La proscription des baudets à Tournai en 1869 vue par le « Courrier de l’Escaut »

Il peut paraître étonnant de publier cet article dans une série relative aux hitoires de l’histoire d’Orcq. On se souviendra que les habitants d’Orcq et de Kain étaient appelés jadis « Les baudets d’Orcq » et « Les baudets de Kain » en faisant allusion aux charettes des marchandes de légumes de ces villages tractées par des ânes arrivant à Tournai les jours de marché.

C’est justement ces baudets qui furent frappés d’interdiction de stationner dans la ville en 1869. On se doute que cette mesure a dû être abondamment et passionnément discutée dans les chaumières d’Orcq et de Kain.

L’échiquier politique était relativement simple à l’époque : pas de problèmes communautaires et deux partis politiques : les catholiques et les libéraux qui se vouaient une haine tenace. Il n’a d’ailleurs pas fallu chercher longtemps pour savoir quelle était la couleur du pouvoir communal à cette époque. La simple lecture du premier article de cette « Affaire des baudets » dans le « Courrier de l’Escaut », journal catholique, est révélatrice et a permis de savoir que le pouvoir était libéral en ce début d’année 1869.

Cette proscription vise à interdire de parquer les animaux de trait amenant les denrées au marché de Tournai à la rue des Jardins et les rues contigües.

La configuration des lieux étant bien différente à l’époque quand la rue Royale n’existait pas, nous pensons qu’il n’était pas superflu de montrer un plan de Tournai datant de 1838 : Plan géométrique de Tournai par U. Picquet

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Affaire de Saint-Genois: relative à des difficultés survenues entre l’autorité laïque de Saint-Genois et l’autorité ecclésiastique, à l’occasion de l’établissement d’un nouveau cimetière dans cette commune. Le vicaire Van Eecke ayant finalement été acquitté en seconde instance.

Scandale financier autour de l’assainissement de la Senne appelé aussi affaire Doulton.

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A propos de Mr S. il faut noter que la famille Sacqueleu dont deux membres seront plus tard sénateurs libéraux était propriétaire d’un hôtel de maître à la rue de Jardins – voir plan en début d’article.

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La présentation du premier vélocipède à Tournai a donné l’occasion au journaliste de faire une sorte de coq à l’âne en embrayant directement de l’invention nouvelle à l’affaire des baudets!

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Quelques mois plus tard les élections approchant, un lecteur (ou un journaliste déguisé en lecteur) dit qu’il se souviendra de l’affaire de baudets.

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Le journal n’informe pas le lecteur sur la façon précise dont « l’affaire des baudets » s’est terminée. Mais on peut penser que les animaux ont trouvé refuge à la place du Becquerel à l’écart des oreilles et nez libéraux sensibles!

Le lecteur trouvera ci-dessous deux photos bien postérieures aux événements qui illustrent le métier de maraîcher à cette époque.

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Photo Jules Messiaen, date inconnue

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Maraîchère au quai Notre-Dame

Photo René Desclée AIT RD 4278 août 1897

Les tableaux vivants, un divertissement oublié pratiqué au début du XXe siècle au château de la Marlière à Orcq.

Au XIXe siècle et au début du XXe, la Marlière à Orcq était la propriété de la famille Crombez. C’est Victor Crombez qui vers 1845 y avait fait construire le château néo-gothique détruit par les Allemands en fin octobre début novembre 1918. Henri Costa de Beauregard et dixième marquis de Beauregard[1] et arrière-petit-fils de Victor Crombez a laissé des mémoires inédits dans lesquels il fait allusion aux tableaux vivants organisés à la Marlière par son oncle Raymond Crombez.[2] Issues des archives privées du petit-fils d’une des figurantes de ces tableaux, des photos illustrent ce divertissement pratiqué dans les familles aristocratiques de l’époque[3]. Le tableau vivant : Communément défini comme un arrangement de personnes vivantes, mais figées reproduisant une composition artistique, que ce soit une peinture, une sculpture, une estampe ou une scène littéraire, le tableau vivant aurait connu son apogée au début du XIXe siècle avant de déchoir en simple divertissement populaire.[4] Goethe le définissait comme un hybride entre la peinture et le théâtre.

Voici ce qu’en dit, en 1968, Henri de Beauregard, environ 10 ans à l’époque: Par deux fois l’oncle Raymond organisa des tableaux vivants. Tout Orcq et des voisins choisis participaient à ces tableaux. Il s’agissait d’évoquer pendant quelques secondes d’immobilité absolue des tableaux connus que l’assistance essayait de deviner. Tout cela nécessitait une mise au point exacte et minutée ainsi qu’une mobilisation de toute la maisonnée pour faire les costumes, l’habillage, les accessoires et le réglage des éclairages, ce qui était peu commode avec le gaz. Les répétitions étaient sérieuses et se déroulaient sous la direction de l’oncle Raymond.

Les figurants : nous reprenons en italiques la façon dont ils sont désignés sur les photos :

Le comte Charles de Beauffort. 1872-1928.

La comtesse Charles de Beauffort. Née de Riquet de Caraman. 1881-1975. Le couple habitait au château de Bossuit.

Henri Costa de Beauregard. C’est le marquis Henri Costa de Beauregard cité plus haut, neveu de Raymond Crombez

Raymond Crombez. 1879-1949. Par arrêté royal du 2 mai 1910 il pourra adjoindre à son nom celui de sa mère, Rémond de Montmort, dont  la famille était éteinte par les mâles. 1897-1984

Madame Raymond Crombez. Née de Froidefond de Chatenet de Florian.

Le baron d’Hoogvorst

Le comte de Lameth. 1875-1956

La comtesse de Lameth. Née Suzanne Crombez sœur de Raymond. 1883-1963.

La comtesse Charles de Lannoy. Née Suzanne de Baillet-Latour. 1877-1966.

Le comte Ferdinand de Lannoy. 1873-1929. Charles et Ferdinand de Lannoy sont frères, fils de Ferdinand père et Marie Joséphine de La Pierre de Frémeur. Ils habitaient Velaines.

Le comte Philippe de Lévis-Mirepoix

La comtesse Philippe de Lévis-Mirepoix. Née de Beauffort, sœur de Charles cité ci-dessus. 1877-1919. Le couple habitait au château de Bossuit

Le vicomte Charles de Maulde. Il habitait le château de Ramegnies-Chin.

Les portraits :

Ils ont été réalisés par Gustave Triebels, 31 marché aux Jambons à Tournai, en 1907.

1 Le portrait de l’impératrice Joséphine

Pierre-Paul Prud’hon un des artistes favoris de Napoléon et de Joséphine de Beauharnais, a réalisé ce portrait de 1805 à 1809. Il représente l’Impératrice dans le parc de la Malmaison. Au décès de l’Impératrice, en 1814, il revient à sa fille la reine Hortense. Il est définitivement acquis par le Musée du Louvre en 1879. Redonnons la parole à Henri Costa de Beauregard : Je vois encore, de Gérard, « Joséphine à la Malmaison », pensivement assise sur son rocher, personnifiée par tante Charlotte (Mme Raymond Crombez). La photo représentée ici est cependant bien inspirée du tableau de Prud’hon. Le tableau de Gérard représente l’impératrice assise sur un fauteuil.

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 2 Le portrait de la Grande Mademoiselle

La Grande Mademoiselle 1627-1693 : c’est Anne Marie Louise d’Orléans, petite-fille d’Henri IV et cousine germaine de Louis XIV. À gauche la photo de Lady Maud Warrender née Ethel Maud Ashley-Cooper 1870-1945, chanteuse et comédienne amateur anglaise qui se produisait gratuitement pour des galas de charité. Elle est photographiée dans le rôle de Grande Mademoiselle. En bas madame Philippe de Lévis-Mirepoix dans le tableau vivant inspiré de la photo.

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 3 Le portrait de la princesse Tarakanova

Le tableau du haut représente la princesse Tarakanova dans un cachot. C’est une Russe d’origine incertaine qui se prétendait descendante des Tsars et qui fut emprisonnée par Catherine II.  La peinture date de 1864, elle a été réalisée  par Konstantin Flavitsky.

Voici ce qu’en dit Henri Costa de Beauregard dans ses « Souvenirs de famille » : « La Princesse Tarakanov »prisonnière dans son cachot inondé par une crue subite de la Néva : la malheureuse grimpée sur son grabat était assaillie par deux gros rats d’autant plus horrifiques que pris quelques jours avant ils étaient tout fraichement naturalisés !

On retrouve madame Charles de Beauffort dans le rôle de la princesse.

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  4 Un plat en porcelaine de Wedgwood

La porcelaine de Wedgwood est caractérisée par le style classique néo-grec.

C’est Cupidon représenté ci-dessous sur une porcelaine de Wedgwood qui a été choisi comme thème de ce tableau vivant. Voici ce qu’en dit Henri Costa de Beauregard dans ses « Souvenirs de famille » : J’eus mon heure de gloire quand, dûment frisé au fer, poudré de talc, ailé, les yeux bandés j’incarnai Cupidon tendant son carquois à deux déesses drapées de blanc : Mesdames de Lévis et de Lannoy… (madame Charles de Lannoy) le tout sur fond bleu ciel, le modèle étant une bonbonnière de Wedgwood.

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 5 D’après un tableau de fête galante de Watteau

Watteau ne donnait pas de titre à ses tableaux et ce n’est qu’après sa mort que la peinture qui a inspiré le tableau vivant a reçu le nom de « Partie carrée ». Le tableau vivant a été réalisé en vue in verse du tableau original. Il semble que Raymond Crombez se soit plutôt inspiré d’une gravure copiée du tableau en vue inverse par Moyreau. De gauche à droite on retrouve dans le tableau vivant, Ferdinand de Lannoy (Pierrot), mesdames Charles de Lannoy et Charles de Beauffort et Raymond Crombez (Scaramouche).

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6 Les derniers honneurs rendus aux comtes d’Egmont et de Hornes

Ce tableau peint en 1851 par le peintre tournaisien Louis Gallait se trouve au musée des beaux-arts de Tournai. Il mesure 2m 33 / 3m 28. Devant le succès remporté par son œuvre Gallait l’a reproduit plusieurs fois en dimensions réduites. Il représente l’hommage rendu par les arbalétriers de Bruxelles aux comtes décapités le 5 juin 1568 sur la grand-place de Bruxelles sur les ordres du duc D’Albe.

Henri Costa de Beauregard se souvient dans ses « Souvenirs de famille » de ce tableau : Je vois encore les « Têtes coupées » de Gallait (autre dénomination de la peinture), tableau fameux du musée de Tournai, rappelant l’épisode tragique, sous la domination espagnole, de la décapitation des comtes d’Egmont et de Hornes. Plus loin il écrit, décrivant sa participation à ce tableau vivant : Je n’avais droit qu’à des rôles modestes d’enfant de chœur allumant les cierges devant les corps des suppliciés par exemple.

Egmont et Hornes sont représentés par Philippe de Lévis et Charles de Beauffort. Debout de gauche à droite : Henri Costa de Beauregard, Raymond Crombez, Ferdinand de Lannoy, Charles de Maulde, d’Hoogvorst et de Lameth.

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 7 L’archange Gabriel peint par Fra Angelico

Le thème de l’Annonciation a été à de multiples reprises le thème choisi par Fra Angelico dans ses peintures. Nous avons reproduit celle-ci, réalisée vers 1429-1430, qui se rapproche le plus du tableau vivant. L’archange est représenté par madame de Lameth. Au risque de nous accuser de discuter du sexe des anges, on peut se demander s’il était judicieux de choisir une dame pour interpréter l’archange Gabriel !

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Il nous a paru intéressant pour terminer cet article de publier une carte correspondance découverte il y a peu par un collectionneur. Elle représente la Marlière où avaient lieu les représentations. Oblitérée de novembre 1905, l’objet en est une invitation à la chasse envoyée au baron Ferdinand de Blommaert par Raymond Crombez. Comme on peut le voir elle a sans doute fait partie des archives de la famille Costa de Beauregard, donnons une dernière fois la parole à Henri : On répétait sérieusement sous la direction de mon oncle et la critique de la tante d’Aulan[5], sévère, mais compétent metteur en scène. On annexait notre salle à manger d’enfants où l’on dressait les tréteaux, la salle à manger ordinaire servant au public, avec buffet bien entendu.

Ainsi se passaient les loisirs à la Belle Epoque à la Marlière allant des « Tableaux vivants » aux parties de chasse. C’était avant la Grande Guerre qui mettrait un terme à cette époque : le château sera détruit en 1918 et les Crombez de Rémond de Montmort iront s’établir en France.

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[1] Henri Costa de Beauregard, Souvenirs de famille, non publié.

[2] Voir sur ce même site, sous l’onglet Gba « La vie de château à Orcq à la belle époque »

[3] Nous adressons nos remerciements au comte Charles de Talhouët de nous avoir permis de reproduire ces documents figurant dans les archives du château de Bossuit et sur lesquels on retrouve la comtesse Philippe de Lévis- Mirepoix  sa grand-mère.

[4] J. RAMOS, Le tableau vivant ou l’image performée, Institut National d’Histoire de l’Art, Mare et Martin, 2014

[5] Née Charlotte de Rémond de Montmort, belle-sœur d’Auguste Crombez, père de Raymond.

Trichromies réalisées à Tournai entre 1898 et 1901 par René Desclée – (Article écrit par Bernard Demaire et Bernard Desclée)

René Desclée, ce génial touche-à-tout, est bien connu pour les innombrables photographies qu’il a faites de Tournai durant la période allant de la fin du XIXe siècle au début du XXe. Ce qu’on connaît moins ce sont les deux à trois dizaines de trichromies qu’il a réalisées en 1898-1901. Nous avons ainsi pu reconstituer huit photos couleur de sa ville natale prises durant cette période.

Un peu de théorie

Qui en dehors d’un cercle restreint de passionnés de photographie connaît encore la technique de la trichromie ?

C’est Newton qui en 1666 découvre le spectre de la lumière blanche projetée sur un prisme en verre. Il est le premier à comprendre que la lumière blanche est faite d’un mélange de rayons de lumière de couleurs différentes.  

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Le schéma montre la fragmentation de la lumière blanche suite au passage des rayons solaires au travers d’un prisme. Si on associe un second prisme au premier, la lumière est recomposée. La trichromie inventée en 1869 par Charles Cros et Louis Arthur Ducos du Hauron est une application de cette théorie. Elle consiste à prendre trois photos noir et blanc distinctes d’un même objet, l’objectif étant recouvert successivement d’un filtre rouge, vert et bleu. La projection superposée des positifs au moyen de projecteurs munis chacun du filtre correspondant permet de reconstituer l’image en couleurs. On imagine facilement les contraintes de la méthode. L’objet photographié et l’appareil de prise de vue doivent rester parfaitement immobiles durant les trois temps de pose allongés par la présence des filtres. La méthode est donc limitée aux objets inanimés ou aux paysages. Enfin la projection demande une mise au point fastidieuse. René Desclée a fait l’acquisition d’une lanterne de projection  triple fabriquée par Molteni à Paris. L’inclinaison des trois objectifs superposés est réglée séparément de façon à pouvoir superposer les images. Il faut noter que les images sont uniquement visibles par  projection. René Desclée, contrairement à nous n’a donc pas pu réaliser de tirage photographique de ses prises de vue.

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Il tenait un carnet dans lequel il notait les résultats des prises de vues et des développements des trichromies. Son caractère perfectionniste apparaît dans les nombreuses autocritiques de ses réalisations. L’extrait ci-dessus donne le détail des temps de pose de la photo « Groupe d’objets polychromes » reprise sous le N° 10. En fonction du filtre employé ces temps varient de 4,5 secondes à 45 minutes !

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Le schéma montre le principe de fonctionnement. À gauche nous avons représenté les trois montages des positifs d’un groupe de huit papillons. Afin de les distinguer facilement, René Desclée a entouré les montages par des caches aux couleurs des filtres employés. Chaque projecteur, muni du filtre correspondant, pris isolément donne une image rouge, verte ou bleue. Lors de la superposition des images projetées, la photo finale apparaît. Les photos de la lanterne de projection sont également dues à René Desclée. On notera les tuyaux amenant l’hydrogène et l’oxygène nécessaires au fonctionnement des chalumeaux oxhydriques constituant les sources lumineuses. Quelques-unes des trichromies ont été reconstituées et imprimées dans les années 1980 par le photographe Robberechts (Photorob) à Tournai et en 2015 par Bruno Plouidy[1]. Des logiciels de traitement photographique permettent de nos jours de réaliser ces opérations à domicile. À l’exclusion de deux trichromies, le panorama de Sainte-Marguerite réalisé par Photorob (N°12), et la photo « Bouquet et vase » (N° 3) réalisée par Bruno Plouidy, les reconstitutions de ces trichromies ont été faites par nos soins en utilisant le logiciel GIMP.[2]

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Ces trichromies ont été réalisées entre le 16 décembre 1898 et le 10 avril 1901. René Desclée tenait un carnet dans lequel toutes ses photos étaient répertoriées. On peut voir ci-dessus la page relative aux dernières trichromies. On notera sous les numéros 2300 à 2302 les trois photos relatives à l’ensemble des huit papillons (voir photo N°6) qui a servi au schéma explicatif reproduit ci-dessus. La date de prise de vue est le 9 septembre 1899. René Desclée s’est intéressé à des sujets aux couleurs vives, tels les papillons ou les fleurs ainsi qu’à des vues de Tournai, sa ville natale.

Fleurs

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1 Corbeille de fleurs (porcelaine) RD 2261 à 2263 – 12 juin 1899

La corbeille est une pièce en porcelaine de Tournai au décor à la mouche.

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   2 Bouquet de capucines RD 2290 à 2292 – 27 août 1899

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   3  Bouquet et vase RD 2258 à 2260 – 8 juin 1899

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   4 Bouquet faux narcisses, vase bleu RD 2516 à 2518 – 10 avril 1901
                                       

    Insectes         

 

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5  Papillon RD 2513 à 2515 – 1er avril 1901

Ce papillon extrêmement commun est la petite tortue ou vanesse de l’ortie.

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6  Huit papillons RD 2300 à 2302 – 8 septembre 1899                                               

En haut de gauche à droite : piéride du chou, vanesse paon de jour, agreste devenu très rare en Belgique de nos jours. Au milieu à gauche : azuré et à droite : cuivré commun. En bas de gauche à droite : petite tortue, machaon et vanesse Vulcain.   

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 7 Chenille du machaon RD 2303 à 2305 – 28 septembre 1899

Objets divers

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 8 Groupe d’objets polychromes RD 2217 à 2219 – 30 décembre 1898

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9 Vase de Chine RD 2297 à 2299 – 9 septembre 1899

Tournai

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10 Tournai, panorama pris des remparts RD 2239 à 2243 – 23 janvier 1899                 

A l’avant-plan on peut observer l’église Saint-Piat, la photo a été prise à partir des remparts au boulevard Walter de Marvis.

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11 Tournai, panorama pris des remparts RD 2244 à 2246 – 26 janvier 1899   

Cette photo identique à la précédente, prise trois jours plus tard est moins nette, mais les couleurs en sont plus chaudes.  

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12 Tournai Sainte-Marguerite vue des toits RD 2252 à 2254 – 1er juin 1899

La photo a été prise de l’hôtel particulier de la famille Desclée au n° 41 de la rue Saint-Jacques.

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13 Tournai Saint-Jean et caserne RD 2284 à 2286 – 18 octobre 1899

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14 Tournai rue Garnier maisons RD 2255 à 2257 – 1er juin 1899

Ces maisons ont été détruites lors des bombardements de mai 1940.[3]

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15 Rue Rifflée RD 2287 à 2289 – 10 août 1899

Rue du quartier Saint-Jean disparue au milieu de la seconde moitié du vingtième siècle[4]

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16 Panorama, toits, vue prise de ma chambre RD 2229 à 2231 – 10 janvier 1899

Habitant au N° 41 de la rue Saint-Jacques (côté droit en s’éloignant du centre ville), ces toits se trouvent à l’arrière de la maison. Au fond l’église Saint-Nicolas.

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17 Vitrail, transept nord de la cathédrale RD 2236 à 2238 – 19 janvier 1899            

Les couleurs chatoyantes du vitrail constituaient un sujet de choix pour René Desclée. Ce vitrail de la croisée Nord du transept fait partie d’un ensemble prestigieux que l’on date des années 1500. Ces vitraux illustraient à la fois l’histoire du rétablissement de l’évêché de Tournai en 1146 (transept nord) et les privilèges du chapitre cathédral (transept sud) que celui-ci disait tenir du roi mérovingien Chilpéric[5].

Ces photos de Tournai sont très probablement les premières en couleurs de la cité.    

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18 René Desclée, autoportrait, 21 mai 1888 – RD 317.

Une grande partie des 7275 clichés repris par René Desclée dans son carnet a été déposée par son petit-neveu Bernard Desclée en France, à la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine (Archives photographiques, Fort de Saint-Cyr, 78 180 Montigny-le-Bretonneux, France). Ces clichés sont disponibles en ligne sur le site de la médiathèque. [6]        

Les auteurs remercient Patrice Guérin, animateur du site « Histoire des projections lumineuses » pour la relecture du texte accompagnée de ses conseils avisés.[7]

 

             

 

 

 

 

 

                     

 

[1] Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine (Archives photographiques, Fort de Saint-Cyr, 78 180 Montigny-le-Bretonneux, France)

[2] Nous avons été grandement aidés pour ces reconstitutions par la consultation du site web de Thierry Delorraine http://www.thydelor.eu/photographie/trichromie.html

[3]S.TRANCHANT, site de l’Optimiste, http://optimiste.skynetblogs.be/archive/2016/03/21/tournai-la-lente-evolution-de-la-rue-garnier-8584786.html

[4] S.TRANCHANT, site de l’Optimiste, http://optimiste.skynetblogs.be/tag/rue+rifflee

[5] M.A.JACQUES, correspondance privée.

[6] http://www.mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr/fr/archives_photo/visites_guidees/desclee.html

[7] http://diaprojection.unblog.fr/

 

A propos d’un éventail ayant appartenu à Marie Clérel de Tocqueville – Crombez

La galerie Michel Weber à Paris a vendu en décembre 2016 un éventail réalisé par Alexandre Soldé à l’occasion du mariage de la comtesse Marie de Tocqueville. Le texte présentant l’objet est reproduit ci-dessous.

“Exceptionnel éventail qui fut commandé à l’occasion du mariage de Marie Augustine Crombez avec René de Tocqueville en 1863. La merveilleuse et riche peinture qui orne la feuille fût confiée au peintre Alexandre Soldé. Il y a représenté différentes scènes de la préparation du mariage à laquelle s’affairent de nombreux putti… préparation de la mariée, répétition de l’Orchestre de putti, préparation du banquet, déménagement et préparation de la future maison des mariés par ces mêmes putti qui apportent notamment le berceau, d’autres apportent des confiseries sur la boite desquelles est inscrit « pâtisserie de Cupidon » …L’artiste a discrètement signé la feuille au bas d’une volute de pierre intégrée dans le paysage. Il a également discrètement indiqué les noms des mariés, de Tocqueville et Crombez, en l’inscrivant sur les boites posées proche du diadème de la mariée (lisible à la loupe).  La monture est en nacre repercée, gravée, et dorée.  Elle est gravée de deux putti entourant une couronne comtale qui surmonte le chiffre MT (Marie de Tocqueville). La première lettre du prénom des mariées  M et R (Marie et René) est également gravée sur chaque côté de la gorge. Au revers, les écussons des deux familles et le chiffre de la mariée. L’éventail mesure 29,5cm fermé et 56 cm de diamètre ouvert.”

Marie Augustine Victorine Crombez

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Elle est la fille de Victor Crombez, propriétaire de la Marlière à Orcq dont nous avons parlé dans un article publié par ailleurs sur notre site (onglet Gbd La Marlière aux XIXe et XXe siècles – 2e partie) et de Augustine Françoise Louise Durot. Elle naît à Lille le 28 avril 1845 au N° 97 de la rue Royale dans l’immeuble occupé par sa grand-mère maternelle.

En 1863 elle épouse René Clérel de Tocqueville à Orcq en 1863. Elle décédée, sans postérité, à Menton le 8 février 1872 des suites d’une maladie pulmonaire contractée sur le front franco-allemand alors qu’elle soignait des victimes de la guerre. Certaines sources disent qu’elle a été prisonnière des Allemands et qu’elle est décédée des suites de sa détention. Pour honorer sa mémoire, une statue de marbre la représentant (photo ci-dessus) a été placée dans le parc de la Marlière et s’est retrouvée ensuite au château de Montmort appartenant à son frère.

René Clérel de Tocqueville

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Vicomte de Tocqueville, député de 1876 à 1877, né au Pecq (Seine et Oise), le 1er septembre 1835, neveu du philosophe politique, homme politique et historien Alexis de Tocqueville. Il s’engage en 1854 aux chasseurs d’Afrique, fait la campagne d’Afrique, puis celle d’Italie comme porte-guidon du maréchal de Mac-Mahon. Il est attaché à l’expédition de Chine comme officier de cavalerie à l’état-major du général Cousin-Montauban, et à celle de Cochinchine, comme aide de camp de l’amiral Charner. Capitaine aux guides en 1863, il donne sa démission, et se porte sans succès aux élections de 1869 pour le corps législatif. Nommé conseiller général de la Manche, pour le canton de Saint-Pierre-Eglise, il voit son élection invalidée pour vice de forme. Il reprend du service pendant la guerre de 1870, comme lieutenant-colonel du 72e mobile de la Manche. Il perd sa femme, qui,  faite prisonnière par les Prussiens, pendant qu’elle soignait les blessés, meurt des fatigues et des souffrances de sa captivité. Propriétaire du château de Tourlaville et maire de cette commune. Officier de la Légion d’honneur le 3 octobre 1871.[1] Il meurt à Le Tréport le 14 janvier 1917. Photo Hussards-photos.com.

Le mariage à Orcq le 22 juin 1863

Le mariage civil a lieu à la maison communale d’Orcq le lundi 22 juin 1863 à 10 heures. Parmi les témoins on trouve Louis Crombez[2] membre de la chambre des représentants, oncle de l’épouse. Le mariage religieux est célébré le lendemain mardi 23 juin. Louis Crombez est à nouveau témoin.

Les réjouissances prennent place le jour du mariage religieux comme en témoigne cet article publié dans le “Courrier de l’Escaut” du 21 juin 1863.

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Cette face représente les blasons des deux familles unis par un ruban rose portant la date de l’événement : juin 1863.

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Sous une couronne comtale on trouve à gauche du chiffre T des Tocqueville le blason des Clérel de Tocqueville : d’argent à la fasce de sable, accompagné en chef de trois merlettes du même et en pointe de trois tourteaux du même. À droite se trouve le blason de la famille Crombez : d’or au chevron d’azur, accompagné, en chef de deux flèches au naturel posées en pal et en pointe d’un pin de sinople.

Éventail face 2

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De gauche à droite cinq scènes relatives à l’union de René de Tocqueville et Marie Crombez sont représentées. De gauche à droite :

1 Les putti apportent un berceau, des jouets d’enfants et des dragées. Le vœu d’avoir des enfants restera malheureusement vain pour le couple. Marie décédera à l’âge de 27 ans sans descendance.

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2 Les putti transfèrent les bagages vers la voiture qui emmènera les jeunes mariés à l’issue des cérémonies. L’un d’eux porte une boîte de douceurs « Lune de miel » réalisées par Cupidon confiseur. La lune de miel est la période d’une durée d’un mois lunaire (29 jours) juste après le mariage. On n’employait pas encore l’expression « voyage de noces » à l’époque. La voiture emmènera les époux vers un voyage d’agrément ou vers leur nouvelle demeure. À l’arrière-plan on reconnaît la façade avant du château de la Marlière à Orcq où Marie Crombez a passé son enfance. Le château ne comporte qu’un étage et les combles. Un étage supplémentaire sera ajouté plus tard (voir photo point 4 plus loin)

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3 Des servantes aidées des putti apprêtent la jeune, elle a à peine 18 ans, future épouse. Dans un carton se trouve une couronne comtale qui deviendra sienne après le mariage. Le futur époux impatient de retrouver sa fiancée se voit interdire l’accès à la pièce par un putto, car elle n’est pas encore prête. Sur une volute de pierre en bas à droite on retrouve le nom de l’artiste – A Soldé – voir plus loin

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4 Dressage de la table du repas de noces. Des putti, habillés cette fois, dressent la table dans la grande verrière adossée à la façade arrière du château. Ce jardin d’hiver construit en 1853 avait donné lieu à une inauguration décrite par Bozière dans la «Feuille de Tounai » : « L’inauguration de cette merveille, sans précédent, se fit le 26 janvier 1853, par un bal de nuit où figura l’élite de la société tournaisienne et des étrangers de distinction venus de Paris, de Lille et d’autres localités. »

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5 Cette scène représente la répétition de l’orchestre des putti. L’animation musicale tenait certainement une place importante dans la fête, Victor Crombez étant membre de la société royale des orphéonistes de Tournai, dont il avait été président en 1850.

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6 Détail de la monture en nacre : deux putti entourent le chiffre et la couronne comtale de Marie de Tocqueville. On retrouve également les initiales M et R des mariés sur la monture.

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Le peintre : Alexandre Soldé

Né à Angers en 1821 et décédé à Paris en 1893. Il a connu une certaine notoriété au XIXe siècle. Le style très XVIIIe siècle qu’on retrouve sur la décoration de l’éventail avait déjà été remarqué en 1852 par un critique artistique[3] :

« Monsieur Soldé a consciencieusement étudié le règne de Louis XV et, sans être plagiaire, il rend avec une originalité charmante les attitudes maniérées et pourtant gracieuses de cette époque »

Il est entré en 1842 dans l’atelier de Léon Cogniet dont il est l’élève.

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L’éventait se trouve actuellement dans une collection privée en Allemagne.

 

[1] Dictionnaire des parlementaires français, Paris 1889

[2] Louis CROMBEZ : député libéral de Tournai de 1860 à 1891 et bourgmestre de la ville de 1872 à 1883.

[3] A. SOLAND, Bulletin historique et monumental de l’Anjou, Vol. 1, Angers 1852

Une photo panorama de Tournai datant de 1890

Un panorama inédit de Tournai réalisé par René Desclée en 1890.

René Desclée (Tournai 1868-1953). Ecuyer. Avocat, archéologue, photographe amateur. Pour une biographie complète nous renvoyons au livre : « René Desclée, photographe Tournaisien 1868-1953 » édité en 1988 sous la direction de Bernard Desclée par « L’Archéolgie Industrielle de Tournai – AIT »

C’est par Bernard Desclée, fidèle gardien des souvenirs de son grand-oncle que j’ai pu prendre connaissance d’une série de 6 clichés pris le 3 juin 1890 à partir de la tour de l’église Saint-Brice. Ces photos donnent un panorama complet de Tournai. Trois d’entre elles ont pu être juxtaposées pour former un panorama saisissant de la rive gauche de l’Escaut il y a presque 130 ans. Nous le livrons en fin de la communication après les photos isolées. Elles ont été déposées à l’Institut Royal du Patrimoine Artistique (IRPA).

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1 Panorama de la cathédrale (1) (RD 663)

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2 Panorama de la cathédrale (2) IRPA 132591 A (RD 667)     

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3 Panorama de Saint-Jacques IRPA 132588 A (RD 664)

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4 Panorama de Saint-Nicolas IRPA 132589 A (RD 665)

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5 Panorama de la gare IRPA 132590 A (RD 666)

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      6 Panorama de Saint-Piat IRPA 132857 (RD 662)

PANORAMA NCH 2

3 juin 1890. Panorama de la rive gauche de l’Escaut résultant de la juxtaposition des photos 1,2 et 3.

Le lecteur qui souhaiterait obtenir une copie à haute résolution du panorama peut m’en faire la demande.

A propos de Rémi Cogghe

Rémi Cogghe quelques informations complémentaires suite à un article paru dans « Le Courrier de l’Escaut »

Le 28 avril 2016, sous le titre « Un fils d’ouvrier Premier Prix de Rome » Jacques Hossey rappelait le souvenir de cet artiste né à Mouscron en 1854.

Les collections de l’AIT possèdent un album offert par le cercle artistique de Tournai à l’aquarelliste tournaisien François Lecomte (il semble que son nom s’écrivait bien Lecomte mais il signait ses œuvres Leconte) à l’occasion des ses 25 ans de présence au cercle. L’album reprend des photos d’œuvres exposées jusqu’en 1912 lors des différents salons. 

Page de garde de l’album.

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En page 5 Rémi Cogghe est repris dans la liste des souscripteurs et membre exposant du cercle en 1912, année de l’édition de l’album. Cinq de ses peintures sont reproduites dans l’ouvrage.

Agonie 1896

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 Restitution 1904

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Émoi 1905

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Vendredi Saint à la Scala Santa à Rome 1906

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Madame reçoit 1909

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Cette dernière, plus connue est exposée au musée de la Piscine à Roubaix[1] ce qui nous permet d’en donner une image en couleurs.

L’album contient beaucoup de reproductions d’œuvres d’autres artistes ayant exposé au cercle artistique de Tournai, il peut être consulté sur place.

 

 

[1]http://amisdelapiscine.blogspot.be/2011/09/madame-recoit-un-tableau-de-cogghe-mais.html

 

Explosion d’un remorqueur sur l’Escaut à Allain le 5 mai 1899

Quelques photos de René Desclée ont permis d’illustrer les articles du « Courrier de l’Escaut » relatant ce fait divers dramatique. Les extraits scannés du journal proviennent du site de la Bibliothèque Royale.

 

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5 MAI 1899

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A l’avant-plan la coque du remorqueur « La Lys » à l’arrière-plan l’église d’Allain

Photo AIT R. Desclée 4546

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Enveloppe de la chaudière du remorqueur « La Lys » qui a éventré un bâtiment des ateliers Carton

Photos AIT R. Desclée 4549 et 4550

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Le corps de la chaudière du remorqueur à l’arrière de l’usine Carton Photos AIT R. Desclée 4548 et 4557

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Coque du remorqueur « La Lys » Photo AIT R. Desclée 4556

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Poupe du bateau « Jeune Edgard » Photo AIT R. Desclée 4554

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6 mai 1899

« Le Courrier de l’Escaut » s’étend encore longuement

sur les événements de la veille. Outre la possible

surchauffe de la chaudière, une autre hypothèse pour

expliquer l’origine de la  catastrophe est avancée:

la présence accidentelle d’une cartouche de dynamite

dans le charbon.

Epilogue: suite à ces événements tragiques la rue parallèle à l’Escaut, située à moins de 100 mètres du fleuve, a reçu le nom de rue de la Lys.

 

Orcq, chronologie de la guerre 1914-1918 (Bernard Demaire et Robert Trifin)

Introduction

Sources principales :

Bulletin régional du courrier de l’Escaut.[1]Dans son premier numéro daté du 8 novembre 1915, l’éditeur du bulletin explique les raisons de sa parution :

Les journaux tournaisiens ont cessé de paraître au début d’octobre 1914. Le maintien de la région de Tournai dans la zone d’étape[2] de Valenciennes jusqu’en juillet 1915[3] rendait toute publication impossible. Après juillet, l’arrondissement de Tournai étant rattaché au gouvernement général allemand en Belgique, il n’y a plus pour les journaux d’interdiction de paraître. Dès lors, le « Courrier de l’Escaut » cédant aux « sollicitations de très nombreuses personnes » décide de publier le bulletin. Ses buts sont précisés : servir la religion, aider dans la région au développement de la vie sociale, commerciale et industrielle, soutenir les œuvres qui parent aux misères et aux nécessités issues de la guerre et donner satisfaction au besoin de lire et de savoir. Le bulletin paraîtra trois fois par semaine. Les nouvelles de guerre se limiteront à la communication des communiqués officiels des états-majors. L’éditorialiste précise « Nous bornerons à l’enregistrement de ces documents – censurés – nos nouvelles de guerre » Le paragraphe final de l’éditorial est ainsi libellé : « L’administration allemande est un fait dont il serait vain de ne point vouloir tenir compte, mais notre fidélité à la Patrie Belge reste entière. Rien ne saurait l’altérer, et personne d’ailleurs ne nous en demande le sacrifice.

Nous avons opté pour présenter des scans des articles, pour cette source on ne mentionnera donc pas la référence.

Tournai 1914-1918 Chronique d’une ville occupée, édition des souvenirs d’Alexandre Carette Dutoit[4]. Les extraits de cette source seront notés : ACD

Les autres sources sont mentionnées dans le texte.

Chronologie des événements

Le 14 janvier 1915

Dans le rapport du collège échevinal, on lit :

« La commune étant démunie des fonds nécessaires pour secourir les familles dont la guerre a enlevé le soutien, décide de solliciter auprès du comité national de secours et d’alimentation une somme de 2500F »

 Le 2 février 1916

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Amand Nys appartenait au 12e de ligne. Ce régiment était cantonné à Liège depuis 25 ans et fut chargé de participer à la défense de la position fortifiée de la ville. C’est à cette occasion qu’Amand Nys fut fait prisonnier le 7 août 1914 et envoyé en Allemagne à Soltau situé à 80 km d’Hanovre. C’était le plus important camp de prisonniers de la guerre 14-18 en Allemagne. Plus de 70000 militaires y étaient détenus. Amand Nys a, ensuite, exercé le métier de menuisier, le couple a eu cinq enfants nés à Orcq. Il est décédé le 4 mai 1969 à Orcq.

Des internés en Hollande nous avons quelques informations concernant Louis Ghisse. Il faisait partie de la classe 1905, les classes les plus anciennes étaient enrôlées pour la défense des forts. Appartenant au 3e chasseurs à pied de forteresse il fut affecté à la défense d’Anvers qui capitula le 10 octobre. Voici ce qu’il décrit de la suite de cette capitulation: « Après avoir patrouillé aux environs de Saint-Nicolas afin de favoriser la retraite de l’armée en campagne, j’ai continué la retraite avec mon unité et passé la frontière hollandaise à Koewacht le 10 octobre 1914, la patrouille était commandée par le sergent Joassin. » Il a ensuite été interné jusqu’à la fin de la guerre au camp hollandais de Zeist (Camp II baraque 10).

 Il a fait partie de l’Association des combattants de 14 18 d’Orcq. Il est décédé à Tournai le 3 mars 1970.

À propos des internés de Hollande, on peut rappeler quelques détails de cet épisode de la guerre.

Durant la première phase de la guerre de mouvement soit du 2 août au 31 octobre 1914, l’armée belge tenta de défendre Liège tombée le 16 août et ensuite Anvers qui tomba le 10 octobre, après quoi l’armée se replia sur l’Yser où le front se stabilisa le 31 octobre après la bataille du même nom. La déferlante allemande numériquement supérieure fut telle que de nombreux combattants belges furent faits prisonniers et envoyés en Allemagne durant cette première phase. Après la chute d’Anvers, environ 40000 militaires belges fuirent en Hollande plutôt que de se laisser capturer par les Allemands. S’il y eut des fuites assimilables à des désertions, la grande majorité de ces militaires n’avait pas d’alternative. La Hollande étant un pays neutre elle créa des camps d’internement pour ces combattants dont les plus connus sont ceux d’Amersfoort, Harderwijk et Zeist. Des 40000 militaires réfugiés en Hollande, 7000 se sont échappés pour rejoindre le front. Les autres furent internés dans des camps de tentes, au début, de baraquements plus tard. Au début les baraquements n’étaient pas chauffés et les conditions d’internement très strictes au point qu’une révolte eut lieu à Harderwijk où neuf Belges furent tués par balle lors de la répression de l’autorité hollandaise. Ces combattants, tant prisonniers en Allemagne qu’internés en Hollande ont longtemps été les victimes de quolibets de civils qui étaient restés tranquillement chez eux durant la guerre, et ont dû se battre avec l’autorité militaire pour faire reconnaître leur bonne foi. Grâce à des études historiques plus récentes, on a pu prouver que la plupart d’entre eux n’avaient pas démérité.

 Le 11 février 1916

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 Maurice Ponthieu était secrétaire communal d’Orcq, régisseur des biens de la famille Crombez et il avait été instituteur d’Orcq de 1881 à 1898. Le trésorier du comité d’aide est Charles Comblez et non Cromblez.

Louis Taquet était soldat de la classe 1907 et appartenait au 3e chasseurs à pied, il est mort à Breendonk (et non Breudouckx) le 4 septembre 1914, soit un mois après le début des hostilités. Il a d’abord été inhumé au cimetière de Willebroek pour être ensuite rapatrié à Orcq en juin 1922 et être inhumé à Orcq après des funérailles qui rassemblèrent une grande foule. Louis Taquet et son épouse Léa Mazurelle avaient trois enfants, dont une fille naquit le 21 octobre 1914 après son décès et un garçon Louis Dominique qui fut instituteur à Orcq entre les années trente et septante, et prisonnier de guerre 40 45.

L’œuvre de Mademoiselle Orianne : Jeanne Orianne (1865-1951) fonde au début de la guerre, l’Œuvre pour l’exhumation et l’identification des soldats belges. Cette œuvre est probablement créée, après les combats d’ Impde (24 août), la bataille de Londerzeel (29 septembre) et la retraite jusqu’au fort de Breendonk, en septembre 1914. Elle poursuivra son activité jusqu’en mars 1916 lorsqu’elle sera emprisonnée par l’occupant pour des raisons obscures. Durant ces 18 mois d’activité, elle fera enterrer 3000 soldats. Elle poursuivra son activité après la guerre.

3 mars 1916

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 Confirmation de la nouvelle du décès de Louis Taquet insérée dans l’édition du 11 février.

16 mars 1916

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Léopold Moyart est le cousin germain de Louis Taquet (et non Tacquet). Nous avons parlé plus haut d’Amand Nys (et non Armand) prisonnier à Soltau.

 Printemps 1916 (ACD)

Dans leurs manœuvres ou exercices, les troupes, en avril, foulèrent aux pieds les récoltes dans les environs, à Rumes et à Mont-Saint-Aubert notamment ; les champs d’aviation firent d’autres importants ravages à Ramegnies-Chin, Orcq et Marquain.

C’est la première mention d’un aérodrome à Orcq. Cependant le rapport du conseil communal d’Orcq du 8 janvier 1918 mentionne qu’Orcq est devenu le siège d’un champ d’aviation depuis mars 1917 seulement. Nous avons pu retrouver, sur internet, une photo anglaise datant du 14 janvier 1919 représentant un hangar à avions construit à Orcq par les Allemands. Selon plusieurs recoupements ce hangar se trouvait au quartier de la Barrière, soit juste à l’entrée d’Orcq en venant de Tournai. La plaine d’aviation se trouvait entre le chemin des Peupliers et le Rieu d’Orcq.

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 La photo des archives anglaises (The national Archives) sur internet était munie d’un filigrane, elle a néanmoins pu être reproduite en restant très fidèle à l’original. La légende mentionne : 14 1 1919, German hangar, Orcq aérodrome.

Toute la zone allant d’ Orcq à Froyennes était interdite au public. De nombreux arbres avaient été coupés et le bois de l’hospice (sur Froyennes) entièrement rasé. La ferme Delneste au bout de l’allée des Patriotes fut réquisitionnée par les Allemands et tout le quartier fut évacué. La troupe logeait à la ferme et les officiers au château Crombez.[5] Deux hangars pour avions furent construits à proximité de la ferme et deux autres au-delà de la chaussée de Lille sur les terres Hennequin.[6] Les Allemands effectuaient les tirs de réglage de leurs mitrailleuses sur une butte qu’on peut encore apercevoir sur une prairie juste derrière la propriété de la Marmite.[7]

Une récente vente d’une photo aérienne allemande sur eBay, nous a permis de délimiter cet aérodrome à l’est d’Orcq. Sur cette photo datant du 25 septembre 1917, les limites du champ sont surlignées en rouge.

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Report sur carte Google Earth 2007 de la photo allemande. Les limites du terrain sont représentées en jaune. Le document original porte quelques renseignements supplémentaires :

À l’endroit marqué par une étoile, un phare de localisation rouge était allumé dès que les responsables de l’aérodrome recevaient un appel téléphonique annonçant l’arrivée d’un avion.

Le champ a été parfaitement nivelé et les chemins qui le traversent sont au même niveau que les parcelles de façon à permettre des manoeuvres aisées.

Le 17 mars 1916

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 Environ 80 personnes participent à la souscription. Le montant le plus élevé qui est de 50 francs, représente environ 125 euros actuels est donné par le bourgmestre Jules Ghislain. Les Crombez, habituels bienfaiteurs des démunis qui ont dû quitter  le village, leur château ayant été réquisitionné, ne se trouvent pas sur la liste. Plusieurs associations ont également contribué : le corps des volontaires pompiers, la société de secours mutuels, la société de jeu de boules et la société des arbalétriers. Le résultat global de la souscription est d’environ mille euros.

Le 11 avril 1916

Naissance de Léonie Luc : c’est à notre connaissance, une des deux seules Orcquoises (voir aussi 26 12 1917) nées pendant la guerre encore en vie actuellement. Elle a été institutrice maternelle à Orcq pendant une vingtaine d’années et une cheville ouvrière de l’amicale locale des retraités : « Les cheveux d’Argent »

Le 24 mai 1916

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  Le 26 juin 1916

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 En ces temps difficiles, les vols alimentaires se multiplient.

Le 24 juillet 1916

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 Léon Degand dont le nom figure sur le monument aux morts d’Orcq, né à Orcq le 28 6 1893 était le fils de Léon et  Sidonie Tricot, célibataire. Il était de la classe 1913 et était de ce fait rentré en service actif le 16 septembre 1913. Il appartenait au régiment du 3e chasseurs à pied. Il est mort au combat à Dixmude (bruggenhoofd) le 14 juin 1915, il est vraisemblable qu’il soit tombé lors de la défense de la tête de pont de Beerst Bloote comme le laisse supposer son dossier « bruggenhoofd » signifiant – tête de pont. Il a été enterré initialement au cimetière militaire de Kaaskerke.

Le nom de Maurice Destrebecq figure également sur le monument aux morts du village. Il est né à Marquain le 30 juin 1892. Il était le fils de Jules Destrebecq et d’Aimée Vantuyne. Il appartenait au 1er régiment de grenadiers, soldat de 2è classe 1912. Le régiment des grenadiers avait été fortement décimé au cours de la bataille de l’Yser. Il avait été reconstitué en 4 bataillons grâce aux recrues, aux volontaires et aux blessés guéris, c’est sous cette forme qu’il releva les Français aux tranchées de Steenstraat de mars à juillet 1915, Maurice Destrebecq est mort durant cette période le 9 avril 1915 (date reprise dans le dossier militaire) à Zuidschote (et non Ziedschotte). C’est dans ce secteur que les grenadiers subirent, le 22 avril, la première attaque allemande par les gaz asphyxiants.

Le 4 août 1916

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 Compte-rendu de l’obit célébré en l’honneur de Léon Degand à Orcq le lundi 31 juillet 1918.

Le 11 août 1916

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 Son nom figure sur le monument aux morts d’Orcq. Il appartenait, comme Maurice Destrebecq au 1er régiment des grenadiers, et comme lui est tombé à Zuidschote, mais un mois plus tôt. Il était le fils de Julia Parent.

Le 18 août 1916

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 Le premier septembre 1916

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Le 15 mai 1917

Par l’avis[9] 10981 de l’ « Etappen Kommandantur » de Tournai du 5 mai, les paquets à destination des « ouvriers civils »[10] d’Orcq pourront être déposés entre 9 heures et 12 heures. Cet avis comporte une annexe mettant en garde les déposants. L’envoi d’argent, l’adjonction de communications écrites ou d’objets fragiles est strictement interdite et peut faire l’objet d’amendes pouvant atteindre 10000 marks. Ce n’est que l’une des nombreuses contraintes que les habitants du village durent subir pendant les quatre années d’occupation.

Le 3 juillet 1917

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Encore des vols alimentaires…

Le 25 juillet 1917 (ACD)

Dans la nuit, des bombes étant tombées dans le parc de Mr Crombez à Orcq, où étaient installés des abris pour avions allemands et des tentes pour aviateurs, ceux-ci ont fui sans essayer d’attaquer leurs adversaires.

Août 1917 (ACD)

À Orcq (sans doute en août) on fit couper 40 à 45 ha de moisson et cette aire considérable fut convertie en champ d’aviation.

Les chutes de bombes deviennent fréquentes. Il en tombe notamment dans le parc de Mr Crombez à Orcq fin août.

Septembre 1917

L’abbé Dupire curé d’Orcq, dans un rapport écrit en 1919 sur la situation de la paroisse durant la guerre décrit des ennuis causés par les Allemands à la famille du bourgmestre d’Orcq :

« Poursuites judiciaires   M. Ghislain, bourgmestre, voulut, un matin, faire disparaître par le feu un amas de mauvaises herbes sur un champ. Le feu couva toute la journée ; vers le soir, un vent violent l’activa et fit jaillir des flammes. Ce même soir des avions alliés vinrent jeter des bombes sur le champ d’aviation des Allemands. M. Ghislain fut de ce fait accusé d’avoir donné un signal aux alliés ; il fut arrêté ainsi que ses trois fils, et tous quatre furent expulsés du village avec défense d’y entrer. Un peu plus tard, les Allemands reconnurent leur innocence, ce qui ne les empêcha pas de maintenir l’arrêt d’expulsion pendant 4 mois (sept. Oct. Nov. Et déc. 1917) »[11]

Cette vigilance allemande peut s’expliquer par la proximité du champ d’aviation.

Le 21 octobre 1917

Le conseil communal décide de faire un emprunt de 80000 francs pour faire face aux réquisitions pour le logement des troupes de l’armée d’occupation.

Le 26 décembre 1917

Naissance de Marie Louise Ponthieu : c’est à notre connaissance, une des deux seules Orcquoises (voir aussi 11 4 1916) nées pendant la guerre encore en vie actuellement.

Du 20 octobre au 8 novembre 1918

L’offensive finale des Armées alliées laissera des traces à Orcq. L’opiniâtreté des Allemands à défendre l’Escaut, fera que le front passera par le village entre le 20 octobre et le 8 novembre, date à laquelle les Allemands quittent Tournai. C’est la 74e division britannique des « Fife and Forfar Yeomanry » de la cinquième armée britannique qui mènera les opérations à Orcq.[12]

Le 20 octobre 1918

Une patrouille anglaise du « King’s Edward Horse » rencontre les Allemands à Marquain, un des leurs est tué et un blessé. Le soir l’infanterie anglaise tient Marquain.

Le même jour les soldats du régiment « Somerset light infantry » essaient de progresser vers Orcq et attaquent au crépuscule. Le village est vigoureusement défendu par les Allemands armés de mitrailleuses derrière des barbelés. L’avance des Anglais est minime.

Le 21 octobre 1918

 Décès du soldat G. W. Hill (16)[13] du régiment « Somerset light infantry ». Ce militaire et ceux dont les noms suivent ayant été inhumés au cimetière d’Orcq, on peut présumer qu’ils sont décédés sur le territoire de la commune.

Les Allemands incendient le moulin Lagache non loin d’Orcq. Les Anglais sont au Trieu du Loquet à Froyennes, à Marquain, Pic au vent, Ere, et leurs obus poursuivent dans Orcq, Froyennes, Allain, Rumillies et Warchin de nombreuses batteries qui s’y cachent (D’après le communiqué particulier à la division allemande défendant Tournai, à la date du 21 octobre. [14]

Le 22 octobre 1918

Décès des soldats William Gordon Williams (14) 19 ans et Henry  Malpass (15) du régiment « Somerset light infantry »

Le 23 octobre 1918

Une compagnie du régiment des « Black Watch » qui a succédé aux « Somerset » teste l’ennemi et gagne du terrain, mais en face de l’opiniâtreté des Allemands est obligée de se retirer. Huit militaires anglais sont tués : le second lieutenant Frederick Kenneth Cumming (2) 18 ans, Thomas Cockburn (3), le soldat de seconde classe (lance corporal) Richard Izatt (1) 35 ans, les soldats Thomas Waller (4), Thomas R. Bartie (5) 33 ans, John Barber (6) 21 ans, Edward Sowerby (7) 25 ans et Andrew Webb (8) 22 ans. Les blessés sont au nombre de 28.

Le 23 octobre 1918 (ACD)

Le 23 octobre 1918 les Anglais ont pénétré par le faubourg de Lille jusqu’à la plaine des manœuvres. Malheureusement le feu des mitrailleuses les force à reculer. Les Anglais occupent le château d’Orcq à demi détruit.

Si l’on en croit cette source l’attaque des « Black Watch », les aurait menés jusqu’aux portes de Tournai pour ensuite se replier sur le village. Un historien local[15] faisant autorité dans cette matière affirme cependant qu’il est impossible que les Anglais aient fait une percée jusque la plaine des manœuvres de Tournai dès le 23 octobre.

On sait aussi que les Crombez, propriétaires de la Marlière, en rentrant chez eux après la guerre, ont trouvé un château dont il ne restait que les murs extérieurs. Miné par les Allemands, l’édifice avait explosé lors de l’offensive finale à une date non précisée. Ce témoignage laisse présumer que cette destruction a dû avoir lieu le 23 octobre ou dans les jours précédents.

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Militaires allemands photographiés dans le parc de la Marlière[16].  A l’arrière-plan, la façade avant du Château Crombez.[17] Le deuxième personnage à partir de la droite ressemble, à s’y méprendre, au « Baron rouge », Manfred Von Richthofen, le pilote aux 80 victoires. Le premier à partir de la droite pourrait être un autre as allemand, Erich Löwenhardt. Ces informations sont écrites au conditionnel et si un lecteur peut nous en dire plus, c’est avec plaisir que nous recevrions ses commentaires.

Le 24 octobre 1918

Dans le rapport de l’abbé Dupire (voir septembre 1917), on peut lire :

 « L’évacuation complète du village fut faite le 24 octobre par ordre des autorités britanniques en vue du bombardement qu’on allait essuyer et dont le village a vraiment beaucoup souffert. »

Il écrit aussi :

«  Le territoire de la commune referme un parc assez grand dont les replis de terrain et les broussailles se prêtent à cacher des groupes de tirailleurs et de mitrailleuses ; les Allemands les mirent à profit fin octobre et commencement de novembre 1918. »

Deux soldats de l’artillerie de campagne britannique de la « Royal Airfield Artillery » sont tués : le bombardier Henry Baybrook Tucker (12) 24 ans et le fusiller Charles Alfred Christenson (13) 20 ans.

Le 25 octobre 1918

Les canons anglais positionnés à Orcq, tirent des obus sur le clocher de la chapelle de l’hôpital civil pour déloger les vigies allemandes qui s’y trouvent.[18]

Le 26 octobre 1918

Naissance à Lamain de Julien Luc. En soi cette naissance peut paraître anodine, mais ses parents Jules et Clémence Ghislain sont agriculteurs à Orcq qu’ils ont dû évacuer.

28 octobre 1918

Le soldat Albert Simpkins (11) du régiment des « Buffs (East Kent) » qui ont succédé aux « Black Watch » dès le 24 octobre, est tué.

Le 29 octobre 1918

Le soldat Thomas Henry Edwin Browne (10) 28 ans, du même régiment est tué.

Le 30 octobre 1918

La 103e escadrille britannique, basée à Ronchain et menée par le capitaine Dodds attaque des objectifs situés à Orcq.

L’artillerie anglaise située à Orcq et Froyennes tire sur les nids de canons allemands situés à Allain et Chercq.[19]

Le 6 novembre 1918

Le soldat Owen Davies (9) 33 ans, du régiment des « Welsh » est tué. C’est son régiment qui sera le premier à rentrer à Tournai le 8 novembre pour libérer la ville après plus de quatre années d’occupation allemande.

AA CIMETIERE 2.JPG

La photo ci-dessous montre la disposition des tombes britanniques au cimetière d’Orcq. De 1 à 8 se trouvent les tombes des « Black Watch ». La tombe N° 1 est celle de Richard Izatt, mise un peu à l’écart on ne sait pour quelle raison. Les tombes 2 à 8 sont celles des autres militaires du régiment tombés tous le 23 octobre. Le fait que les pierres soient accolées est très symbolique de la mort qui les a unis au même moment.

Orcq est ainsi libéré 3 jours avant l’Armistice. Le bilan est lourd : sur environ 600 habitants, 7 sont morts au combat, 6 en déportation[20] et 26 sont revenus vivants après 4 années de souffrance. L’offensive finale a fauché 16 soldats alliés, Anglais, Ecossais et Gallois qui reposent au cimetière et laissé aussi de nombreux blessés ainsi qu’un nombre considérable de victimes allemandes.

Du côté matériel, trois fermes ont été détruites à la Barrière ainsi que le château de la Marlière.

Nous réunissons actuellement des informations sur les victimes britanniques de l’offensive finale. Pour autant que nos recherches soient fructueuses, les résultats seront publiés sur ce blog ultérieurement.

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L’insigne des « Black Watch » tel qu’il apparaît sur les tombes 1 à 8 du cimetière. Au-dessus on peut lire la devise du régiment : « Nemo me impune lacessit » « Nul ne me provoquera impunément ». Au centre est représenté Saint André, patron de l’Ecosse et la croix de son martyre.


[1] Collection Robert Trifin, qui a autorisé les Archives de l’Etat à Tournai de scanner sa collection qui y est désormais consultable

[2] La zone d’étape s’étendait jusqu’ environ 50 km du front, l’administration y était assurée par l’armée.

[3] Revue Ligne 4 N°2 novembre 2002 : le Tournaisis redeviendra zone d’étape en septembre 1916.

[4] J. DELROT a repris cette chronique dans les tomes VI (1989), VII (1992) et IX (1997) des « Mémoires de la Société Royale d’Histoire et d’Archéologie de Tournai)

[5] À la Marlière qui deviendra plus tard propriété de la famille Horlait et actuellement de la famille Letartre

[6] Henri Degallaix grand-père de Jean Degallaix qui exploite la ferme à la Barrière d’Orcq, avait épousé Anna Hennequin

[7] D. VAN DEN BROUCKE, Regards sur la guerre aérienne en Hainaut occidental, N° 2 1997  

[9] Documentation R. Trifin

[10] C’est ainsi que les occupants désignent les déportés et les prisonniers civils.

[11] Archives de la cathédrale de Tournai

[12] C. H. DUDLEY WARD, The 74th Yeomanry division in Syria and France, John Murray, Londres 1922

   D. D. OGILVY, The Fife and Forfar Yeomanry, John Murray, Londres 1921

[13] Le numéro entre parenthèses qui suit les noms des militaires anglais tués à Orcq correspond au numéro de leur tombe au cimetière du village – voir photo en fin d’article.

[14] Ouvrage collectif, A la gloire des Tournaisiens morts pour la patrie 1914-1918, Lucq et Delcourt Vasseur, Tournai 1923 p. 67

[15] J. DECEUNINCK auteurs de nombreux ouvrages sur l’histoire militaire du Tournaisis

[16] Photo aimablement fournie par Jean Cambier.

[17] Photo aimablement fournie par Jacques Descarpentry.

[18] Ouvrage collectif, A la gloire des Tournaisiens morts pour la patrie 1914-1918, Lucq et Delcourt Vasseur, Tournai 1923 p. 70

[19] Ouvrage collectif, A la gloire des Tournaisiens morts pour la patrie 1914-1918 , Lucq et Delcourt Vasseur, Tournai 1923 p. 71

[20] B. DEMAIRE, Combattants orcquois de la guerre 1914-1918, http://marottesderetraites.skynetblogs.be/g4-combattants-orcquois-de-la-guerre-14-18/ , onglet Gd.

Les derniers instants de Jean de Maulde, originaire de Ramegnies-Chin, mort au combat de Walem le 30 septembre 1914

 

Les préparations récentes d’un recueil de cartes postales[1] ainsi qu’un livre consacré aux frères Desclée aviateurs tournaisiens en 1914-1918[2], m’ont permis de rapprocher une carte du premier d’un témoignage consulté pour la rédaction du second.

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La carte postale date d’avant 1914 et a été éditée par Phono Photo à Tournai, elle représente le château familial de la famille Cossée de Maulde[3] à Ramegnies-Chin. Une main y a tracé le texte suivant :

« Propriété de la famille de Maulde incendiée par les Boches le 19 octobre 1918. Le vicomte Jean de Maulde soldat au 4eme régiment de ligne fut tué au combat de Waelhem[4] le 30 7bre 1914 »

Avant d’être observateur aérien, Jacques Desclée, l’un des deux frères aviateurs tournaisiens, a été d’août 1914 à décembre 1917 affecté au quatrième régiment de ligne tout comme Jean de Maulde. Dans un courrier envoyé de Furnes le 5 décembre 1914 à sa sœur Louise réfugiée à Paris, il relate la fin de son compagnon d’armes.

Le contexte

« Après la chute des positions fortifiées de Liège et Namur, l’armée de campagne se replie sur Anvers.  Entre-temps les troupes allemandes poursuivent la traversée du territoire belge. Mais le 25 août et le 9 septembre 1914 l’armée belge opère plusieurs sorties depuis Anvers visant à accrocher le flanc de l’armée allemande. Constatant l’échec du Plan Schlieffen, l’Allemagne concentre à présent une partie de ses forces sur la ville d’Anvers. L’objectif est de liquider le restant de l’armée belge et d’investir le port. Le bombardement des forts de Walem et Sint-Katelijne-Waver commence le 28 septembre. Deux jours plus tard, les forts de Walem, Sint-Katelijne -Waver et Koningshooikt sont dévastés par les obus de gros calibres allemands. Le 1 octobre c’est le tour du fort de Sint-Katelijne-Waver et des retranchements de Dorpveld et de Bosbeek. Le 2 octobre l’armée belge évacue le fort de Lierre tandis que fort de Walem se rend. Kessel tombe de 4 octobre. »[5]

Le quatrième régiment de ligne se dédouble lors de la mobilisation en 4e et 24e régiment de ligne. Ces deux régiments continueront à combattre ensemble jusqu’au 31 octobre sous le nom de quatrième brigade mixte de la première division armée belge. Après avoir participé à la bataille de Halen[6], cette brigade combat à Termonde, Hofstade[7] et Walem. C’est à l’occasion de la défense du fort de Walem que Jean de Maulde fut tué le 30 septembre 1914.

Courrier de Jacques Desclée à sa sœur Louise (Archives Bernard Desclée) :

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 « J’ai miraculeusement échappé à Anvers, à l’obus qui a tué ce malheureux Jean de Maulde. On m’avait envoyé près du colonel remplacer son délégué qui avait été blessé au même endroit. Nous étions lui et moi derrière le pont contre une maison quand le bataillon de Jean est arrivé pour faire la relève des troupes dans la tranchée. Il est tombé 15 obus dans le groupe à 10, 15 mètres au plus de nous. Les derniers même plus près. Jean a su pourtant venir indemne jusqu’à moi où il m’a dit un bonjour qui ressemblait plutôt à un au revoir. À ce moment le colonel a été contre le pont dans une tranchée où je l’ai suivi. Je n’avais pas quitté ma place qu’un obus tombait à deux mètres de là et tuait Jean. Je sais qu’il est enterré dans le cimetière de Contich [8] où on l’a amené après avoir pris ses papiers. Dès que j’aurai trouvé l’aumônier qui l’a enterré, je vous écrirai les renseignements. »

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Jean Cossée de Maulde, vicomte, est né à Tournai le 30 mai 1891, fils d’Octave écuyer et de Marguerite Dumortier comtesse. Elle est la petite-fille de Barthélémy Dumortier, homme politique, fondateur du Courrier de l’Escaut et  botaniste-naturaliste de renom.

Il fait ses études secondaires au collège Notre-Dame de Tournai.

Il entame des études de droit à l’université de Louvain.

Il fait partie de la classe 1911.

Il est mobilisé en août 1914 au 4e de ligne, à ce moment son père est bourgmestre de Ramegnies-Chin.

Il est tué au combat de Walem le 30 septembre 1914.

Une plaquette, dont la photo est extraite lui a été dédiée.[9]

Dans la même plaquette, on trouve une photo du château de Ramegnies-Chin après la guerre.

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Comme l’armée anglaise approchait de Ramegnies-Chin lors de l’offensive finale, les Allemands incendièrent le château le 19 octobre 1918.


[1] B. DEMAIRE, Le calme avant la tempête – cent cartes postales de Tournai hors les murs avant le 4 août 1914, Édité par le Lions club Childéric club de Tournai, 2014.

[2] B. DEMAIRE et B. DESCLEE, Albums photo d’Edmond et Jacques Desclée, aviateurs tournaisiens en 1914-1918, Édité par le Rotary club de Tournai, 2014

[3] Appelé aussi château d’Enghien ou de l’Ermitage.

[4] Actuellement Walem.

[6] Haelen en 1914

[7] B. DEMAIRE et B. DESCLEE, op. cit., p. 15.

[8] Actuellement Kontich

[9] T. BONDROIT, Souvenirs du vicomte Jean de Maulde, Casterman S.A., Tournai, 1919.

Promenade pomologique au faubourg Saint-Martin à Tournai en 1860

Promenade pomologique[1]

En 2014 paraissait une plaquette consacrée à l’église Notre-Dame Auxiliatrice de Tournai. Un plan du jardin du presbytère y est reproduit[2]. Ce plan est extrait d’un registre paroissial utilisé à différentes fins, déposé aux archives du doyenné de Tournai[3]. Outre son intérêt pour l’histoire locale, il nous donne en détail les noms toutes les variétés d’arbres plantés dans ce « Jardin de curé ».

Au presbytère des paroisses rurales était souvent accolé un jardin qui avait essentiellement un rôle pratique. Le curé de la paroisse y cultivait des légumes et des fruits pour ses besoins propres et souvent également des fleurs pour orner l’église ou joncher de pétales les parcours des processions.

C’est à une promenade dans ce jardin que nous convions le lecteur à bord d’une machine à remonter le temps puisque nous nous trouvons il y a 150 ans dans le verger.

Ce plan se trouve inséré dans le registre entre la « Population du faubourg Saint-Martin au mois de janvier 1857 » et l’ « Inventaire des objets de la chapelle du faubourg Saint-Martin fait le 14 mai 1861 ». L’auteur en est le vicaire Denis Simonez arrivé dans la paroisse le 25 septembre 1854 et nommé ensuite curé d’Elouges le premier juillet 1861.

Sur une surface d’environ 15 ares, se trouvent près de 90 arbres représentant une cinquantaine de variétés différentes. On peut expliquer cette étonnante diversité, en effet beaucoup de notables, à cette époque, se passionnent pour l’arboriculture fruitière. Aux XVIIIe et XIXe siècles, la Belgique est devenue le centre mondial de la pomologie. Le Hainaut est à la pointe du progrès en ce domaine et particulièrement Tournai où la société royale d’horticulture et d’agriculture fondée en 1818 par Barthélémy Dumortier[4] est particulièrement stimulante en organisant des concours annuels.

Le nom de beaucoup de variétés est suivi de la mention d’une année allant de 1854 à 1860. Cet intervalle correspondant au temps que Denis Simonez est resté vicaire à Notre-Dame Auxiliatrice, on peut penser que ces dates correspondent à la date de plantation des arbres.

GOOGLE EARTH BIS.png

 Sur fond d’une photo aérienne actuelle (Google Earth) montrant l’église N-D Auxiliatrice et la cure, nous avons redessiné le presbytère, la chapelle et le verger en 1860, tels qu’ils apparaissent dans le plan reproduit ci-dessous.

 JARDIN ND AUX 2.jpg

Pour rendre le plan lisible les indications des références des variétés ont été doublées en rouge. Nous n’avons pas retrouvé l’emplacement de la parcelle a1 occupée par un abricotier.

JARDIN ND AUX 6.jpg

Le plan a servi ultérieurement pour y dessiner un projet d’agrandissement du presbytère ainsi que des emprises prévues pour élargir l’accès au cimetière (Cimetière du Sud).

Les arbres fruitiers sont classés en quatre groupes :

Pyramides rassemblant uniquement des poiriers, à l’exception de 7 arbres de reinettes

Arbres au vent

Espaliers

Vignes

On notera au passage la façon ancienne et imagée de désigner les arbres haute-tige par « Arbres au vent »

 Pyramides

P 1 et p 2 Délice d’Hardenpont 1860

P 3 et p 4 Beurré de Cysoing 1860

P 4, 21 Beurré de Tongres ou Durondeau 1859, 60

P 6 et p 11 Petit Rousselet 1859

P 7 et p 10 Beurré anglais 1859

P 9 et p 10 Louise bonne d’Avranches

P 8 Beurré William 1857

P 12 et p 13 Cuisse madame 1857

P 14 et p 15 Bergamote d’été 57

P 16 et p 17 Orange d’été 57

P 18 et  p 19 Seigneur ou Beurré blanc 57

P 21 Beurré Durondeau ou de Tongres 59

p 23 et p 24 Bergamote de pay… 57

p 24 et p 25 Beurré gris doré 57

p 26 et p 27 Beurré Dumont

p 28 et p 29 Poire de Guyot 57

p 30 et p 31 Bezy 57

p 32 et p 33 Beurré rance 57

p 33 Seigneur C… 57

P 34 Magdelaine 60

P 35 et p 39 Belle de Bruxelles 57

P 36 Beurré d’Austerlitz 57

P 38 Duchesse d’Angoulème 57

P 40 Franc réal ou orange tulupé 57

P 41 Mansuète double 57

P 42 et p 43 Saint Germain 57

P 44 48 49 50 51 53 54 Pomme Reinette

P 45 et p 47 Beurré d’Hardenpont

P 46 Beurré blanc

Arbres au vent

a 1 Abricot

a 2 Noyer, tête de mort

a 3 Noyer id 1855

a 4 Beurré rance 1859

a 5 Cerise de Hollande 1857

a 6 Perdrigon rouge 1857

a 7 Prunier d’Altesse 1858

a 8 Mansuète 1860

a 9 Pommier Calvi grosse côte

a 10 Fondante des bois ou plutôt Beurré rance

a 11 Pommier Court pendu 57

a 12 Glou morceau ou Beurré d’Hardenpont

a 13 Reine Glaude ou Perdrigon vert

a 14 Pommier à greffer 57

a 15 Pommier Calvi 57

a 16 Belle-fleur 57

a 17 Pommier Court pendu 57

a 18 Court pendu 1860

a 19 Ancien Court pendu

a 20 Passe Colmar

a 21 Court pendu 1857

a 22 Cerisier Courte queue 1860

Espaliers

e 1, 8, 9, 10 Cerises du nord ou Breloques

e 2 Espalier à greffer semis de 55

e 3 Bergamote d’été vieux

e 4 Passe Colmar 57

e 5 Louise Bonne

e 6 et e 7 Essais greffes sur des semis de 55

e 11 Beurré gris

e 12 Beurré gris ancien

e 13 Poire à le Reine

e 14 Passe Colmar (1830 ?)

e 15 Pêcher

e 16 Abricot pêche oculé en 1859

e 17 Napoléon (ancien)

e 18 Beurré d’Hardenpont

e 19 Semis 55 à greffer

e 20 Abricot

e 21 Beurré blanc

e 19 à e 21 Garanti des voleurs par des noisetiers

Vignes

v 1 Gros raisin blanc

v 2 Raisin meunier (à ôter)

v 3 Gros raisin noir

v 4 Raisin blanc

v 5 Raisin des passionistes blanc

v 6 et v 7 Raisin blanc précoce

v 8 Raisin des passionistes noir

v 9 Raisin blanc de St Maur

v 10 et v 11 St Bernard

 Les variétés notées en gras dans le texte sont celles représentées dans le verger.

 Poires hainuyères

Il est impossible de présenter ces variétés de poires sans parler de Nicolas Hardenpont. Né à Mons le 14 juin 1705 et décédé dans la même ville le 31 décembre 1774.[5]

« Par ses gains[6] si remarquables, Hardenpont a créé une étude nouvelle, il est devenu le fondateur de la pomologie »

Il devient maître-es-arts c’est-à-dire licencié en sciences de l’université de Louvain. C’est à cette époque qu’on découvre le sexe des plantes qui constitue la porte ouverte à l’hybridation au moyen de fécondation artificielle. Il entre ensuite dans les ordres et devient prêtre séculier à Mons. Il possède près de Mons au pied du mont Panisel un jardin où il met en pratique les connaissances apprises à Louvain.

 « C’est là qu’il semait et cultivait ses poires et qu’il obtint des fruits qui surpassèrent tout ce qu’on connaissait alors, et qui depuis n’ont pas été détrônés »

Il obtient en 1758 la variété Passe-colmar, Beurré d’Hardenpont en 1759, Beurré rance en 1762 et Délice d’Hardenpont et Fondante du Panisel un peu plus tard.  A l’exception de Fondante du Panisel les quatre autres variétés sont présentes dans le verger du presbytère.

La description des qualités du fruit de la variété Délice d’Hardenpont dans la Pomone tournaisenne vaut qu’on le reproduise littéralement :

« Fruit. – De toute perfection, exquis et hors ligne, mûrissant d’octobre à décembre. Il est toujours exquis, quel que soit le pied sur lequel il est greffé. La forme qu’on lui donne, l’exposition et le terrain ne modifient en rien ses hautes qualités. C’est un véritable type de perfection propre à servir de critérium pour toutes les autres poires. » Fruit reproduit ci-dessous.

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 De ces variétés l’abbé Simonez a planté :

En pyramide : deux arbres Délice d’Hardenpont en p 1 et p 2, deux arbres Beurré rance en p 32 et p 33, deux arbres Beurré d’Hardenpont en p 45 et p 47,

En haute-tige : un arbre Beurré rance en a 4, un arbre Beurré d’Hardenpont qu’il désigne aussi par son synonyme de Glou morceau en a 12, un arbre Passe-colmar en a 20,

En espalier : deux Passe-colmar en e 4 et e 14 et un arbre Beurré d’Hardenpont en e 18.

C’est dire les qualités qu’il attribuait aux variétés obtenues par l’abbé Nicolas Hardenpont.

Quelques autres variétés de poires hainuyères du verger du presbytère;

Délice de Cysoing : cette variété faussement nommée Délice de Cysoing porte en réalité le nom de Beurré Dubuisson du nom de son obtenteur Isidore Dubuisson jardinier à Jollain. La chair est fine, beurrée, sucrée, légèrement aromatisée et très juteuse. Fruit hors ligne.

Beurré Dumont : variété obtenue en 1831 par Joseph Dumont-Dachy, jardinier du baron de Joigny à Esquelmes. Elle a été couronnée par la société royale d’Horticulture de Tournai en 1833. Sa chair est très fine, fondante, beurrée, très juteuse, légèrement aromatisée, exquise. Fruit hors ligne.

Napoléon : variété obtenue en 1808 par Nicolas Liart commerçant à Mons. Le Dr Jahn pomologue allemand disait de cette variété : « Elle est tellement juteuse qu’on croirait boire le fruit ». Barthélémy Du Mortier n’est pas en reste en disant de sa chair : « Elle est tellement fondante et juteuse, qu’on peut avec elle, comme avec une pastèque, boire, manger et se faire la barbe »

Le même Du Mortier relate la remise de la médaille d’or à Nicolas Liart, obtenue pour l’obtention de cette variété :

« Le gain fait par Liart eut à Mons un grand et légitime retentissement, au point que le préfet du département de Jemappes, M. De Coninck, décida de donner une médaille d’or à son obtenteur. Celui-ci tenait à donner son nom à sa poire, mais le préfet en lui remettant la médaille, crut devoir faire de la politique napoléonienne. Il faut s’écria-t-il, que la meilleure des poires porte le nom du plus grand des héros !, et, au déplaisir de Liart, il la baptisa Beurré Napoléon. Je vois encore dit M. Darras de Naghin (un témoin oculaire), Liart, entouré de tous les membres de la société pomologique, sortir de la préfecture portant en sautoir sa médaille d’or et ramené chez lui en grand cortège, musique en tête. C’est là ce qui a fait donner à cet excellent fruit le nom de Médaille sous lequel il est connu dans le Hainaut. »

Beurré Durondeau : son synonyme, poire de Tongre est aussi cité dans le plan de l’abbé Simonez. La variété a été obtenue en 1811 par Charles-Louis Durondeau, brasseur à Tongre-Notre-Dame. Des pomologues ont, à tort, situé l’origine de cette poire à Tongres dans le Limbourg. Du Mortier dit que sa chair est demi-fondante, parfois beurrée, très juteuse, vineuse, exquise, hors ligne.

Poire à la Reine : synonyme de Calebasse à la reine. Obtenue vers 1770 par Donat Leclercq, jardinier à Tournai. Chair fine, un peu cassante, très juteuse, vineuse, sucrée, délicate, excellente.

Autres variétés

Plusieurs variétés antérieures aux travaux de Nicolas Hardenpont et dont l’origine se perd dans la nuit des temps sont également représentées dans le verger : Bergamote d’été, Beurré gris doré, Beurré blanc ou Seigneur synonyme de Doyenné, Bezy (s’écrit selon différentes sources avec s ou z et i ou y), Cuisse madame, Louise Bonne d’Avranches, Magdeleine, Mansuette, Orange tulipée, Rousselet, Saint-Germain.

Belle de Bruxelles : les auteurs ne s’accordent pas sur l’historique de cette variété sauf sur le point de dire qu’elle ne vient pas de Bruxelles. Nous retiendrons la thèse de Du Mortier qui dit qu’elle a été obtenue vers 1780 au château d’Hem entre Tournai et Lille. Il la présente sous le nom de Marquise d’Hem et dit : « Nous conservons à ce fruit le nom sous lequel il a d’abord été gagné et qu’il porte encore à Tournai et dans la Flandre française. » La chair est fondante, beurrée, juteuse, sucrée, mais promptement cotonneuse.

Bergamote de Pâques : elle est aussi connue sous le nom de Bergamote d’Osterling dont les jardiniers ont fait Bergamote d’Austerlitz. Du Mortier la dit originaire de Flandre à la fin du XVIIIe siècle d’un obtenteur inconnu. Le Français André Leroy[7] dit qu’elle était déjà connue au XVIIe siècle en Anjou. L’abbé Simonez ayant renseigné une parcelle différente à chacun des deux noms n’était peut-être pas au courant de la synonymie entre eux.

Beurré anglais : synonyme de Beurré Bardou qui est une obtention belge de l’abbé Bardou à la fin du XVIIIe siècle.

Beurré William : ou Poire William, certainement une des variétés les plus connues. Elle est originaire d’Angleterre au début du XIXe siècle

Mansuette double : cette variété est apparue en France vers 1805 sous le nom de poire de cuisine. Le nom est apparu vers 1830 à cause de sa ressemblance avec la Mansuette. Elle est uniquement à usage culinaire.

Autres variétés fruitières

Quatre variétés de pommes se trouvent réunies dans le verger :

La Reinette dont il existe beaucoup de variétés. La Calleville que Simonez écrit Calvi est aussi le nom d’une grande série de variétés différentes parmi lesquelles nous n’avons pas trouvé la variété qu’il mentionne sous le nom de Calville à grosses côtes.

La Belle-Fleur était déjà connue en France au début du XVIIIe siècle.

La Court-pendu est selon Leroy[8] synonyme de Court-pendu gris déjà décrite par des pomologues au XVIe siècle. Il décrit sa chair comme étant jaunâtre, ferme, odorante, très fine et très croquante. Son eau est suffisante, très sucrée, acidulée, douée d’un délicieux parfum de cannelle faiblement anisé.

Les variétés des autres espèces présentes dans le verger du presbytère de Notre-Dame Auxiliatrice, sont dénommées avec trop peu de précision que pour en tirer des renseignements intéressants. Notons cependant que la Perdrigon que l’abbé Simonez écrit Pertrigon est une ancienne variété de prunes.

Cette promenade dans le temps nous a permis de découvrir la diversité des variétés qui pouvait exister dans un jardin d’amateur à cette époque. Cette diversité était commandée par la nécessité d’avoir des fruits venant à maturité à des moments différents afin d’assurer un approvisionnement étalé sur la période la plus longue possible. Mais d’autres critères entraient aussi en ligne de compte comme la résistance aux maladies, le rendement et bien entendu, la valeur gustative.

D’autre part nous avons aussi pu mettre en évidence le rôle clé joué par nos obtenteurs hainuyers et en particulier tournaisiens dans la création de nouvelles variétés de poires.

On peut ici mettre en évidence le magnifique travail initié par Charles Populer au centre de recherches agronomiques de Gembloux pour sauver ces variétés anciennes. En 30 ans ce centre a rassemblé plus de 3000 de ces variétés.[9]

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Barthélémy Du Mortier

Auteur de la pomone

tournaisienne

Peinture Louis Gallait


[1] Pour éviter que certains lecteurs ne donnent au mot pomologie le sens restrictif d’étude des pommes, nous rappelons que cette science est relative à l’étude de tous les fruits.

[2] P. LESNE, Tournai faubourg Saint-Martin, de la chapelle à l’église Notre-Dame Auxiliatrice, Fabrique d’église  N-D   Auxiliatrice Tournai, 2014, p. 2.

[3] Archives paroisse N-D Auxiliatrice N° 18.

[4] Barthélemy Charles Joseph Dumortier (parfois Du Mortier1), Tournai (1797-1878), homme politique et parallèlement botaniste-naturaliste. Il est aussi le fondateur du « Courrier de l’Escaut ».

[5]  Cette partie puise ses sources essentiellement dans :

B.-C. DU MORTIER, Pomone tournaisienne, Veuve H. Casterman, Tournai, 1869.

[6] Il faut entendre « gain » dans le sens d’obtention. À cette époque on gagnait une variété alors qu’actuellement on l’obtient. Dans la suite du texte, nous nous en tiendrons à la forme actuelle.

[7] A. LEROY, Dictionnaire de pomologie, Chez l’auteur, Angers, 1867, Tome 1.

[8] A. LEROY, op. cit., Tome 3.