 1790 à Sainte Marguerite à Tournai, fille de Piat Lefebvre et Marie Robertine Boucher, va épouser Benoît Georges Alexis Crombez. Il est le fils de Jacques Antoine anobli, en 1792, par François II empereur d’Allemagne. Benoît Georges Alexis Crombez est un richissime négociant tournaisien qui a fait fortune dans l’approvisionnement en fourrage des armées de Napoléon[8]. Ce couple marié en 1811aura dix enfants dont trois mourront en bas âge et deux resteront sans postérité. Les cinq autres eurent au moins une vie bien remplie sinon des destins exceptionnels. Deux d’entre eux ont marqué de leur empreinte l’histoire de la Marlière, ce sont l’aînée Henriette et le troisième Victor. Comment garantir la pérennité d’une association lucrative qui brassait des sommes énormes et engendrait des profits considérables comme l’association Lefebvre De Clercq si ce n’est par un mariage ?

Henriette Aline Françoise Ghislaine Crombez  née en 1812 épousera donc Louis François Xavier De Clercq, l’associé de son grand-père, à Paris en 1834. Elle est de 38 ans sa cadette.

L.F.X. De Clercq était un parti convoité et au sein même de la famille Lefebvre, il a été la cause de dissensions. Une lettre de l’oncle d’Henriette Crombez, Marc Lefebvre frère aîné de sa mère, conservée dans le fonds Rohan Bouillon en témoigne. Le 5 novembre 1833, alors qu’Henriette Crombez est promise à De Clercq, il propose cyniquement à ce dernier « à votre choix » (textuellement dans la lettre) de s’allier avec une de ses trois filles car, il en avait trois en âge de se marier. Et si cela ne suffisait pas, il garantissait à De Clercq que dans le cas où il persistait à vouloir épouser Henriette Crombez, mais qu’elle succomberait rapidement après le mariage, ses filles resteraient célibataires pour qu’il puisse faire un choix parmi elles[9] ! Marc Lefebvre qui avait épousé Louise Meuret originaire de Mons fera finalement une banqueroute retentissante vers 1840 à Tournai. Il dirigeait la banque Lefebvre Meuret.

Lors de la dissolution de l’association Lefebvre De Clercq dont nous avons parlé plus haut, deux lots sont constitués et tirés au sort entre L.F.X. De Clercq d’une part et Piat Lefebvre et ses enfants Henriette Lefebvre et Marc Lefebvre Meuret d’autre part. Le lot 1 contenant entre autres le château de la Marlière à Orcq et la terre d’Oignies échoit à LFX De Clercq. C’est donc le hasard qui a fait de lui, et plus tard son épouse, les châtelains de la Marlière.

Henriette Crombez aura deux enfants de L.F.X. De Clercq qui décédera en 1838.

DE CLERCQ - IMG_0717 - Mme DE CLERCQ et ses enfants - ORIGINAL JUIN.jpg

 La figure 7 (collection privée. Photo Ch. Juin pour D. Larivière Association Onyacum – Oignies) la représente en compagnie de ses enfants Berthe et Louis. Après le décès de son mari Henriette Crombez résidera la plupart du temps à Oignies et parfois à Paris à l’hôtel particulier qu’elle possède à la rue Masseran.

La voici seule à la tête d’une immense fortune.

En 1840 elle achète 7 hectares et 1 are contigus à la Marlière, au nord du chemin du même nom, aux frères et sœurs Longueville. Une ferme était bâtie sur ce terrain, mais elle a été détruite un peu plus tard par Victor Crombez le frère d’Henriette après qu’il eut acheté ce bien à sa sœur en 1845. Cette terre est clairement représentée en f sur le plan plus loin. Ces sept hectares d’un seul tenant entourant une ferme ont certainement une origine ancienne, mais ni la tradition orale ni les cartes anciennes n’ont conservé de nom de l’endroit ou de la ferme. Dans l’acte de vente sous seing privé entre Henriette De Clercq Crombez et Victor Crombez, l’endroit sera désigné par « enclos Jubaru » du nom de l’agriculteur qui exploitait les terres à cette époque. Les époux Jean Louis Jubaru et Adélaïde Dupont exploitaient la ferme et étaient originaires de Watterlo (sic),[10] après une exploitation de données généalogiques disponibles sur le site Généanet il s’est avéré que ce nom de famille est originaire de Wattrelos. Le responsable de la transcription du recensement avait simplement créé une commune hybride entre Waterloo et Wattrelos !

 Cet « enclos » appartenait en 1791 à Mr Crequeaux[11]. Je pense qu’il y a lieu de lire Cresteau, et « Mr Crequeaux » est très probablement Charles Joseph Cresteau époux de Marie Ignace Joseph Longueville. Le couple a eu 11 enfants, mais la seule descendante restante fut une de leurs filles : Sophie Hildegarde qui décéda en 1835. Le bien fut mis en vente en 1840 et acheté par Henriette Crombez aux descendants de Nicolas Alexandre Joseph Longueville frère de Mme Cresteau.[12] Ces héritiers sont désignés dans l’acte comme héritiers de Sophie Hildegarde Cresteau. Charles Joseph Cresteau et son père Claude étaient seigneurs de Basses-Mottes à Forest (Hainaut).

Une raison supplémentaire a peut-être poussé Henriette De Clercq Crombez à acquérir cette propriété, en effet son arrière grand-mère, grand-mère maternelle de son père n’était autre que Marie Anne Dorothée Cresteau sœur de Charles Joseph Cresteau. « L’enclos » restait ainsi dans la famille.

A Oignies Henriette De Clercq Crombez a eu une action sociale considérable et a payé de ses deniers les constructions de la mairie, de l’église, de l’école des garçons et celle des filles, d’une salle de patronage, d’une usine à gaz … représentant une somme investie de 4 millions de francs de l’époque sur une période de 30 ans[13] [14].

Henriette De Clercq Crombez s’est éteinte le 10 février 1878 à Oignies à l’âge de 65 ans, elle a eu des funérailles somptueuses et Oignies n’avait jamais vu autant de monde. Ses descendants se sont unis à des noms prestigieux de l’aristocratie française et européenne, attirés par son immense et insolente fortune.

MARLIERE 1829 BIS.jpg

Extrait du plan de la ville de Tournai par Carlez et Gaudy 1829 (Archives de l’Etat à Tournai)

Le plan de la figure 8 s’arrête au milieu de la propriété de la Marlière mais il en donne une bonne idée de l’état 5 ans avant le mariage d’ Henriette Crombez. On distingue très bien une drève d’accès à partir du chemin Vert qui n’existe plus actuellement. Nous avons retourné le plan pour le rendre plus lisible, car il est orienté avec le sud vers le haut.

3. Victor Crombez

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 Photo Victor Crombez.jpg

Victor Crombez vers 1890

Le 29 juillet 1845, Henriette De Clercq Crombez, par un acte sous seing privé, passé en face du notaire Simon à Tournai[15] vendait à son frère Victor Crombez (voir figure 9 âgé de 34 ans[16]) des biens décrits sous 41 articles différents situés à Orcq, Marquain, Hollain et Tournai, parmi lesquels la Marlière et quelques terres situées près de l’ancien fief et qui seront incorporées plus tard dans le parc, constituant les terres héritées de son mari LFX De Clercq ainsi que « l’enclos Jubaru » dont nous avons parlé plus haut.

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Le plan ci dessus ayant comme trame le plan cadastral d’Orcq de Christian Popp édité vers 1860 nous aidera à mieux visualiser la formation de la Marlière actuelle qui s’est constituée entre 1840 et 1858, sous la houlette des frère et sœur Crombez.

Pour se repérer, on trouve dans le coin inférieur droit  la chapelle ND de la Paix le long de la chaussée de Lille.

Les parcelles A, B, C, D et E constituent les terres reçues par Henriette De Clercq lors de la succession de son mari.

En A le fief initial et en B, C, D et E sans doute les quelques terres acquises en 1803 par Piat Lefebvre Boucher et L.F.X. De Clercq du comte de Woestenraedt et qu’on n’a pas pu situer à partir de l’acte initial.

En F « l’enclos Jubaru » acquis par Henriette De Clercq Crombez pendant son veuvage.

Les terres A à F ont été vendues à Victor Crombez en 1845.

Acquisitions et échanges de Victor Crombez ultérieurs à 1845

En août 1847[17] il fait un échange avec Marie Anne Lecomte veuve d’Hippolyte Varlet et ses enfants agriculteurs d’Orcq, il donne la pièce E et reçoit en échange la pièce G, ce qui lui permet d’avoir un large accès vers la chaussée de Lille qui deviendra plus tard l’accès principal au château.

En octobre 1849,[18] il achète la parcelle et la ferme H enclavées dans sa propriété. L’ensemble avait été acheté en 1756 par Nicolas Joseph Ghislain qui l’avait acquis de Ferdinand Maloteau. Nicolas Ghislain agriculteur d’Orcq descendait de Louis Ghislain originaire de Taintignies et qui s’était installé à Orcq en 1665 lors de son mariage avec Marie Martin originaire du village. Ce sont les descendants de ces Ghislain : Marie Joseph, Jean Baptiste et Charlotte qui vendirent la propriété pour 6000 francs à Victor Crombez. Jean Baptiste était l’exploitant et déjà en 1837 il avait racheté la ferme située au 36 Vieux Chemin de Lille qui était en ruines à l’époque. Cette ferme restera connue sous le nom de ferme Ghislain ; elle est actuellement propriété d’André Soudant.

En juin 1856,[19] Victor Crombez achète la parcelle, la ferme et la maison de campagne reprises sous L sur le plan. Sur le terrier n° 48 de 1791 de la cathédrale de Tournai, la ferme et les terres qui l’entourent appartenaient à Mr Miroux, sans doute le père de Jeanne Catherine Françoise Miroult dont question plus bas.

P1070214.JPG

 A la ferme est accolée une demeure de style classique ( Photo ci dessus: état actuel) bâtie en 1822 par les de le Vingne.[20] L’ensemble était avant 1856 la propriété des époux Jean Baptiste de le Vingne et Rosalie Périer qui les avaient hérités des parents Bon Gaspard de le Vingne et Jeanne Catherine Françoise Miroult. La maison était leur maison de campagne et la ferme était louée mais nous ignorons à qui. La photo montre l’aile centrale de la maison de campagne et à gauche la ramure de l’un des arbres remarquables de la Marlière, un châtaignier de plus de deux siècles.

Jean Baptiste de le Vingne est décédé en 1841 et son épouse Rosalie Périer en 1855.

Leurs enfants Adolphe, Sidonie Delphine, Edouard et Rosalie  ont vendu la maison et la ferme avec 3 hectares le 17 juin 1856 à Victor Crombez. Le même jour ils ont aussi vendu au même environ 4 hectares de terre situés à Orcq section B N° 372. Le prix de vente de l’ensemble était de 50000 francs.

Le petit terrain situé au sud juste en dessous de cette parcelle est le jardin du presbytère.

Dans son dénombrement des biens de la paroisse fait au début de son ministère en 1653,[21] Nicaise Hennet dit que le presbytère est contigu au nord avec « l’héritage des hoirs de Mademoiselle Molembaye occupé par Noé Deswattines. ». Le curé Parsy, en 1668, dit qu’au nord du presbytère se trouve l’héritage de Monsr …Oostemberghues[22] occupé par Jacques Bracquenier. Il faut vraisemblablement lire Troostembergh famille de la noblesse belge. Nous ignorons si des liens familiaux ont existé entre ces propriétaires de l’ancien régime.

Enfin en août 1858,[23] Victor Crombez acquiert la parcelle et la ferme désignée sous le nom de ferme du Pont situées en M sur le plan. C’est sur cette parcelle que l’on voit les ruines d’une tour ancienne, voir photo ci dessous un détail de cette ruine.

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Sur le terrier N° 48 de 1791 (Archives de la cathédrale de Tournai) la ferme du Pont et d’autres terres à Orcq appartiennent à Mr de Blarenghien. Cela coïncide avec l’acte d’achat de 1858 de Victor Crombez de cette ferme à un Roubaisien qui l’avait acquise des frères Louis et Roger de Podenas arrières petits fils de Jean Albert Joseph de Buisseret de Blarenghien. Les de Podenas avaient déclaré être propriétaires des biens depuis des temps immémoriaux. En principe donc en fouillant la généalogie ascendante de A. J. de Buisseret de Blarenghien et son épouse (sa cousine germaine) on devrait trouver des informations sur les anciens propriétaires de cette tour. De Saint Allais dans son nobiliaire universel de France dit que, les Buisseret de Blarenghien sont seigneurs, de « Marquin ».[24]Puisque la propriété concernée touche au jardin de la cure à l’ouest, on peut tenter d’établir une filiation des anciens propriétaires de ce bien en recourant encore une fois au dénombrement des biens de la paroisse fait par Nicaise Hennet en 1653. Il écrit que le terrain de la cure est limité au levant à la propriété des héritiers de Séraphin du Chambge.

Nous avons trouvé quelques éléments de la généalogie de cette famille[25],[26], ce qui nous a permis d’établir un lien entre les du Chambge et les Buisseret de Blarenghien.

Séraphin du Chambge 1560 1618.

Son fils Nicolas 1595 1641 a épousé Marie Miroul. Elle est veuve en 1653 quand Hennet fait son dénombrement et il décrit la parcelle comme appartenant aux hoirs de son beau-père Séraphin du Chambge.

On retrouve ensuite Pierre François du Chambge dont la fille Jeanne épouse Jacques Talbout

Leur fille Marie Françoise épouse Jean Albert de Buisseret de Blarenghien père de Louis Henri Joseph (propriétaire sur le terrier 48 de 1791) et de Charlotte Albertine Marie mère de Jean Baptiste de Podenas père de Louis et Roger de Podenas qu’on a cité plus haut.

Selon Sars de Solmon[27] les du Chambge de Lille (qu’il écrit du Chamlge) portent d’argent au chevron de gueule accompagné de deux merlettes de sable en chef et d’un trèfle de sinople en pointe)

Des dénombrements ultérieurs des biens de la paroisse ont été faits par des curés d’Orcq et font référence aux du Chambge :

Le curé Parsy dit vers 1668 que le presbytère est limité du levant par l’héritage des hoirs de Mr du Chamge de Lille occupé par Noé Deswattines. C’est ce même Noé Dewattines qui fera ériger la chapelle ND de la Paix face à la ferme du Pont en 1698. Nous avons pu prouver que l’inscription sur la chapelle rafraîchie en 1952 était erronée et qu’en place de Defroyennes il fallait lire Deswattines.

Et Morelle écrit dans un dénombrement non daté que du temps de Toussaint, son prédécesseur, le presbytère était limité par 22 cens de terre des demoiselles du Chamge de Lille occupé par Louis Leconte. Le seul Louis Leconte qui puisse correspondre à lui est né vers 1752 ce qui situerait la date du dénombrement vers 1775 au moins. Donc à ce moment ce sont encore des du Chambge qui sont propriétaires (sans doute des descendantes célibataires de Pierre François du Chambge, suite auxquels les Buisseret de B. sont devenus propriétaires).

Ainsi en 18 ans Henriette Crombez et son frère Victor ont fixé les limites de la Marlière qui sont encore les siennes actuellement à l’exception de la parcelle M, qui a été séparée du reste de la propriété par vente vers la fin du XXe siècle

 


[1] D. LARIVIERE, La famille De Clercq, généalogie, origines, descendants, Cercle d’histoire d’Oignies Pas-de-Calais, 2011

[2] Non publié.

[3] P.A. DU CHASTEL DE LA HOWARDRIES-NEUVIREUIL, Les descendants de Marguerite De Rasse femme de Charles Lefebvre orfèvre, dans, La revue tournaisienne, plusieurs numéros entre 1900 et 1910

[4] E. MEUWISSEN, Les Crombez, dans Wavriensia Racines, Revue du Cercle Historique, Archéologique et Généalogique de Wavre et du Brabant wallon, Tome LIX n° 5, 2010, p. 200.

[5] Tournai, A.É.T. Archives de l’enregistrement, Volume 19, article 196.

[6] Tournai, A.É.T. Archives de l’enregistrement, Volume 18, article 144.

[7] F. J. BOZIÈRE, Souvenirs et légendes de l’ancien Tournaisis, dans, La Feuille de Tournai, 1853-1857.

[8] E. MEUWISSEN, op. cit., p. 205.

[9] Archives nationales françaises, Fonds Rohan Bouillon, 273 AP 280.

[10] Tournai, A.É.T.,Archives de la commune d’Orcq-population, sans date mais vraisemblablement 1829.

[11] Tournai, A.C.T., Terrier des faubourgs et pouvoirs de cette ville, Terrier Nº 48, 1791.

[12] Archives de l’enregistrement de Tournai, Volume 234B article 60.

[13] F. MOIGNO, Institutions créées pour améliorer la condition physique et morale des populations – Mme Vve Henriette De Clercq à Oignies, dans Revue Les mondes, 1868, p. 620.

[14] Il est intéressant de noter qu’en 1842 en faisant creuser un puits artésien dans sa propriété d’Oignies pour alimenter une pièce d’eau elle a découvert du charbon, cette découverte devait être à la base de l’exploitation de la houille dans le Pas-de-Calais. Selon certains cette découverte ne serait pas le fruit du hasard, mais elle aurait utilisé ce prétexte pour ne pas éveiller la curiosité d’autres prospecteurs potentiels !

 

[15] Tournai, A.É.T. Archives notaliales Notaire Charles François Josepf Simon, N° 965 acte du 1 8 1845.

[16] Lithographie reprise d’un menu imprimé en 1893 par Vasseur frères à Tournai à l’occasion du 50e anniversaire de la société des Orphéonistes dont V. Crombez fut président. Collection Max Hovine.

[17] Tournai, A.É.T., Archives de l’enregistrement de Tournai, Volume 300A article 29.

[18] Tournai, A.É.T., Archives de l’enregistrement de Tournai, Volume 319B article 56.

[19] Tournai, A.É.T.,  Archives de l’enregistrement de Tournai, Volume 439 article 8.

[20] F. J. BOZIÈRE, Souvenirs et légendes de l’ancien Tournaisis, dans, La Feuille de Tournai, 1853-1857.

[21] Tournai, A.É.T.,  Archives paroissiales Ste Agathe d’Orcq, I 33 N°330.

[22] Tournai, A.É.T.,  Archives paroissiales Ste Agathe d’Orcq, I33  N°331.

[23] Tournai, A.É.T.,  Archives de l’enregistrement de Tournai, Volume 485 article 104.

[24] DE SAINT ALLAIS, Nobiliaire universel de France, A Paris chez l’auteur, 1840.

[25] M. LAINÉ, Archives généalogiques et historiques de la noblesse française, Tome 8, à Paris chez l’auteur 1843.

[26] P.A. DU CHASTEL DE LA HOWARDRIES-NEUVIREUIL, Notices généalogiques tournaisiennes dressées sur titres, Vasseur Delmée, Tournai, 1881, Tome 1 p. 418.

[27]C. DE SARS DE SOLMON,Recueil de généalogies, fragments, notes et épitaphes des provinces du Nord Valenciennes, XIXe siècle

 

Peinture: sujets et paysages de chez nous

Lors de mes réalisations à l’atelier de Willy Meurisse, j’ai aussi été inspiré par des sujets locaux. Je les livre ci-dessous

Vue d'Orcq peu connue à partir du Mont d'Orcq, non loin du zoning

Vue d’Orcq peu connue à partir du Mont d’Orcq, non loin du zoning (coll. privée)

Le parc de la Marlière d'après une photo de 1907

           D’après une photo de 1907 Parc de la Marlière à Orcq, peint en 2008, 70/60

Orcq rue de l'église sous la neige

Orcq rue de l’Eglise Sainte-Agathe (coll. privée)

A PION LAMAIN

Copie d’un tableau de Louis Pion – Panorama de Lamain

Chapelle à Lamain

Le calvaire de Lamain d’après une carte postale des années 1950 (coll. privée)

Marquain enterrement de l'abbé Roupin curé

L’enterrement du curé de Marquain, l’abbé Roupin (1950) d’après une photo

Mons Doudou pluvieux en 2012

Mons Doudou pluvieux en 2012

Huissignies

Huissignies (coll. privée)

poste frontière à Hertain

Poste frontière à Hertain d’après une carte postale début XXe

Chemin de la Marlière à Orcq

Orcq chemin de la Marlière d’après une aquarelle de Leconte 1895

Tournai rue des Orfèvres mai 1940

Tournai, rue des Orfèvres, mai 1940

A LES DEMOISELLES DELVAUX A TOURNAI

Visite des demoiselles Delvaux à Tournai

Ferme: vieux Chemin de Lille, 46 (connue sous le nom de ferme Ghislain au XXè siècle)

 

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POPP N° parcelle

 A 302 a

POPP Propriétaire

 GHISLAIN Jean Baptiste

Propr. ou Occupant actuel

 SOUDANT André

Adresse

 Vieux chemin de Lille 46

Dernier exploitant connu

 DESLOOVER Maurits et LUC Emilie

Avant le 7 1 1774 la ferme appartenait à Marie Anne Losfelle ou Losfeld veuve de Grégoire Germain. La famille Germain ne semble pas avoir exploité la ferme, ni même habité Orcq.

Le 7 1 1774 après son décès la ferme est rachetée par Bernard Varlet époux de Louise Prévost.

Leur fils Jacques Joseph époux de Marie Anne Joseph Menet ou Menez devient propriétaire ensuite.

C’est leur fils Pierre Philippe qui succède comme propriétaire, à ma connaissance il est resté célibataire.

Le 19 juin 1837, Jean Baptiste Ghislain a acheté la ferme pour  3500 f  (maison en ruines avec jardin et terre labourable  43 ares 50) à Pierre Philippe Varlet.

Le plan Popp confirme ces informations puisque, datant de 1860 1865, il renseigne Jean Baptiste Ghislain comme propriétaire de la ferme.

Le 4 mars 1880, Jean Baptiste Ghislain et son épouse Rosalie Broquesoy font donation de la ferme à leurs enfants survivants (3 sur 5) : Marie épouse Lemaître, Jules Léopold qui exploite la ferme et Flore célibataire.

GHISLAIN JULES LEOPOLD.jpg

Jules Léopold Ghislain (photo ci-dessus transmise par Michel Luc) sera bourgmestre du village de 1885 à 1921.

 

 

Durant la guerre 14-18 il fut exilé du village pendant quatre mois. Voici ce qu’on a pu retrouver dans un rapport du curé d’Orcq de l’époque, l’abbé Dupire :

« Poursuites judiciaires   M. Ghislain, bourgmestre, voulut, un matin, faire disparaître par le feu un amas de mauvaises herbes sur un champ. Le feu couva toute la journée ; vers le soir, un vent violent l’activa et fit jaillir des flammes. Ce même soir des avions alliés vinrent jeter des bombes sur le champ d’aviation des Allemands. M. Ghislain fut de ce fait accusé d’avoir donné un signal aux alliés ; il fut arrêté ainsi que ses trois fils, et tous quatre furent expulsés du village avec défense d’y entrer. Un peu plus tard, les Allemands reconnurent leur innocence, ce qui ne les empêcha pas de maintenir l’arrêt d’expulsion pendant 4 mois (sept. Oct. Nov. Et déc. 1917) »

Jules Ghislain épouse Adolphine Antoinette Varlet, à Orcq le 4 février 1880, ceux-ci partagent leurs biens entre leurs enfants le 16 mai 1922, ce sont leurs trois fils célibataires, Jules Joseph, Henri Louis et Jean Baptiste qui héritent de la ferme. Le dernier survivant fut Jean Baptiste mieux connu sous le nom de « Mon oncle Jean » (prononcez Mononc) qui décéda le 8 2 1978. A ce moment la ferme était exploitée par sa nièce Emilie Luc fille de sa sœur Clémence qui avait épousé Jules Guillaume Luc.   

Emilie avait épousé Maurits Desloover, elle est décédée le 11 janvier 1990 et lui le 2 mars 1992. Ils n’avaient pas d’enfants et ce sont leurs neveux et nièces qui ont vendu la ferme à André Soudant actuel propriétaire.

La ferme est caractérisée par un pigeonnier-tour au milieu de la cour qui est un des rares existant en Hainaut.

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Etat du pigeonnier-tour en 1983 (photo Robert Trifin)

La ferme a été entièrement restaurée avec goût par l’actuel propriétaire en respectant le plus possible le bâtiment ancien.

Ci dessous photo prise dans la cour de la ferme: les derniers exploitants Maurits Desloover et Emilie Luc au centre entourés de Clémence Ghislain et l’Oncle Jean (Jean Baptiste Ghislain) et les frères et sœurs et neveux et nièces. Debout : Michel Luc, Marc Lefebvre, Anne Marie Trifin, Robert Trifin, Jean Marie Trifin, Jeanne Luc épouse d’Odon Trifin, Odon Trifin, Régine Luc, André Luc, Léon Lefebvre, Léonie Luc épouse Léon Lefebvre, Julien Luc et Elvire Maladry épouse Julien Luc. Photo prise sans doute à l’occasion des 25 ans de mariage d’Emilie et Maurits en 1963.

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Photo transmise par Michel Luc et sans doute prise par Odette Trifin, la seule nièce absente sur la photo

A propos de l’oncle Jean

Petite aventure vécue par Léonce Hovine, ancien entrepreneur en menuiserie d’Orcq.

Il faut savoir que « Mon oncle Jean » s’accordait chaque dimanche, et uniquement ce jour là, un petit écart. Entendez par là qu’après la grand-messe il se rendait au café pour y enfiler quelques demis qui lui faisaient souvent tourner la tête.

Un dimanche, après quelques manilles, il invita deux comparses « carteux », dont Léonce, à se remettre les sens à l’endroit en prenant un café chez lui. Le café passé il vint servir ses amis, il était fort et la première tasse leur fit beaucoup de bien. En servant la deuxième tournée la cafetière émit un petit bruit bizarre. Il fallut admettre qu’elle contenait autre chose que du café, « Mon oncle Jean » l’ouvrit et y repêcha… sa pipe ! Cinquante ans plus tard, Léonce s’étranglait encore de rire au souvenir de la pipe dégoulinante sortant de la cafetière.

La photo suivante est un montage de six photos des voûtes de l’étable de la ferme. Comme on peut le voir chaque voûte est différente. L’étable est maintenant transformée en salle de séjour.

VOUTES SOUDANT.jpg

Le propriétaire actuel est passionné des voitures Citroën anciennes et, dans la cour de la ferme, ces belles vieilles dames françaises ont maintenant pris le relais des massifs chevaux de trait brabançons ou ardennais.

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Citroën cabriolet 11 B de 1939, entièrement restaurée par André Soudant qui contribue ainsi également à la sauvegarde du patrimoine. Derrière la voiture on peut voir l’état actuel du pigeonnier-tour.